Rechercher
Rechercher

Actualités

Antidote à la peur

Au lendemain des extraordinaires retrouvailles qui ont suivi l’assassinat de Rafic Hariri, tout a été fait pour miner la confiance qui s’était installée entre chrétiens et musulmans. Cette campagne se poursuit. Avec les propos du général Michel Aoun mettant en garde contre les « pétrodollars » et demandant aux Libanais de l’écouter « avant qu’il ne soit trop tard », l’ère du soupçon est de retour. Voici quelques semaines, Sleimane Frangié insistait sur l’importance, pour les chrétiens du Liban, d’avoir un garant. Et ce garant, il le voyait dans le régime syrien, sous-entendu alaouite. En somme, une alliance de minorités contre la marée humaine sunnite et ses pétrodollars qui chercheraient à « acheter » ou à « islamiser » le Liban. On rejoint là, schématiquement, la question d’Orient tout entière, celle de la permanence des « minorités chrétiennes » dans un monde arabe islamisé où les Églises, ainsi que toutes les minorités, laminées au fil des décades, auront bientôt disparu par conversion ou expulsion, ou seront devenues quantités négligeables. Le réflexe de peur est la pire chose qui puisse arriver aux chrétiens du Liban. « La peur est la seule chose dont nous devrions avoir peur », affirmait Franklin D. Roosevelt, dans un autre contexte évidemment. Certes, il ne s’agit pas d’accepter sans discernement tous les projets qu’on nous propose, mais le fait est que le réflexe de peur, de repli, est la disposition interne la plus propice à précipiter la survenue de ce que nous pouvons redouter. Oui, même à raison, il est malsain d’effrayer les chrétiens, pour la bonne raison qu’un chrétien effrayé cesse d’être un chrétien. Car le Christ s’est incarné pour nous libérer de toute crainte, de toute peur. Combien plus quand l’avenir nous appartient. L’avenir, c’est-à-dire non seulement le royaume invisible de l’amour qui s’étend, mais aussi le royaume visible de la culture qui s’épanouit. Et entre-temps, quelle que soit la physionomie finale de la Chambre, sachons saluer une fois de plus l’accord de Taëf comme un acquis extraordinaire, un modèle de gouvernement où le nombre échappe à la loi du nombre. Il s’agit là de plus qu’un modèle de stabilité politique, d’une valeur de civilisation. Par le dialogue, par l’échange, par la compréhension mutuelle – et par des lois rationnelles, équitables –, bâtissons un Liban modèle de pluralisme et de tolérance pour l’Orient et l’Occident. Ce ne sont ni les alaouites ni les pétrodollars qui offriront au Liban la garantie durable qu’il recherche, mais la convivialité islamo-chrétienne. Le 14 mars a été fait par elle. Rêvons et, surtout, n’ayons pas peur. Gardons le regard fixé sur les valeurs démocratiques susceptibles de réveiller un monde arabe assoupi dans ses torpeurs dictatoriales et califales. Voilà la mission du Liban, de toutes les communautés qui le composent, et des communautés chrétiennes en particulier. Privilège et responsabilité. Et qu’on cesse d’évoquer la fin des chrétiens d’Orient et de chercher à les effrayer. La peur n’a jamais servi à autre chose qu’à mettre les chrétiens à la merci des mégalomanies des uns et des autres. Fady NOUN
Au lendemain des extraordinaires retrouvailles qui ont suivi l’assassinat de Rafic Hariri, tout a été fait pour miner la confiance qui s’était installée entre chrétiens et musulmans. Cette campagne se poursuit. Avec les propos du général Michel Aoun mettant en garde contre les « pétrodollars » et demandant aux Libanais de l’écouter « avant qu’il ne soit trop tard », l’ère...