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Actualités - CHRONOLOGIE

40 % de participation dans la capitale du Liban-Sud À Saïda, un référendum plutôt qu’une élection (Photo)

« Selon quelle logique je deviendrais un mécréant si je ne vote pas pour la liste des bulldozers ? » s’indigne Bachir, 22 ans, avant de critiquer « l’absurde » appel au devoir électoral (fatwa) lancé par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, aux habitants du Liban-Sud. Bien que son prénom pourrait prêter à confusion, le jeune aouniste refuse d’être libellé, ou d’être acculé à voter selon la tradition, encore moins d’être poussé à confondre le devoir électoral avec les obligations religieuses. Il faut dire que Bachir, aussi bien que Hani, son frère – qui militent à Maghdouché pour le compte du CPL – tiennent leur attitude de protestation de leur père, un chiite originaire de Khiam, converti aux Forces libanaises depuis 1982. Ce melting-pot politico-religieux ne pouvait que détonner dans un contexte quasi uniformisé au Liban-Sud, notamment dans le caza de Saïda où le mot d’ordre lancé par Bahia Hariri et Oussama Saad, tous deux élus d’office, a été « religieusement » observé. Toutefois, cette famille atypique de Khiam n’était pas moins représentative d’un contre-courant, minoritaire certes, mais qui a tenté par tous les moyens de faire « acte de présence », une attitude beaucoup plus politique qu’une recherche de la performance. Face aux géants de la scène, incarnés par Amal et le Hezbollah et relayés à Saïda par Bahia Hariri, des candidats récalcitrants, comme Riad el-Assaad, le général Fawzi Abou Farhat (candidat CPL) et Anouar Yassine, regroupés au sein de la liste incomplète du « Changement », devaient compter sur le vote aouniste, le vote chrétien en général, mais aussi sur un panachage qu’aurait provoqué un soudain « éveil de conscience » chez ceux qui partagent leur contestation de la loi électorale. Cependant, aucun de ces trois facteurs n’a pu jouer à fond dans le scrutin de Saïda ou des villages chrétiens environnants, les résultats en début de soirée étant plutôt décevants du côté de la liste du « Changement ». En fin de soirée, les premiers résultats montraient qu’il existait un immense fossé entre le dernier candidat chiite de la liste Amal-Hezbollah et le candidat de la liste opposée, Riad el-Assaad. Pourtant, les rumeurs de panachage et de listes truquées avaient commencé tôt le matin à alimenter les espoirs les plus fous. Ainsi, Riad el-Assaad a été substitué par moments à Ali Osseirane, et les députés du Hezbollah, détachés de leur liste originale et ajoutés au nom de Anouar Yassine. On a parlé également de panachage à Maghdouché, où Ali Osseirane, candidat chiite favori auprès des chrétiens de la localité, a été souvent préféré à Riad el-Assaad et rajouté sur la liste dite du « Changement ». Cependant, la tendance à une abstention relativement élevée qui a marqué les opérations matinales a été vite inversée en faveur du tandem Amal-Hezbollah, la participation ayant atteint les 40 % à Saïda avant la clôture des bureaux. Tout au long de la journée, les exhortations à une participation massive ont été assénées par Nabih Berry et Bahia Hariri qui a invité les « partenaires de la nation » à venir voter en nombre. « Ce n’est pas une question de victoire ou d’échec, c’est une question de partenariat », a insisté Mme Hariri, légitimant, par euphémisme interposé, l’effet bulldozer. L’appel au boycott de la Jamaa islamiya, dont les électeurs représentent pourtant près de 10 000 votants dans la seule ville de Saïda, n’a pu affecter les effets tonitruants des rouleaux compresseurs. Pour la première fois pratiquement dans l’histoire de cette ville – pourtant connue pour sa fidélité à ses humeurs politiques –, les habitants auront fait preuve de docilité dans le choix de leurs représentants. Un comportement d’autant plus surprenant que la capitale du Liban-Sud, qui compte 41 000 électeurs sunnites sur un total de 49 000, a vu ces derniers se diriger en rangs serrés pour glisser l’ensemble des noms des candidats chiites de la liste, les deux sunnites étant déjà élus d’office. C’est ce qui fera dire d’ailleurs à l’un des électeurs de la mégaliste que ce scrutin n’a rien d’une élection traditionnelle et qu’il est par conséquent inutile d’essayer d’y rechercher des enjeux pseudo-démocratiques. « C’est un simple référendum sur deux questions essentielles à cette partie du Liban, à savoir le désarmement du Hezbollah et celui des camps palestiniens. C’est là qu’il faut aller rechercher les véritables causes de l’alliance sunnite-chiite qui vise beaucoup plus à assurer des garanties mutuelles aux deux communautés sur ces questions précises qu’à écarter les chrétiens ou les autres. » Une alliance qui pourrait également comporter un autre message sous-jacent, ajoute un autre électeur sunnite de Saïda, à savoir que la question de la résistance à Israël « n’est plus l’exclusivité de la seule communauté chiite ». Jeanine JALKH
« Selon quelle logique je deviendrais un mécréant si je ne vote pas pour la liste des bulldozers ? » s’indigne Bachir, 22 ans, avant de critiquer « l’absurde » appel au devoir électoral (fatwa) lancé par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, aux habitants du Liban-Sud. Bien que son prénom pourrait prêter à confusion, le jeune aouniste refuse d’être libellé,...