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Actualités - ANALYSE

Analyse De petites batailles dans la capitale malgré une apparence de calme Le vote chiite reste une inconnue et un test en prévision de Baabda-Aley

À 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote dans la capitale, la tension monte dans les permanences des parties politiques impliquées dans la bataille. Car si, pour le commun des Beyrouthins, ces élections semblent sans suspense et donc bien peu motivantes, les forces en présence ont d’autres considérations. Officiellement, les résultats sont connus d’avance, et les alliances qui ont abouti à la formation de la liste « du martyr Rafic Hariri » suffisamment solides pour ne réserver aucune surprise. Toutefois, dans les coulisses, les enjeux sont un peu plus subtils et complexes. C’est surtout l’accord entre le Hezbollah d’une part et le bloc Hariri et Walid Joumblatt d’autre part qui est sur la sellette. Car si ces trois parties multiplient les déclarations poussant les électeurs à voter en masse pour la liste complète afin de bien conforter leur alliance, la confiance est loin d’être totale entre elles. Le Hezbollah, qui traverse actuellement une période délicate, a choisi, après la désignation de Nagib Mikati à la tête du gouvernement de transition, de conclure une sorte de pacte avec Walid Joumblatt et le courant Hariri, espérant ainsi atténuer les pressions sur lui après la formation du nouveau Parlement. Car le Hezbollah ne se fait pas trop d’illusions. Il sait très bien que sitôt la période des élections terminée, les Américains, et peut-être avec eux la communauté internationale, recommenceront à réclamer avec insistance l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité dans son volet qui exige le désarmement du Hezbollah. N’ayant pas une grande marge de manœuvre, surtout depuis le départ des Syriens du Liban, la formation a décidé de se doter de garde-fous internes, d’abord en participant au gouvernement, ensuite en essayant d’augmenter le nombre des membres de son bloc parlementaire par le biais des élections, et en obtenant par la suite des garanties de la part des parties proches de la communauté internationale, à savoir le courant Hariri et Walid Joumblatt, pour que le thème des armes du Hezbollah ne soit pas évoqué dans le cadre de la 1559, mais traité par le biais d’un dialogue interne. Jusqu’à présent, le Hezbollah n’a pas vraiment eu à se plaindre de l’attitude et des déclarations de ses alliés, mais il n’est pas sans savoir que lorsque les pressions internationales s’exercent avec force, chaque partie ne songe plus qu’à ses propres intérêts. C’est d’ailleurs cette appréhension, justifiée dans sa situation, qui aurait poussé le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, lors de la célébration de la fête de la Libération du Sud à lancer pratiquement des menaces à peine déguisées à l’adresse de quiconque songerait à désarmer son parti. La seconde circonscription, une arène expérimentale Mais le véritable test sur la solidité de cette alliance aura lieu lors du scrutin de dimanche à Beyrouth. C’est surtout la seconde circonscription qui servira d’arène expérimentale. Dans cette région, qui regroupe les quartiers de Bachoura, Mousseitbé et Rmeil, les électeurs sont sunnites, chrétiens (arméniens et grecs-orthodoxes essentiellement) et chiites. Et les sièges sont au nombre de six : deux pour les sunnites, un grec-orthodoxe, un arménien, un chiite et un minoritaire. C’est donc dans cette circonscription que le candidat du Hezbollah, Amine Cherri, se présente. C’est aussi dans cette circonscription que le candidat et actuel député grec-orthodoxe sur la liste Hariri, Atef Majdalani, affrontera le candidat Najah Wakim, véritable bête noire du courant Hariri. Or, le Hezbollah a longtemps eu des sympathies non cachées à l’égard de ce candidat, et il a souvent donné des voix dans le cadre d’élections législatives, estudiantines ou municipales. Si les résultats finaux ne font pas vraiment de doute et si le Dr Majdalani est pratiquement assuré de la victoire, le courant Hariri n’est pas sûr que le Hezbollah ne donnera pas cette fois aussi des voix à Wakim de façon officieuse. C’est pourquoi des sources proches du parti laissent entendre que c’est le courant Hariri qui aurait poussé les deux autres candidats chiites dans cette circonscription, Salah Osseirane et Ibrahim Chamseddine, à présenter leur candidature. Ces candidats ont sans doute de grandes qualités, mais, selon les sources précitées, ils avaient besoin d’un coup de pouce pour présenter leur candidature. Si, en début d’après-midi, le courant Hariri sent que le Hezbollah est en train de donner des voix à Wakim, il pourra dans ce cas appuyer l’un ou l’autre de ces deux candidats chiites. Pourtant, le Hezbollah, par la voix de sayyed Nasrallah, a réitéré jeudi sa détermination à voter toute la liste Hariri, et le secrétaire général du parti a reçu une grande majorité des candidats de cette liste pour lui donner en quelque sorte sa bénédiction. Mais apparemment, le doute demeure, et, dans ces conditions, il vaut mieux être prudent. De son côté, le candidat Najah Wakim considère que, cette année, les élections ne ressemblent pas aux précédentes. Il ne s’agit plus de choisir des personnes, mais de voter contre un projet, celui que les Américains préparent pour la région. L’heure n’est plus, selon ce candidat, aux petits conflits personnels. Il faut plutôt songer à l’avenir du Liban, à l’ombre de la résolution 1559 et de ce qu’elle peut entraîner comme bouleversements internes. Or, toujours selon Wakim, la campagne menée autour de ce thème trouve un certain écho auprès de la population beyrouthine. « Preuve en est, dit-il, les exactions dont auraient été victimes mes partisans. » Wakim reste convaincu que la victoire est très dure, sinon impossible, mais s’il obtient un nombre considérable de voix, il aura fait une brèche « dans le mur que l’on construit autour des citoyens ». Toutefois, les électeurs sunnites donnant généralement leur voix aux candidats sur la liste Hariri, les Arméniens ayant choisi de boycotter le scrutin et les chrétiens étant très peu enthousiastes pour aller voter, ce sont les voix chiites qui pourraient modifier la tendance. D’où l’intérêt accordé au vote chiite de la capitale. Si le test montre que le Hezbollah s’est conformé à son engagement, l’alliance avec Joumblatt et Hariri sera plus solide dans les autres circonscriptions, notamment à Baabda-Aley, où le leader druze est un peu inquiet au sujet d’un éventuel échange de voix discret entre le courant aouniste et le Hezbollah. Scarlett HADDAD

À 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote dans la capitale, la tension monte dans les permanences des parties politiques impliquées dans la bataille. Car si, pour le commun des Beyrouthins, ces élections semblent sans suspense et donc bien peu motivantes, les forces en présence ont d’autres considérations. Officiellement, les résultats sont connus d’avance, et les alliances qui...