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Un taux de participation de 29 % grâce au vote chiite de la région À Jezzine, trois candidats élus d’office ; l’électorat chrétien démobilisé (Photo)

Il n’y avait pas vraiment foule, hier, dans les bureaux de vote du caza de Jezzine et plus particulièrement ceux des villages chrétiens. Alors que dans certains bureaux de vote, les scrutateurs faisaient carrément la sieste sur des lits improvisés ou tuaient le temps en suivant les informations télévisées, dévorant leur casse-croûte, le ministère de l’Intérieur annonçait, en début de soirée, un étonnant taux de participation de 32 %, avant d’adopter le chiffre définitif de 29 %. Selon des sources proches du député élu Samir Azar, le taux global de participation avait tout juste atteint les 20 % à 18 heures, heure de la fermeture des bureaux de vote, soit 10 400 électeurs sur 51 552 inscrits. Quant à la ville de Jezzine, elle enregistrait, toujours selon les mêmes sources, un taux de participation de 22 %, soit environ 1 700 votes sur près de 8 000 inscrits. Dans les villages chrétiens avoisinants, le taux était parfois extrêmement faible, voire quasiment nul, notamment au village de Wadi Aankoudayne, qui n’a enregistré que 3 votants sur 429 inscrits, totalisant un taux de participation de 0 %. Mais dans les localités chiites du caza, un important taux de participation était constaté, notamment dans le village de Ryhane, où près de 93 % des électeurs inscrits ont voté, bouleversant la donne et par la même occasion, le taux moyen de participation. Un taux que le député Samir Azar estimait logique, vu les circonstances du vote, tout en avouant qu’il aurait préféré pouvoir faire face à la concurrence. Le rouleau compresseur Le désintérêt des électeurs de Jezzine pour le scrutin résulte du fait que les trois députés du caza, les deux maronites Samir Azar et Pierre Farid Serhal et le grec-catholique, Antoine Salim Khoury, ont été élus d’office, après le retrait des autres candidats bien avant le scrutin. Les électeurs chrétiens de ce caza n’ont donc pas vu l’utilité de se déplacer pour donner leurs voix aux alliés de leurs députés, candidats du tandem Amal-Hezbollah pour les régions de Nabatiyeh, Marjeyoun et Hasbaya. Une grande partie de la population chrétienne a, par ailleurs, répondu à l’appel au boycottage des partis de l’opposition, hostiles à la loi électorale de 2000 favorisant la grande circonscription. Ils entendaient ainsi protester contre le rouleau compresseur Amal-Hezbollah qui, estimaient-ils, « noyait les voix chrétiennes du caza de Jezzine dans l’océan des voix chiites de Nabatiyeh, Marjeyoun et Hasbaya », autres cazas formant la circonscription du Sud 2. Quant aux jeunes, refusant souvent de se conformer aux choix de leurs parents, qu’ils estimaient trop attachés aux grandes familles de Jezzine, ils préféraient prêter allégeance aux partis politiques d’opposition au discours plus alléchant. Partagés entre boycottage et participation, les électeurs de Jezzine, à 80 % chrétiens, savaient pertinemment que leurs voix ne pourraient pas faire peser la balance. Rares sont donc les personnes qui ont fait le déplacement de Beyrouth, alors que de nombreux habitants des villages se désintéressaient de ce qui, en d’autres circonstances, aurait été l’occasion de retrouvailles pour la population. En revanche, ceux qui ont tenu à voter se sont rendus aux urnes, soit pour affirmer leur soutien et leur attachement au député Samir Azar, qui leur avait demandé de voter massivement pour la liste Amal-Hezbollah, soit pour voter pour la liste du candidat Élias Abou Rizk. Slogans insultants Quoi qu’il en soit, même si les villages gardaient leur calme habituel et qu’aucune fièvre électorale n’était particulièrement constatée, le caza de Jezzine vivait à l’heure électorale : larges banderoles affichant des slogans favorables ou hostiles aux candidats ; tracts colorés affichés ou jonchant les rues, encourageant les gens à se rendre aux urnes, ou au contraire à boycotter les élections ; cortèges de voitures, sirènes hurlantes, débordant de jeunes arborant les couleurs de leurs listes ; sympathisants vêtus de T-shirts et casquettes portant les noms de leurs candidats ; observateurs européens ou même locaux. Même les partisans des Forces libanaises étaient de la partie. Malgré leur boycottage des élections, ils sillonnaient les villages, à bord de voitures, drapeaux partisans au vent. Tout cela aurait eu un air de carnaval, dans un désordre bon enfant, n’était-ce le mauvais goût de certains tracts et banderoles, dont les slogans frisaient carrément l’insulte à l’égard de nombreux candidats. Le candidat du CPL, Ziad Assouad, n’a pas été épargné par la campagne de diffamation, malgré son retrait de la bataille. « Nous n’avons pas encouragé nos partisans à voter, mais nous n’avons pas non plus appelé au boycott systématique. Nous avons laissé libre choix à nos partisans. Regardez ce qu’ils racontent à mon propos, dit-il, montrant une banderole pour le moins agressive à son égard. C’est la preuve que nous inquiétons et dérangeons, car nous sommes un parti réformateur. » Aucune surprise donc hier, dans les élections de Jezzine, totalement dépourvues du moindre enjeu. Si le rouleau compresseur Amal-Hezbollah a, comme prévu, tout ravagé sur son passage, il n’en reste pas moins que la population de Jezzine dans son ensemble est consciente que la loi électorale a urgemment besoin d’être amendée. Anne-Marie EL-HAGE
Il n’y avait pas vraiment foule, hier, dans les bureaux de vote du caza de Jezzine et plus particulièrement ceux des villages chrétiens. Alors que dans certains bureaux de vote, les scrutateurs faisaient carrément la sieste sur des lits improvisés ou tuaient le temps en suivant les informations télévisées, dévorant leur casse-croûte, le ministère de l’Intérieur annonçait, en...