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Actualités - OPINION

Élections - Il n’est pas encore trop tard pour des listes unifiées L’opposition invitée à retrouver l’esprit Bristol

Le film combine Hitchcok et Bunuel. Le suspense-thriller et l’onirisme surréaliste. À 18 jours d’élections qui ont lieu tous les quatre ans (et même quatre ans huit mois depuis la dernière édition), il n’y a pas de loi électorale digne de ce nom. Presque plus d’espoir d’en avoir une, sauf miracle. Et il n’y a toujours pas de listes proclamées. Encore moins, évidemment, de campagne électorale. Mais le pire, sans doute, c’est encore que la belle union des cœurs semble compromise. Sur ce plan précis, cependant, ce n’est pas encore l’impasse. Délitée, ébranlée sur son socle par de fortes divergences entraînant autant de dérives que d’initiatives unilatérales, l’opposition tente quand même un dernier, un ultime effort, pour ne pas se désintégrer totalement. Ses différents pôles conviennent en effet de la nécessité d’essayer, au moins essayer, de mettre sur pied des listes unifiées, malgré l’effroyable complexité du tableau arithmétique. C’est-à-dire malgré la surabondance de candidatures en puissance. C’est d’ailleurs clairement dans le cadre de cette tentative de la dernière chance que Saad Hariri a accepté de reporter de 48 heures la proclamation de sa liste beyrouthine. Tandis que nombre de voix s’élèvent pour réclamer des assises opposantes générales, retrouvant l’esprit du Bristol afin de faciliter la tâche du comité général de sélection dont le principe avait été convenu il y a plusieurs semaines, mais qui n’a pas encore pris corps. Parce que, tout simplement, il fallait d’abord attendre de voir sur quelle base les découpages de circonscription s’effectueraient. L’échec de la formule 1960 n’est d’ailleurs pas étranger à la recrudescence des tiraillements entre composantes de l’opposition. Car si avec le caza il y avait eu généralement moyen de s’entendre entre partisans d’une même ligne, avec la grande circonscription, pour ne pas être débordé par le nombre ou sur les ailes, il faudrait pratiquement se résigner à passer par des alliances avec des forces dites loyalistes. Pour qui l’inverse est d’ailleurs aussi vrai, car nulle part elles ne peuvent l’emporter en restant entre elles. C’est bien pourquoi, du reste, beaucoup soutiennent qu’il est désormais faux de distinguer entre deux camps seulement. Il reste cependant assez de gens de conviction pour estimer que le respect des constantes nationales devrait inciter l’opposition à ne pas se désunir. C’est le point de vue que développe, par exemple, l’un des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane, qui, s’inquiétant des dissonances accentuées au sein de ce groupe même, suggère qu’on les résorbe à travers une récollection générale du front opposant dans son ensemble. Cette personnalité appelle donc à une sorte de Bristol III, pour une réunification consolidée à partir d’un partage des candidatures. Comme le patriarche Sfeir l’avait souhaité vendredi dernier, en tançant l’opposition (et le camp chrétien en particulier) pour ses divisions. Les grands principes Ce pôle de la Rencontre met en garde contre les pulsions des ambitions, mais aussi contre les méfaits d’antipathies à caractère personnel. Il souligne, à l’instar du patriarche, que dans la désunion, l’opposition court à la perte. Et que l’exploitation des fibres confessionnelles à des fins électorales facilite évidemment la tâche des parties qui tentent de semer la discorde, rappelant que le Liban doit honorer avant tout sa vocation de pays du dialogue, notamment islamo-chrétien, de creuset des cultures, comme le pape Jean-Paul II le lui avait recommandé. Pour cette personnalité, ce serait un crève-cœur que de dilapider, par une course triviale aux strapontins, les acquis, les victoires, accumulés après l’assassinat du président Rafic Hariri. Et de décevoir un peuple qui avait su s’identifier dans une parfaite solidarité nationale, le 14 mars. Pour leur part, les loyalistes se frottent les mains. Car avec la loi 2000, et surtout avec l’éclatement de l’opposition, ils peuvent beaucoup limiter les dégâts. Et ne pas perdre au Parlement autant de sièges que la disparition de l’ordre sécuritaro-politique dont ils se réclamaient pouvait présager. Cependant, selon un député opposant, il reste erroné de miser sur la dislocation de l’opposition. Il en veut pour preuve les affirmations répétées de Joumblatt concernant le respect des engagements pris en commun, même quand il n’en est pas convaincu. En effet, le leader progressiste avait lancé une phrase historique en affirmant qu’il serait fini s’il devait sortir du cadre élargi de Bristol II. Mais c’est oublier que par la suite, Joumblatt a pris à partie ou a été pris à partie par des partenaires du front opposant. Il est ainsi inutile de rappeler qu’il a qualifié de tsunami le retour de Michel Aoun. Ou que Dory Chamoun lui reproche à lui-même de se comporter en seigneur suzerain de la montagne, sur le plan électoral. De plus, on ne peut ignorer les difficultés de la répartition des candidatures. En principe, pour avoir le droit de placer un candidat, il faut qu’une force politique dispose d’un capital électoral déterminé. Le tableau comparatif des rapports de force réels est difficile à tracer. C’est pourquoi le leader du Bloc national, Carlos Eddé, a proposé une table ronde pour s’entendre sur des listes unifiées. Encore faut-il savoir où Michel Aoun va se placer sur l’échiquier, et ce qu’il va décider. Certes, il reste dans le principe favorable à l’union. Mais sans doute dans un esprit national plutôt qu’opposant. Parce qu’il n’est pas exclu qu’il songe à la présidence. Ce qu’il n’infirme ni ne dément, pour l’heure. En tout cas, il faut voir, dans les heures qui viennent, si les amis communs vont réussir à le rabibocher avec Joumblatt. Mais il faut bien le dire, tous les deux semblent vouloir s’entendre avec le Hezbollah. Qui n’est pas connu pour être une formation opposante... Philippe ABI-AKL
Le film combine Hitchcok et Bunuel. Le suspense-thriller et l’onirisme surréaliste. À 18 jours d’élections qui ont lieu tous les quatre ans (et même quatre ans huit mois depuis la dernière édition), il n’y a pas de loi électorale digne de ce nom. Presque plus d’espoir d’en avoir une, sauf miracle. Et il n’y a toujours pas de listes proclamées. Encore moins, évidemment, de...