Kornet Chehwane répond à la cabale qui l’a visé L’opposition chrétienne et musulmane vaincra, quelle que soit la loi électorale

C’est un communiqué d’une excellente tenue, à la fois très ferme et très ouvert, qu’a publié hier le Rassemblement de Kornet Chehwane, à l’issue de sa réunion au siège de l’évêché d’Antélias, en présence de Mgr Youssef Béchara. Le Rassemblement y a répondu à la cabale dont il a fait l’objet depuis quelques semaines, « de la part de ceux qui ont lié leur sort à la poursuite de la présence syrienne au Liban ». Kornet Chehwane a dénoncé le rôle joué par certains médias dans cette cabale, « aiguisant les susceptibilités confessionnelles à un degré jamais vu, même durant la guerre », pour provoquer chez les chrétiens du Liban un réflexe de peur et de défaitisme. Ce que cette campagne disait ou insinuait, c’est que « les chrétiens ont joué un rôle essentiel dans l’intifada de l’indépendance, mais ils ne pourront pas parachever leur victoire en raison d’une loi électorale qui ramènera au Parlement les mêmes personnalités qui s’y trouvaient ». Et ces médias d’ajouter que « les musulmans ont approuvé cette loi inique, oubliant leur alliance avec les chrétiens ». « Ceux qui ont lancé cette campagne n’ont pas hésité à accuser l’Église, le patriarche et Kornet Chehwane d’avoir trahi » les chrétiens, affirme aussi le communiqué. « Mensonges, tissu de mensonges », a répondu Kornet Chehwane à ces accusations, avant d’entreprendre de réfuter, point par point, les insinuations et accusation ouvertes dont il a été la cible. Ainsi, Kornet Chehwane « n’a jamais renoncé à la loi de 1960 », affirme le communiqué, qui précise toutefois que le président de la Chambre, fort du règlement interne qui lui accorde un pouvoir discrétionnaire, a refusé d’envisager un retour à la loi électorale de 1960 et donc de convoquer la Chambre. Et de rappeler que la loi de 2000 a été dénoncée dès le départ, dans le célèbre communiqué de l’Assemblée des évêques maronites publié en septembre 2000, après le décès du président Hafez el-Assad et le retrait israélien du Liban en mai de la même année. « L’opposition chrétienne et musulmane ne perdra pas les élections, mais vaincra, quelle que soit la loi électorale », a martelé le communiqué, et Kornet Chehwane « compte sur le jeu des alliances pour remédier aux défauts de la loi électorale ». Les alliances passées à Beyrouth et au Chouf prouvent que ce n’est pas là un calcul perdant, ajoute en substance le communiqué. « Ceux qui ont monté la cabale contre Kornet Chehwane sont ceux-là même qui ont lancé, du temps de la tutelle syrienne, des campagnes l’accusant de félonie », rappelle Kornet Chehwane, qui note que la loi de l’an 2000 « lèse aussi bien les chrétiens que les musulmans, notamment au Sud ». Défense des chrétiens Au demeurant, il est faux de présenter les chrétiens du Liban comme un groupe mû par ses instincts, incapable d’unifier sa position, ravagé par les ambitions et convoitises personnelles, poursuit en substance le communiqué. Et d’ajouter que les chrétiens, qui ont su refaire leur unité après l’appel de Bkerké, peuvent inscrire à leur actif plusieurs réalisations fondamentales : ils ont joué un rôle-clé dans la mobilisation des instances internationales en faveur du Liban ; ce sont eux qui ont tendu la main à leurs compatriotes musulmans en vue d’un partenariat que la Syrie a tout fait pour torpiller, sans y parvenir, et qui a constitué « une condition indispensable au déclenchement de l’intifada de l’indépendance après l’assassinat de Rafic Hariri ». Pour finir, Kornet Chehwane a regretté que certains de ses membres aient décidé de quitter le Rassemblement et a redemandé la libération de Samir Geagea. Un tour de table Prié de commenter la réunion d’hier, M. Nassib Lahoud a affirmé qu’outre la réponse à la cabale dont ils ont été la cible, les membres du Rassemblement ont procédé à un tour de table et « échangé leurs idées » au sujet des listes à former. Selon M. Lahoud, la situation dans le caza de Baabda-Aley est l’une des clés de la situation qui se présente. « On attend de voir si les discussions avec le général Michel Aoun et Walid Joumblatt vont porter leurs fruits. Cela influera sur ce qui peut se passer ailleurs », a-t-il dit. Pour sa part, M. Amine Gemayel a affirmé que les débats se sont déroulés dans un climat détendu. Il n’en a pas moins défendu les « droits » du mouvement de réforme Kataëb à des sièges à Batroun, Zahlé, au Metn – « bien entendu » – et Baabda.