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Actualités - OPINION

analyse Rapports de force - Le chiffre du jour et de toujours : 85 % Sans rééquilibrage et calibrage, pas de Liban viable ni vivable

En 1992, boycottage des élections à 85 %. Fin 2005 (projection de Riad Salamé), le passif atteindra 37 milliards. Et le Liban se trouvera endetté à 85 % de tout ce qu’il possède, de tout ce qu’il vaut. Alors que 85 % de ses fils originels se trouvent expatriés. La Chambre est à 85 %, ou plus encore selon Berry, pour la libération de Geagea. Qui, selon Frangié, pèse électoralement 85 % de Bécharré. Ce qui expliquerait qu’il ne serait relâché qu’après les élections. Où on lui imposerait un bazar, toujours d’après Frangié, qui connaît le Nord comme sa poche. Les bordereaux de l’état civil indiquent qu’il y aurait quelque 65 % d’électeurs mahométans ; mais en pratique, avec l’exode-exil ou le « ihbat » de dhimmis qui frappe les chrétiens, comme le relève Élie Karamé, ils seraient 85 %. En tout cas, à l’ombre de la loi 2000, qui leur permet de contrôler politiquement près de la moitié des députés chrétiens, ils tiennent le pouvoir législatif. Ce qui permet au brillantissime Nabih Berry les exploits que l’on sait. Dans la même logique, on peut se demander s’il peut encore y avoir un président « chrétien ». Pour dévaluée qu’elle soit, à la fois par Taëf et par les pratiques de ses tenants, la présidence reste la dernière barre de chocolat pour sustenter ceux par qui et pour qui le Liban a été créé. Certes, même avant la guerre, le pays étant composite, aucun prétendant n’a pu se passer du soutien de la majorité musulmane. On voit donc aujourd’hui les candidats virtuels se positionner en conséquence. En tournant plus ou moins le dos à la tessiture chrétienne de cette opposition triomphante, appelée en principe à prendre le pouvoir au nom du changement. Il est peu douteux, par exemple, qu’un Michel Aoun, qui scintille de tous ses feux de revenant réformateur, qui est donc désigné par tous comme un homme de changement justement, ménage le camp mahométan. Se montre ouvert à ses composantes sunnite ou chiite, et ne semble pas répugner à un rapprochement avec Joumblatt, le leader druze, sans faire grise mine à Arslane. Or Frangié, encore lui, en bon planificateur d’un destin national personnel longue distance, voit bien où le bât blesse. Pourquoi, demande-t-il en substance, le camp mahométan, lui-même en position de force, soutiendrait-il l’avènement d’un président chrétien fort ? Il ajoute, toujours en substance, que les chrétiens, à l’aube d’une ère nouvelle, doivent savoir s’unir. Pour ne pas être balayés, pour de bon et pour longtemps, sur le plan politique. Et, partant, socio-économique. Les Lahoud et les Murr ne sont pas loin de ces vues. Mais les opposants chrétiens traditionnels, la plupart d’entre eux du moins, rejettent avec indignation cette tentative d’adhésion. Alors qu’ils ont toléré, ou même applaudi, le ralliement antérieur, à l’occasion de la prorogation, d’anciens symboles du pouvoir prosyrien, notamment de candidats maronites frustrés. Pourquoi ce refus de rassemblement chrétien ? D’abord, et surtout sans doute, parce que nombre de ces purs et durs, qui ont toujours été du côté du droit foulé aux pieds par le système sortant, sont eux-mêmes sur les rangs, question présidence. Ou députation, ou ministère. Ensuite parce qu’ils trouvent probablement inique que les anciens complices de la tyrannie s’en sortent sans sanctions morales et politiques. Enfin parce que, d’après eux, il ne faut surtout pas donner l’impression de confessionnaliser le débat. Mais rester alliés, au nom du principe de coexistence (et patati et patata), avec les haririens, les joumblattistes, etc. Un point de vue qui se défend parfaitement. Sauf, justement, quand on est en position de légitime défense. Or, comme le patriarche Sfeir le laisse clairement entendre, c’est le cas aujourd’hui. Car la loi 2000 ainsi d’ailleurs que les divisions du camp chrétien suscitent une attaque de captation à peine voilée de la part du camp mahométan. Parce qu’il a, de nouveau, la chance de former d’immenses blocs parlementaires. Nommément, les blocs d’Amal, du Hezbollah, des haririens et de Joumblatt. « Regardez autour de vous, dit Michel Murr, trouve-t-on encore à la Chambre un seul grand bloc chrétien ? » Que non, alors qu’avant-guerre, les chamouniens, les chéhabistes, les Kataëb, Frangié ou Joseph Skaff ne comptaient pas pour peu, place de l’Étoile. Pour citer encore le patriarche, le Liban a besoin de ses deux ailes s’il veut planer haut. Jadis, c’était Saëb Salam qui avançait cette revendication. Et c’est dire que le vent a tourné. La vérité d’être de ce pays, soulignée par ces deux sages, reste cependant la même. Pour vivre, il lui faut respirer un air de démocratie vraiment consensuelle. Pendant quinze ans, il a étouffé. Parce qu’on avait marginalisé, presque éliminé, sa composante politique chrétienne. Aujourd’hui, un miracle de l’histoire lui permet de se retrouver tel qu’en lui-même l’éternité le change. Pour peu qu’on ne pérennise pas le fait accompli de l’éviction. Mais qu’on permette un dialogue fructueux. Entre égaux. Jean ISSA

En 1992, boycottage des élections à 85 %. Fin 2005 (projection de Riad Salamé), le passif atteindra 37 milliards. Et le Liban se trouvera endetté à 85 % de tout ce qu’il possède, de tout ce qu’il vaut. Alors que 85 % de ses fils originels se trouvent expatriés. La Chambre est à 85 %, ou plus encore selon Berry, pour la libération de Geagea. Qui, selon Frangié, pèse...