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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud I - Une liste de quatre candidats pour affronter le Goliath Amal-Hezbollah Riad Assaad et le CPL, une alliance dans un même but : le changement

Sur la route du littoral du Liban-Sud, les portraits de Nabih Berry, un large sourire aux lèvres et saluant une foule invisible, se succèdent et se ressemblent sur les panneaux publicitaires. Il n’y en a que pour lui, le chef de la Liste de la libération et du développement, ce « bulldozer » électoral, qui, fort d’une alliance indissociable avec le Hezbollah, s’apprête à remporter la totalité ou la majorité des sièges du Liban-Sud. Dans le caza de Zahrani, à l’entrée du village de Zrarié, un énorme bulldozer, peint en vert, couleur d’Amal, surgit au tournant d’une rue. Installé par les partisans de Riad Assaad, un candidat de l’opposition déterminé à lutter contre le fait accompli dû à une loi vicieuse et viciée, cet engin, devenu le symbole de la liste Amal-Hezbollah, est surtout censé rappeler aux électeurs du Liban-Sud le sort que l’alliance de ces deux formations réservera à leurs voix, s’ils ne réagissent pas pour imposer leurs propres choix. C’est d’ailleurs autour de ce point précis que le discours de Riad Assaad s’articule. Le candidat chiite de l’opposition ne s’attend pas à un miracle, mais croit fort dans la possibilité de parvenir à long terme à un changement, pour peu qu’on commence dès à présent à agir dans ce sens. Le slogan choisi pour sa campagne est on ne peut plus éloquent : « La volonté de changement peut ouvrir une brèche dans le mur. » D’emblée, il annonce la couleur. La sienne est orange, celle du CPL qui prône comme on le sait le changement et avec qui il s’est allié pour tenter justement de faire une brèche dans le mur que représente la coalition Amal-Hezbollah. Une brèche qui devrait lui permettre progressivement de démolir, avec les courants dont il partage les aspirations, les obstacles à un changement radical des mentalités et des pratiques politiques. Riad Assaad n’a pas formé une liste complète. La sienne est composée de quatre candidats : le général Fawzi Abou Farhat (CPL), Anwar Yassine (PCL), Naji Beydoun et lui-même. Elle doit en outre soutenir Mohammed Yassine, Kamal Wehbé, deux alliés à Bint Jbeil. « Au Liban, le problème fondamental depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui s’articule autour de l’édification d’une citoyenneté. Celle-ci n’a jamais eu lieu. Aujourd’hui, si on se plaint de la présence de bulldozers, et d’abus de pouvoir, c’est parce que nous n’avons pas formé un citoyen libanais », dit-il. « Nous devons parvenir à un point où nous devons cesser d’utiliser le terme coexistence qui recèle une certaine forme de mensonge. Nous voulons édifier une patrie qui sera la même pour tous et brandir un seul drapeau, ce qui, du coup, éliminera les bulldozers et les communautés fermées », ajoute Riad Assaad. Il juge nécessaire de parvenir, à l’avenir, à un système politique au sein duquel il y aura deux ou trois partis, qui se disputeront les voix des électeurs, ce qui barrera la voie aux considérations confessionnelles et sectaires. « Ma bataille, je la mène pour l’avenir, qui appartient aux jeunes. La loi électorale sur base de laquelle les élections sont organisées est là pour nous écraser et pour nous dire que nous n’avons droit à aucune présence. C’est ce que nous devons combattre. Je crois fort au changement. Je compte pour le réaliser sur les jeunes, sur leur volonté de forger leur propre avenir ». déclare-t-il. La frustration des gens, leurs difficultés socio-économiques et leur refus de la situation actuelle constituent le principal moteur de la dynamique qu’il lance. Autour de lui, de nombreux jeunes, portant tous des tee-shirts couleur orange, arborant soit le sigle CPL, soit le slogan de sa liste, viennent le saluer et lui dire de quels villages ils viennent. Tous ne sont pas de Zrarié. « La bataille ne sera pas facile, contrairement à ce qu’ils affirment, mais moi je n’ai pas accès aux médias pour le dire. La participation sera importante dans les régions chrétiennes qui s’étaient dirigées à un moment donné vers le boycottage du scrutin, mais qui ont finalement décidé d’y prendre part, ainsi que dans les secteurs à majorité sunnite, comme à Saïda », a-t-il fait valoir. Si le CPL a décidé de prendre part au scrutin dans la première circonscription du Liban-Sud (Saïda, Zahrani, Tyr, Bint Jbeil) alors qu’il avait décidé de le boycotter dans la deuxième (Nabatiyeh, Marjeyoun, Hasbaya et Jezzine), c’est parce que les données sont différentes dans chaque secteur. « Dans la deuxième circonscription, l’électorat chrétien penchait pour le boycottage, sans compter qu’au niveau du leadership chrétien opposant, il y avait une sorte d’éparpillement. Il y avait également une sorte de confusion par rapport au partenaire chiite avec qui il aurait pu mener la bataille électorale. Ici, la situation est plus claire. Le CPL joue un rôle pionnier, le partenaire chiite est connu et les gens sentent que leur participation aux élections pourrait être utile. Le caza de Zahrani est mixte, le CPL y est actif depuis longtemps à travers le général Fawzi Abou Farhat, la coordination est parfaite entre les pôles de l’opposition et il existe un partenariat authentique entre Riad Assaad, le CPL, le PCL et les indépendants. Notre alliance n’est pas provisoire, elle se poursuivra après les élections. » Si ses relations avec le Hezbollah sont bonnes, il reste qu’il ne peut pas compter sur un apport de voix de cette formation. « Mes relations sont excellentes avec le Hezbollah, qui pense que nous suivons presque la même ligne (politique) que lui, mais c’est la réalité électorale qui nous sépare. Étant donné son alliance avec Amal, il lui est demandé avec insistance de ne pas disperser ses voix. Sauf que les électeurs auront leur mot à dire, leurs voix ne sont pas totalement hypothéquées, alors que les partisans doivent se conformer à un mot d’ordre. » Ce qui le rapproche du Hezbollah et du CPL, c’est la volonté d’opérer une réforme substantielle dans le pays, qui ne se limite pas aux domaines politique et administratif, mais qui s’étend à la mentalité des citoyens et des personnes appelées à gérer la chose publique, pour en finir avec les abus de tout genre à l’origine, entre autres, de la gigantesque dette publique qui handicape le Liban. Tilda ABOU RIZK
Sur la route du littoral du Liban-Sud, les portraits de Nabih Berry, un large sourire aux lèvres et saluant une foule invisible, se succèdent et se ressemblent sur les panneaux publicitaires. Il n’y en a que pour lui, le chef de la Liste de la libération et du développement, ce « bulldozer » électoral, qui, fort d’une alliance indissociable avec le Hezbollah, s’apprête à remporter...