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Actualités - ANALYSE

Le découpage 2000 : chiffres et tendances

Sauf improbable rebondissement de dernière minute, c’est donc sur la base de la loi électorale en vigueur, celle de 2000, que les électeurs seront appelés aux urnes à partir du 29 mai pour ces premières législatives post-ère syrienne. À une exception près, le découpage des circonscriptions sera partout le même qu’il y a près de cinq ans. L’exception, c’est la grande circonscription du Sud qui englobait en 2000 les deux mohafazats du Liban-Sud et de Nabatiyeh. Comme il était stipulé alors que cette « exception » n’était valable que pour une seule fois, ladite circonscription devra être cette fois-ci divisée en deux unités, une correspondant au Liban-Sud proprement dit et comprenant les cazas de Saïda-Zahrani, Tyr et Bint-Jbeil, et la seconde au mohafazat de Nabatiyeh (cazas de Nabatiyeh, Jezzine, Marjeyoun et Hasbaya). Pourquoi deux circonscriptions et pourquoi celles-là en particulier ? Parce que l’on suppose qu’en vertu de Taëf, les circonscriptions doivent correspondre aux mohafazats. Il ne sera même pas nécessaire de procéder à un vote à la Chambre pour modifier le découpage. Une telle orthodoxie constitutionnelle pour ce qui est du Liban-Sud peut paraître surprenante quand on sait que, dans les autres régions du pays, on s’était livré au plus fantaisiste des découpages, sans pour autant préciser qu’il devra en être ainsi une seule et unique fois. On reprend donc les mêmes et on continue… À Beyrouth, les trois circonscriptions de 2000 ne ressemblent ni de près ni de loin à celles du projet de loi mort-né de Sleimane Frangié. Ce dernier avait concocté un plat basé sur la recette suivante : une petite circonscription chrétienne (Achrafieh), une grande circonscription à large dominante sunnite (Mazraa, Mousseitbé, Ras-Beyrouth, Aïn Mreissé, Minet el-Hosn et port) et, enfin, une troisième mixte, mais avec la particularité d’abriter une majorité chiito-arménienne, supposée antiharirienne. Rien de tel dans la loi de 2000 où les trois circonscriptions sont découpées de telle façon à ce qu’il y ait toujours une majorité sunnite, alors même que la proportion musulmans/chrétiens dans la capitale est loin de justifier pareille exclusivité. Ainsi, en vertu du découpage en vigueur, les 171 000 inscrits chrétiens de Beyrouth ne pèsent pas lourd devant les 243 000 musulmans. Beyrouth I englobe Achrafieh, Saïfi et Mazraa, soit près de 75 000 électeurs musulmans et un peu plus de 60 000 chrétiens. Cette circonscription abrite 6 sièges (2 sunnites, 1 maronite, 1 grec-orthodoxe, 1 grec-catholique et 1 protestant). Beyrouth II comprend les quartiers de Rmeil, Bachoura et Mousseitbé. Près de 51 000 électeurs chrétiens y côtoient 86 000 musulmans. La circonscription compte également 6 sièges (2 sunnites, 1 chiite, 1 grec-orthodoxe, 1 arménien-orthodoxe et 1 minoritaire). Enfin, Beyrouth III, correspondant au front de mer, englobe Ras-Beyrouth, Zokak el-Blat, Aïn Mreissé, Minet el-Hosn, port et Médawar. Quelque 80 000 inscrits musulmans et 61 000 chrétiens y sont appelés à élire sept députés (2 sunnites, 1 chiite, 1 druze, 2 arméniens-orthodoxes et 1 arménien-catholique). Quittons la capitale pour le Mont-Liban où l’on trouve au total quatre circonscriptions. Au Sud, la « Joumblattie », composée du Chouf, qui forme à lui seul une circonscription, et des deux cazas de Aley et de Baabda, réunis en une unité électorale. Au Chouf, 100 000 inscrits musulmans (sunnites et druzes) côtoient 65 000 chrétiens pour 8 sièges (3 maronites, 1 grec-catholique, 2 druzes et 2 sunnites). Baabda-Aley compte 11 sièges (5 maronites, 1 grec-orthodoxe, 3 druzes et 2 chiites) pour 127 000 inscrits chrétiens et 124 000 musulmans (principalement druzes et chiites). Le nord du mohafazat comprend deux circonscriptions, les seules du pays (selon le découpage de 2000) à écrasante majorité chrétienne. Le Metn d’abord, haut-lieu des combats de chefs, où se concentrent le gros des rivalités interchrétiennes, où il est souvent difficile de distinguer réellement entre alliés et adversaires et où tous les coups semblent permis. Huit sièges brûlants au total (4 maronites, 2 grecs-orthodoxes, 1 grec-catholique et 1 arménien-orthodoxe) pour 153 000 inscrits chrétiens et moins de 9 000 égarés musulmans. Enfin, la circonscription de Jbeil-Kesrouan, réunissant deux cazas politiquement très dissemblables, le premier étant le berceau des deux grands partis de l’indépendance (BN et Destour), alors que le second reste électoralement imperméable aux grands mouvements politiques de masse. Quelque 140 000 inscrits chrétiens et 16 000 chiites s’y partagent huit sièges (7 maronites et 1 chiite). Le Liban-Nord est divisé en deux circonscriptions. La première comprend Tripoli, Minié, Zghorta, Koura et Batroun et compte une légère majorité musulmane : 204 000 contre 183 000 chrétiens. Elle compte 17 sièges (6 maronites, 4 grecs-orthodoxes, 6 sunnites et 1 alaouite). La seconde constitue un sommet du découpage fantaisiste, regroupant le Akkar, Denniyé et… Bécharré. Soit 120 000 inscrits chrétiens pratiquement phagocytés par 173 000 musulmans. La circonscription compte 11 sièges (5 sunnites, 1 alaouite, 3 maronites et 2 grecs-orthodoxes). Le tableau est très différent dans la Békaa, où le découpage de 2000 est le même que celui de 1960, c’est-à-dire les trois circonscriptions de Baalbeck-Hermel, Zahlé et Békaa-Ouest-Rachaya. La première compte 10 sièges (6 chiites, 2 sunnites, 1 maronite et 1 grec-catholique) pour 196 000 électeurs musulmans et 37 000 chrétiens. Zahlé, pour sa part, abrite 7 sièges (2 grecs-catholiques, 1 maronite, 1 grec-orthodoxe, 1 arménien-orthodoxe, 1 sunnite et 1 chiite) pour 85 000 électeurs chrétiens et 53 000 musulmans. La troisième circonscription comprend 6 sièges (2 sunnites, 1 chiite, 1 druze, 1 maronite et 1 grec-orthodoxe) pour 81 000 inscrits musulmans et 29 000 chrétiens. Enfin, on revient au Sud où, comme par hasard, les deux circonscriptions, nées d’une fiction juridique, forment des fiefs pour chacune des deux grandes formations chiites. La première, appelée à devenir le « Berryland » (ou le duché de Berry) compte non moins de 330 000 inscrits musulmans et 51000 chrétiens pour un total de 12 sièges (9 chiites, 2 sunnites et 1 grec-catholique). La seconde, moins massive, est fin prête pour le règne du Hezbollah. Elle comprend 215 000 inscrits musulmans et 67 000 chrétiens pour 11 sièges (5 chiites, 1 sunnite, 1 druze, 2 maronites, 1 grec-orthodoxe et 1 grec-catholique). Élie FAYAD
Sauf improbable rebondissement de dernière minute, c’est donc sur la base de la loi électorale en vigueur, celle de 2000, que les électeurs seront appelés aux urnes à partir du 29 mai pour ces premières législatives post-ère syrienne.
À une exception près, le découpage des circonscriptions sera partout le même qu’il y a près de cinq ans. L’exception, c’est la grande...