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En filigrane, la bataille des trois présidences

L’un des éléments qui conditionnent la formation des listes, et qui la compliquent, se révèle être la bataille des trois présidences. Parce qu’après le scrutin, il va falloir désigner un président de la Chambre, un président du Conseil. Mais aussi, selon toute probabilité, un nouveau chef de l’État. Le partage des parts entre forces politiques s’en ressent. Bien que certains tentent de jeter de la poudre aux yeux. En soutenant que leur participation à telle ou telle liste dépend de son programme politique. Chaque pôle s’efforce, naturellement, de maximaliser ses chances de décrocher le plus grand nombre possible de strapontins. Il veut, également ou surtout, s’assurer de l’allégeance ultérieure de ses colistiers. Ou, à tout le moins, de l’écrasante majorité d’entre eux. Du moment qu’il se trouve obligé de consentir des exceptions, de coopter des figures indépendantes, au titre des compensations concédées aux courants opposants. On sait par exemple, pour citer des dames, que Bahia Hariri, Nayla Moawad ou Solange Gemayel refusent de se laisser incorporer dans des blocs parlementaires à caractère purement régional. Mais, statistiquement, ces cas comptent peu. L’objectif de toute tête de liste est de contrôler ses colistiers. Soit en faisant appel aux membres de son parti. Soit en retenant des noms qui n’ont pas de capital électoral suffisant, lui devraient leurs voix, leur élection, et lui obéiraient, pour ne pas être écartés en 2009. C’est ce que l’on voit, autre exemple, au Sud. Où Nabih Berry fait plutôt confiance à ses gens d’Amal qui réalisent que leur intérêt est dans la docilité, en voyant que les contestataires Mohammed Abdel Hamid Beydoun et Mahmoud Abou Hamdane ont été écartés du mouvement. Pour ce qui est de la présidence de la Chambre, Berry peut miser sur l’évident soutien de tous ses colistiers. Les amalistes, certes, mais également les candidats indépendants comme Bahia Hariri, Oussama Saad, Pierre Serhal et Samir Azar. Bahia Hariri, pour en revenir à elle, a d’ailleurs fait partie, durant la présente législature, du bloc Berry et non de celui de son regretté frère, le président-martyr. Toujours est-il que les coalitions principales se proposent d’être en mesure de peser dans le choix des trois prochains présidents. D’où une évidence : les indépendants intégrés resteront contrôlés de près. Ils devront, généralement, suivre les directives de leur chef de file. Et ne pourront pas vraiment représenter les intérêts, ou le point de vue, de leur collectivité, de leur communauté propres. Ainsi à Jezzine, le remplacement sur la liste Berry de Georges Najm par Pierre Serhal ne change rien au fond. La ligne à suivre sera toujours tracée indépendamment de la volonté des habitants. Le même principe s’applique à d’autres candidats comme Michel Moussa ou Antoine Khoury. C’est évidemment pareil pour les alliés dits indépendants du Hezbollah à Baalbeck-Hermel. Où seuls les partisans du PSNS ou du Baas échapperont à l’emprise du Hezb. Du côté du courant du futur également les partisans ne font pas partie du bloc. Quant à Joumblatt, n’échappent à son contrôle que les représentants de parties alliées avec lui uniquement dans un cadre électoral et non politique. À partir de là, la fabrication des listes se révèle compliquée. Car les pôles tentent de réduire la participation de partis ou de courants différents du leur. Mais ce n’est pas toujours facile, car certaines alliances leur sont nécessaires ou imposées. L’astuce qui consiste à se retrouver autour d’un programme politique risque de ne pas tenir la route et la séparation peut survenir au premier différend sur un projet quelconque. De ce magma, il pourrait sortir une Chambre moins monopolisée par quatre grands blocs qu’on ne le craint. L’irruption probable sur la scène parlementaire de représentants des Forces libanaises, du Courant patriotique libre, des réformateurs kataëb et d’indépendants forts priverait les grands de beaucoup de munitions. De plus, il est possible que les grands blocs ne s’entendent pas bien entre eux par la suite. Ainsi, l’alliance électorale Amal-Hezbollah pourrait ne pas perdurer à la Chambre. De même, le Courant du futur et les joumblattistes pourraient se désunir. Émile KHOURY
L’un des éléments qui conditionnent la formation des listes, et qui la compliquent, se révèle être la bataille des trois présidences. Parce qu’après le scrutin, il va falloir désigner un président de la Chambre, un président du Conseil. Mais aussi, selon toute probabilité, un nouveau chef de l’État. Le partage des parts entre forces politiques s’en ressent. Bien que certains...