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Actualités - CHRONOLOGIE

Un militant PSNS tué, plusieurs partisans Kataëb blessés dimanche soir Depuis le retrait syrien, la tension couve sous la cendre à Dhour Choueir

Depuis le retrait des troupes syriennes, le 12 mars dernier, des villages du Metn, la situation n’est pas très saine à Dhour Choueir, localité dont les habitants appartiennent à divers partis politiques, notamment le PSNS et les Kataëb. Depuis mars dernier, les provocations se multiplient. Dès le retrait syrien, l’armée s’était déployée pour tenter d’apaiser la tension et calmer les esprits à Dhour Choueir, point de passage obligé de diverses localités du Metn tiraillées entre ces deux mouvements politiques opposés depuis soixante-dix ans. Dimanche, vers 21 heures, un jeune homme du PSNS, Sleiman el-Raï, 22 ans, est mort non loin de la place du village. Sleiman et une cinquantaine de ses camarades attendaient, avec des bâtons et des pierres (selon des témoignages concordants), le passage du convoi des Kataëb qui rentrait du meeting de Bickfaya. L’armée, présente en masse dimanche à Dhour Choueir, a effectué des tirs de dissuasion, le jeune homme a été atteint et mortellement blessé. L’incident de Dhour Choueir n’est pas le seul qui a marqué la soirée de dimanche. Un autre a été enregistré à Bickfaya, peu après la fin du meeting qui avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de militants Kataëb. Il a nécessité l’intervention des FSI. Selon des sources concordantes, dimanche vers 19 heures, à la place de Bickfaya, des partisans Kataëb qui se trouvaient à proximité de la permanence du PSNS, située au premier étage d’un immeuble de la localité, ont été attaqués. Les militants du PSNS ont lancé des bouteilles vides et des pierres sur les militants phalangistes, qui ont riposté en tentant de relancer vers la permanence du PSNS les pierres jetées et en insultant les partisans de ce mouvement qui prône la grande Syrie. Les partisans du PSNS n’ont pas été intimidés pour autant, lançant sur les manifestants et sur la chaussée de la ferraille, des tables et des chaises... Trois militants Kataëb ont été hospitalisés et la police a encerclé le siège du PSNS à Bickfaya. Hier en soirée, une jeep des FSI se trouvait toujours à l’entrée de la permanence du parti prosyrien. Selon des habitants de Bickfaya, qui ont requis l’anonymat, depuis quelques années, le siège du PSNS de la localité est quasiment vide en journée. La nuit, il est occupé par deux ou trois personnes qui s’y rendent pour dormir. Dimanche après-midi, la terrasse de la permanence du PSNS abritait une trentaine de militants. « C’est comme s’ils s’étaient préparés à la rixe », indique un commerçant, soulignant que « les partisans du PSNS qui étaient présents dans la permanence, hier, n’étaient pas originaires de Bickfaya ou de Mhaydsé, la localité voisine. Ce sont des étrangers au village. L’un d’eux nous avait même demandé de lui indiquer où se trouvait l’entrée de la permanence du parti ». Un autre renchérit : « D’ailleurs, il y a des Syriens parmi eux, et les partisans du PSNS de la localité n’ont pas mis les pieds dans cette permanence depuis des années. » Retour des SR syriens ? C’est presque le même son de cloche que l’on entendait à Dhour Choueir, où l’atmosphère hier matin était très tendue et où l’on mettait en cause « des personnes étrangères au village, notamment des partisans du PSNS soutenus par Assaad Hardane et originaires du Kesrouan, du Akkar et de Zahlé. Ils se sont établis à Dhour Choueir au fil des ans et veulent semer la zizanie dans la région ». Ici aussi on parle « de membres de services de renseignements syriens qui fomentent les rixes et les altercations depuis le retrait des troupes de Damas ». « Contrairement à ce que l’on croit, des membres des SR syriens n’ont pas quitté définitivement le Liban, certains sont revenus à Dhour Choueir », indiquent des habitants. Toutes les personnes interrogées, qui donnent leurs versions des faits, refusent de dévoiler leur identité, expliquant qu’elles « ne veulent pas verser de l’huile sur le feu ». D’autres s’abstiennent de tout commentaire, affirmant : « Nous avons appris la nouvelle par la radio, nous ne sommes au courant de rien, nous n’avons rien vu. » Selon des sources concordantes, la situation déjà tendue à Dhour Choueir depuis le retrait syrien s’est encore envenimée vendredi dernier, quand des partisans du PSNS – établis à Dhour Choueir depuis des années mais qui sont originaires d’autres localités – ont passé à tabac cinq partisans Kataëb et FL qui dînaient dans un restaurant. Les jeunes gens ont été hospitalisés mais n’ont pas porté plainte. Toujours selon ces sources, tout au long de la journée de samedi, des provocations ont eu lieu. Des partisans Kataëb originaires de Dhour Choueir et des localités voisines ont tenu à garder les drapeaux des phalangistes et les portraits des leaders Kataëb collés aux vitres de leurs voitures. Une affaire qui n’avait pas plu aux partisans du PSNS, qui, derrière le volant de leurs voitures, ont poursuivi les véhicules des supporters de l’opposition pour les défier. En prévision de la journée de dimanche et du meeting de Bickfaya (la route principale de Dhour Choueir devant être empruntée par des dizaines de partisans Kataëb, habitant les localités voisines), l’armée présente sur place a demandé des renforts. Les soldats, dont des troupes d’élite, se sont déployés en masse dès dimanche matin dans la localité. Toujours selon des sources concordantes, en fin d’après-midi, des partisans du PSNS, menés par des hommes étrangers au village, ont commencé à se rassembler devant leur permanence située non loin de la place du village. À l’approche d’un convoi Kataëb constitué de plusieurs voitures dont l’une était surmontée de haut-parleurs, qui aurait probablement sillonné la région, et qui voulait franchir la place du village, les supporters du PSNS ont protesté. Ils auraient même demandé à l’armée d’intimer l’ordre aux partisans des Kataëb de ne pas prendre la route principale. L’armée ne s’est pas exécutée. Les partisans du PSNS ont voulu eux-mêmes intervenir pour empêcher le convoi de passer. Ils ont couru – munis de bâtons et de pierres – de leur permanence en direction de la place du village, une affaire de quelques centaines de mètres. Ils ont été aussitôt endigués par l’armée, qui a tiré des coups de semonce. Sleiman el-Raï, qui était au premier rang des manifestants du PSNS, a été mortellement atteint. Selon des habitants du village, certains partisans PSNS étaient armés et ce n’était pas la première fois ce week-end qu’ils s’attaquaient à des convois Kataëb. À l’issue du retrait syrien, certains automobilistes arborant des drapeaux, dont celui du Liban, auraient été agressés. Il y a une dizaine de jours, un soldat aurait été physiquement malmené. Certains habitants craignent que l’armée, cible de pressions, ne soit obligée de quitter la localité. Hier, la famille du partisan PSNS Sleiman el-Raï, originaire de Okaibé (Kesrouan), mais établie depuis onze ans à Dhour Choueir, recevait les condoléances dans sa modeste maison. Ce n’est pas le père ou l’un des frères de la victime qui a raconté la version des faits, mais un homme qui s’est contenté de se présenter comme « un responsable PSNS dans la région ». Il a indiqué que « depuis trois jours les partisans du parti sont la cible de brimades et de vexations. À Bickfaya, la permanence du parti a été attaquée et l’armée est intervenue. À Dhour Choueir, un convoi muni de haut-parleurs nous a insultés, nos partisans qui étaient à la permanence ont voulu se défendre et réagir, l’armée a ouvert le feu ». Pour sa part, le comité exécutif du mouvement réformiste Kataëb, proche de Amine Gemayel, a publié un communiqué soulignant que « des mercenaires et des fauteurs de troubles ont agressé les militants du parti lors du meeting de Bickfaya en leur jetant des pierres et des bouteilles vides. Le même genre d’attaques a eu lieu à Dhour Choueir, à Mrouj et au niveau du pont Khardali (Liban-Sud) ». « Le temps de l’oppression et de l’hégémonie est révolu et les Kataëb resteront présents dans toutes les régions du Liban », conclut le texte. Patricia KHODER

Depuis le retrait des troupes syriennes, le 12 mars dernier, des villages du Metn, la situation n’est pas très saine à Dhour Choueir, localité dont les habitants appartiennent à divers partis politiques, notamment le PSNS et les Kataëb. Depuis mars dernier, les provocations se multiplient. Dès le retrait syrien, l’armée s’était déployée pour tenter d’apaiser la tension et...