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Actualités - OPINION

ÉViction - Même la pression de la rue n’y suffirait pas Lahoud persiste… et ne signe pas !

Devant ses visiteurs, le président Lahoud répète qu’il compte rester jusqu’au dernier jour de son mandat prorogé. Il précise qu’il refuse de signer tout projet de loi, ou toute proposition de loi d’amendement constitutionnel réduisant la durée de ses fonctions. Il ajoute que la Constitution lui donne le droit de demander au Conseil des ministres de dissoudre la Chambre, si elle devait insister, après un premier rejet, pour l’amendement en le votant, en seconde lecture, à une majorité des trois quarts. Au stade actuel, l’hypothèse d’un départ volontaire ou par les textes est donc à exclure. Reste le recours à la rue. À ce propos, les proches du régime affirment que l’ordre et la stabilité seraient ébranlés, ainsi que l’économie et la livre. Par la faute, selon eux, des contestataires. Dont l’action éventuelle compromettrait en outre la saison estivale touristique et de villégiature. Au grand dam du secteur des services, des établissements touristiques et des hôteliers. Tandis que le Trésor perdrait de son côté ce viatique saisonnier qu’il escompte pour alléger un peu sinon la dette publique du moins le déficit budgétaire. En tenant ces propos de mise en garde, les lahoudistes confirment donc que même une agitation de la rue ne suffirait pas pour inciter le président à partir. Tactiquement, et pratiquement, les lahoudistes espèrent qu’il y aura des diversions qui leur feraient gagner du temps. Ils évoquent à ce propos la formation du prochain gouvernement. Qui devrait être d’entente nationale. Ce qui n’est ni facile à définir ni à traduire en pratique. Car si la sélection de certaines fractions majeures s’impose d’elle-même, il faudra compléter le tableau avec des branches moins relevées. Or elles sont légion et même un cabinet de 60 ne pourrait pas satisfaire tout le monde. Sans compter les tiraillements entre les grands au sujet de la part de chacun. Puis, si jamais l’on arrive à résoudre le problème arithmétique de base, il faudra régler la difficile question de la répartition des portefeuilles, notamment des ministères-clés comme les Finances ou l’Intérieur. Les exclus et les frustrés se retrouveraient dans l’opposition. Pour éviter des divisions, on pourrait songer à former un cabinet d’extraparlementaires ou de technocrates. Mais cela paraît exclu, car beaucoup de participants aux législatives ne rêvent que d’être ministres. Et c’est la Chambre qui choisit la forme du gouvernement. Retour aux lahoudistes. Toujours au sujet de leurs espérances relatives à la diversion et au gain de temps que leur ferait gagner une crise ministérielle, ils rappellent que le président de la République a toujours le moyen d’entraver lui-même les choses. Parce que la Constitution commande que le gouvernement soit formé en base d’un accord entre le chef de l’État et le président du Conseil désigné par les députés. Il suffirait donc que le président de la République bloque les nominations de ministres pour provoquer une crise ouverte pouvant durer longtemps, indéfiniment même. Le risque est certain puisque dès à présent l’opposition, sur le point d’accéder au pouvoir, précise qu’il n’y aurait aucun ministre lahoudiste au sein du prochain cabinet. Qui serait formé en majorité d’adversaires du régime, ce que ce dernier n’accepterait pas. Le constitutionnaliste Hassan Rifaï relève qu’un amendement se fait à partir d’une suggestion du chef de l’État, ce qui est évidemment exclu dans le cas présent. Ou encore sur proposition de la Chambre, éventuellement confirmée en deux lectures. Après quoi, le président de la République peut demander au Conseil des ministres de dissoudre l’Assemblée. D’autres juristes, se fondant sur l’article 65 C (Constitution), soutiennent que le Conseil des ministres, qui détient le pouvoir exécutif, a le droit d’élaborer un projet de loi d’amendement sans attendre la suggestion du chef de l’État. Quoi qu’il en soit, sur le plan politique, les lahoudistes fondent leurs espérances sur des blocs parlementaires massifs qui pourraient refuser l’amendement. Comme Berry, le Hezbollah et éventuellement le groupe de Aoun. Émile KHOURY

Devant ses visiteurs, le président Lahoud répète qu’il compte rester jusqu’au dernier jour de son mandat prorogé. Il précise qu’il refuse de signer tout projet de loi, ou toute proposition de loi d’amendement constitutionnel réduisant la durée de ses fonctions. Il ajoute que la Constitution lui donne le droit de demander au Conseil des ministres de dissoudre la Chambre, si elle...