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Actualités - CHRONOLOGIE

Le journaliste repose désormais au cimetière de Mar Mitr Hommage émouvant à Samir Kassir dans les rues du centre-ville (Photo)

Les applaudissements ont crépité plusieurs fois, samedi, sur l’ensemble du parcours suivi par le cercueil de Samir Kassir, pour rendre un hommage posthume à l’éditorialiste du quotidien an-Nahar, arraché à la vie dans un lâche attentat à la voiture piégée, jeudi dernier, à Achrafieh. Dégoûtées par la nature même de l’acte qui a emporté l’une des (rares) personnalités qui faisaient de la résistance culturelle, révoltées par le départ du père et du mari affectueux, de l’ami fidèle, du confrère courageux, du professeur hors normes et du penseur libre, des centaines de personnes sont descendues dans la rue pour manifester leur douleur muette, insoutenable. La famille de Samir Kassir, ses amis, l’équipe du quotidien an-Nahar, ainsi que de nombreux journalistes, étudiants, professeurs, anciens étudiants, partisans et camarades de la Gauche démocratique et aussi beaucoup de personnalités politiques et diplomatiques ont attendu l’arrivée du cercueil à la place de la Liberté. Plusieurs étudiants et membres de la Gauche démocratique portaient le foulard rouge et blanc, imaginé par Samir Kassir, et qui devait devenir plus tard le symbole de l’intifada de l’indépendance. Des portraits du journaliste, des drapeaux de la Gauche démocratique, réalisés par Samir Kassir quelques jours avant sa mort, et des drapeaux libanais ont également été brandis. Gisèle Khoury, épouse du défunt, très digne mais ravagée par la douleur, ne peut se retenir de hurler contre ceux « qui n’ont pas protégé mon époux quand il le fallait », un reproche adressé à l’ensemble de la classe politique. Au milieu des sanglots et des pleurs, mal retenus par une foule incapable de masquer sa profonde peine, Walid Kassir, Élias Atallah, Gebrane Tuéni et d’autres parents, compagnons de route et confrères, ont porté à bout de bras le cercueil du journaliste, recouvert du drapeau libanais, pour lui rendre un premier hommage devant l’immeuble du quotidien an-Nahar, sous les applaudissements. Des pétales de roses sont jetés sur le cercueil, qui fait plusieurs tours devant le bâtiment, sous les cris de l’assistance : « Samir, tu es un héros. » Puis, en silence, le cortège funèbre, conduit par Mme Khoury (et ses enfants), les deux filles de Samir Kassir, Mayssa et Léana, les frères du journaliste, Sleimane et Walid, et ses parents, mais aussi par l’équipe d’an-Nahar, Ghassan Tuéni et Marwan Hamadé, les personnalités diplomatiques et politiques (parmi lesquelles plusieurs ministres), et les pères René Chamussy et Sélim Abou de l’USJ, a ensuite enfilé la rue Weygand derrière le cercueil. À son arrivée place de l’Étoile, Samir Kassir est applaudi une nouvelle fois, longuement, lorsque le cercueil repose pendant quelques instants, symboliquement, devant le Parlement. Il est ensuite conduit à la cathédrale Saint-Georges. Les forces de l’ordre et les soldats de l’armée sont déployés sur la place, pour assurer la sécurité. L’émotion est très forte, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cathédrale, où beaucoup de jeunes et d’amis ont préféré rester. Un livret rouge regroupant les derniers articles de Samir Kassir et parsemé de photos est distribué devant les portes de la cathédrale. À l’intérieur, le métropolite du Mont-Liban, Georges Khodr, assisté par Mgr Élias Audeh, prend la parole pour donner l’absoute à Samir Kassir. Mgr Khodr trouve les mots justes pour parler du défunt, évoquant le « dragon » que le journaliste « a blessé plus d’une fois », et qui a finalement eu raison de lui. Mais les dragons finissent par succomber, et la liberté l’emporte toujours sous les auspices de Dieu, a souligné Mgr Khodr. L’hommage du métropolite, qui place Samir Kassir sous le signe du penseur libre, est émouvant. Il est suivi d’un mot de circonstance, engagé, de Nayla Tuéni, fille de Gebrane Tuéni, au nom d’an-Nahar (voir par ailleurs). C’est ensuite la cousine de Samir Kassir et épouse de l’ambassadeur de Grande-Bretagne, James Watt, qui prend la parole en anglais. Et c’est enfin le secrétaire général de la Gauche démocratique, Élias Atallah, qui improvise une allocution pour dire adieu à son camarade de lutte. M. Atallah met en exergue le courage de son compagnon, le caractère incisif de sa plume et s’en prend directement au régime sécuritaire et au président de la République, qualifié de « machine de guerre de Baabda ». Mais il est aussitôt interrompu par le métropolite. Le cercueil de Samir Kassir est ensuite sorti de la cathédrale sous des applaudissements rythmés. Les jeunes étudiants et partisans qui le portent le font aussitôt danser, fidèles à la tradition réservée aux jeunes martyrs. Suivi par les amis et les étudiants, le journaliste a ensuite entrepris sa dernière virée dans Beyrouth, à travers la place de la Liberté puis son quartier d’Achrafieh, pour reposer en paix dans le cimetière de Mar Mitr.
Les applaudissements ont crépité plusieurs fois, samedi, sur l’ensemble du parcours suivi par le cercueil de Samir Kassir, pour rendre un hommage posthume à l’éditorialiste du quotidien an-Nahar, arraché à la vie dans un lâche attentat à la voiture piégée, jeudi dernier, à Achrafieh.
Dégoûtées par la nature même de l’acte qui a emporté l’une des (rares) personnalités qui...