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Actualités - CHRONOLOGIE

Le PSP et les chrétiens biffent Assaad Hardane au profit de Élias Abou Rizk À Marjeyoun-Hasbaya, on boycotte ou on vote sans grande conviction (photo)

«Vous savez, dans les villages, les électeurs prennent généralement tout leur temps, et c’est dans l’après-midi, lorsque l’heure de fermeture des bureaux de vote approche, que l’affluence sera importante. » Les délégués des candidats sur la liste de la coalition Amal-Hezbollah sont visiblement vexés. Jusqu’en fin de matinée, les électeurs se faisaient rares dans les bureaux de vote de plusieurs villages de Marjeyoun-Hasbaya, où l’indifférence face à un scrutin aux résultats connus d’avance était presque palpable, sauf dans les villages à majorité chiite et plus ou moins dans les villages à majorité druze. Dans les localités druzes où le PSP est fortement implanté, les électeurs ont scrupuleusement suivi la consigne de ce parti : voter pour la liste de la coalition mais en biffant le nom de Assaad Hardane, candidat du PSNS, pour le remplacer par celui du chef du Parti travailliste démocratique, Élias Abou Rizk. Chrétiens ou druzes, à Kfeir, premier village du Liban-Sud du côté de la Békaa-Ouest et village d’origine de Élias Abou Rizk, à Khalwet, village d’origine de Waël Bou Faour, et à Mimès et Hasbaya, c’est pratiquement la même hostilité qui est exprimée à l’encontre de Assaad Hardane. « Il a été député pendant quatre années et il n’a rien fait pour la région qui a pourtant besoin de nombreux services. Il ne s’est jamais soucié de nous », soutient Sami Bou Faour, qui tient un établissement de commerce à Khalwet. « Ici, les gens choisissent les candidats en qui ils ont confiance. J’ai voté pour Élias Abou Rizk, parce que c’est un homme respectable et parce qu’il est aussi originaire de notre région. » Le PSP avait demandé à ses partisans de voter pour Abou Rizk, mais à Mimès et à Hasbaya, où le PSNS a une certaine présence, on vote pour Assaad Hardane. À Hasbaya, ce dernier bénéficie aussi d’un apport de voix du parti de Talal Arslane, qui soutient également un candidat druze indépendant, Ezzeddine Zeineddine. Dans ces quatre localités, le taux de participation n’avait pas, jusqu’à midi, dépassé en moyenne les 15 %. Il est en tout cas le plus élevé dans les bureaux de vote druzes. Les chrétiens sont pour la plupart installés à Beyrouth et beaucoup d’entre eux n’ont pas pris la peine de participer à des élections où il n’y a aucun enjeu véritable et dont les résultats sont connus d’avance. Chez plusieurs électeurs, le fait accompli imposé par le rouleau compresseur Amal-Hezbollah suscite un sentiment de révolte, voire de dégoût qu’ils expriment différemment : certains jugent qu’il est inutile de voter et qu’un boycottage est primordial pour ne pas légitimer des députés qu’ils n’auront pas choisis. D’autres pensent au contraire qu’il faut voter afin de donner le maximum de chances à la liste adverse, et d’autres sont tout simplement désabusés. « Tout est préfabriqué. J’ai voté, mais je sais que ma voix ne servira à rien. Les partis nous imposent des rouleaux compresseurs que nous devons tolérer. Mais ce qui est le plus drôle, ce sont tous ces slogans sur la démocratie. Tous ceux qui se bousculent pour accéder au Parlement ne se préoccupent que de leurs propres intérêts et se soucient peu de leurs électeurs », commente Roueyda. Boycottage à Chebaa Chebaa, à majorité sunnite, a opté pour le boycottage. Le village connaît pourtant une effervescence électorale certaine. Une effervescence trompeuse provoquée cependant par un nombre impressionnant de délégués envahissants qui vont jusqu’à encadrer, à deux ou quatre, un électeur pour le conduire jusqu’au bureau de vote et attendre qu’il dépose dans l’enveloppe la liste qui lui a été donnée. Dans un des bureaux de vote, une femme dépose la liste de la coalition dans l’enveloppe devant tout le monde, sans faire attention aux timides protestations du chef du bureau de vote qui lui demande de se rendre derrière le rideau qui sert d’isoloir. À la femeture des bureaux de vote, 2044 électeurs avaient seulement voté sur un total de 10 800, selon le président du Comité des citoyens du Arkoub, Mohammed Hamdane. Si Chebaa a boycotté, c’est pour protester contre une loi électorale « injuste, déséquilibrée et anticonstitutionnelle puisque c’est la même qui avait été annulée en 1996 par le Conseil constitutionnel », dit-il, en expliquant que le Comité avait demandé aux quatre candidats sunnites de la région de retirer leur candidature en signe de protestation. C’est ce qui a permis à Kassem Hachem, candidat du Baas, d’être élu d’office. « Il ne fallait pas donner une couverture à une autorité qui a imposé la loi électorale par la ruse », dit-il, expliquant qu’il ne faut pas « interpréter ce boycottage comme un acte dirigé contre les chiites, mais contre le despotisme représenté par Nabih Berry ». M. Hamdane raconte que depuis samedi soir, le nombre de bons d’essence distribués ainsi que le prix de location des véhicules devant conduire les électeurs aux bureaux de vote ont augmenté. Il ajoute que des appels invitant les électeurs à voter ont été lancés, au nom de « la famille du martyr Rafic Hariri » tout au long de la nuit à partir du haut-parleur de la mosquée du village. À Kawkaba, Marjeyoun et Klayaa, à majorité chrétienne, l’indifférence des électeurs est sensible. Les rues sont pratiquement désertes, les trois localités semblent inhabitées, sauf à Klayaa où des partisans des FL encadrent un centre de vote, brandissant les drapeaux du parti et des pancartes portant des inscriptions appelant au boycottage des élections. Au rythme des chansons FL diffusées depuis le matin par des haut-parleurs géants installés à même le trottoir, ils huent les électeurs qui entrent au centre de vote et s’élancent en direction du député-candidat Anwar el-Khalil, qui leur sourit et tente, en vain, de leur parler. Les jeunes FL le suivent jusqu’à sa voiture en scandant des slogans hostiles aux autorités. Dans les villages à dominante chiite, notamment à Khiam, l’atmosphère est nettement différente. « L’enjeu est de taille. Nous sommes sûrs de la victoire, mais nous voulons montrer à tous ceux qui nous critiquent que nos candidats seront élus avec le maximum de voix. » C’est Hussein, un jeune homme de 25 ans, portant la casquette jaune du Hezbollah, qui parle. À ses côtés, un homme plus âgé, la tête recouverte de la même casquette, renchérit : «Les habitants de Khiam viennent spontanément élire ceux qui ont chassé l’occupant israélien. » Les bureaux de vote chrétiens restent désespérément vides. Tilda ABOU RIZK
«Vous savez, dans les villages, les électeurs prennent généralement tout leur temps, et c’est dans l’après-midi, lorsque l’heure de fermeture des bureaux de vote approche, que l’affluence sera importante. » Les délégués des candidats sur la liste de la coalition Amal-Hezbollah sont visiblement vexés. Jusqu’en fin de matinée, les électeurs se faisaient rares dans les bureaux...