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éclairage - « Mes listes sont ouvertes, le dialogue progresse avec les FL et je tends la main à Aoun », dit Joumblatt à « L’Orient-Le Jour » L’urgent objectif des législatives 2005 : blinder la réconciliation de la Montagne

Surtout ne pas se tromper de cible(s). Aujourd’hui, contre qui, contre quoi, devrait impérativement se battre l’opposition plurielle réunie hier de nouveau au grand complet au siège de la Gauche démocratique ? Les « ennemis » sont multiples, polymorphes, à commencer, d’abord et surtout, par les résidus d’un système militaro-sécuritaro-policier qui jouent désormais leur dernière cartouche. Leur survie. Après avoir essayé de dynamiter les élections, de les reporter aux calendes syriennes, les voilà qui continuent de tout faire pour empêcher que la future Chambre ne décolle Émile Lahoud de son palais de Baabda, d’une façon ou d’une autre. Les voilà qui s’emploient, par tous les moyens, non seulement à diviser ce rassemblement du Bristol qui ahane pour retrouver le feu sacré qui l’avait animé des semaines durant, mais de le faire imploser, de l’intérieur et par l’intérieur. Les résidus de ce système militaro-sécuritaro-policier à l’agonie décuplent aujourd’hui leurs efforts pour créer un climat carrément confessionnel, aidés en cela d’une main de maître par quelques médias qui ne voient toujours rien des effarants dangers du feu lorsqu’on le confond avec une console de jeu vidéo. Ces débris, dont le venin est pourtant toujours mortel, veulent anéantir la logique, le bon sens, le naturel. On ne récolte que ce que l’on a semé. Ce bon sens et cette logique veulent que tous ceux qui ont participé au sauvetage du Liban, au démarrage de sa résurrection, c’est-à-dire tous ceux qui ont préparé et accompagné le 14 mars 2005, se retrouvent pour conforter, blinder, immuniser ces immenses acquis pour lesquels ils travaillent depuis des années et que le sang de Rafic Hariri a permis de centupler. Le bon sens veut qu’ils se retrouvent pour prouver une fois pour toutes au monde entier leur capacité à autogérer leur pays. Deux d’entre ces braves,Walid Joumblatt et Michel Aoun, ont aujourd’hui, plus que leurs camarades de combat, une lourde et grosse part de responsabilités à assumer. Quels que soient les sentiments que l’un et l’autre de ces deux hommes inspirent à chaque Libanais : l’heure n’est plus à l’affect, au feeling, aux affinités ; il est urgent de faire primer la raison, et, encore et toujours, le bon sens. Surtout que tous deux ont le même but, pas nécessairement les mêmes formules pour y arriver. Michel Aoun a commis des tas d’erreurs, très graves parfois ; mais il a été le premier à comprendre que le volet externe de l’accord de Taëf ne pouvait que pérenniser la tutelle syrienne. Son assiduité et son énergie à remuer ciel et terre de Paris en faveur de l’indépendance et de la souveraineté du Liban sont désormais légendaires. Walid Joumblatt a commis des tas d’erreurs, impensables parfois ; mais il a été le premier à libaniser l’opposition, à lui assurer un indispensable caractère transconfessionnel, il a été celui qui a purement et simplement hypothéqué son intégrité physique en faveur de l’indépendance nationale. Aujourd’hui, certaines divergences séparent ces deux hommes, certes, mais bien plus nombreux, bien plus profonds sont les points qui les rapprochent, bon gré mal gré : leurs ego respectifs, certes, mais surtout leurs appels répétés en faveur de l’adoption d’un véritable programme pour l’opposition, en faveur d’un Liban laïc et déconfessionnalisé, d’un Liban État de droit et paradis de démocratie, en faveur du lancement d’un chantier de réformes et d’assainissement. D’autant que tous deux ont tout pour continuer à être (Joumblatt, en rectifiant certains tirs) et devenir (Aoun, en se réintégrant au tissu libanais) des leaders nationaux aconfessionnels ; deux partenaires essentiels, parmi d’autres, d’un nouveau pacte. À ce sujet, l’idée brouillonnée hier par Samir Frangié comme point central d’un éventuel futur programme commun est belle de promesses : un État libanais civil, en opposition à un État laïc ou confessionnel ; un État civil qui ouvre la porte à une nouvelle, une réelle démocratie, laquelle ne sera pas hypothéquée par les querelles confessionnelles et qui reposera sur une participation à tous les niveaux. Une idée tirée de la leçon du 14 mars : l’indépendance n’est plus le fruit des pères de l’indépendance, mais celui du peuple de l’indépendance. Quoi qu’il en soit, Walid Joumblatt et Michel Aoun ont la lourde charge, par le truchement des législatives 2005, de blinder, de pérenniser la réconciliation de la Montagne, consacrée en 2001 par le même Joumblatt et par Mgr Nasrallah Sfeir. Cette Montagne – Baabda, Aley, Chouf – réconciliée et tellement honnie à l’époque par les résidus sécuritaro-policiers est l’archétype du Liban rêvé, et notamment par eux ; c’est elle qui donnera l’exemple, le « la » ; c’est elle qui servira de modèle. L’un devrait cesser d’avoir peur du fantôme de Camille Chamoun, l’autre de penser envers et contre tout qu’il a la science infuse ou l’apanage de l’opposition ; l’un devrait dompter ses appréhensions arabo-arabisantes, l’autre se souvenir de la sacralité du volet interne de Taëf, et tous deux ne jamais oublier que l’autre a tout autant contribué à la résurrection du Liban et que druzes forts + chrétiens forts = Montagne forte = Liban fort. Tous deux devraient arrêter maintenant de se jauger et s’employer (avec, surtout, Saad Hariri, mais aussi l’ensemble de Kornet Chehwane), à l’aide d’une flopée de concessions mutuelles, à calmer les légitimes appréhensions d’un homme dont la vision est souvent hallucinante d’acuité : Nasrallah Sfeir, qui ne peut pas comprendre, comme la quasi-totalité des Libanais, que l’on ne corrige pas une loi 2000, viciée jusqu’à la moelle, par des alliances électorales basées sur le bon sens, la logique, la clarté, l’équilibre. Le cardinal a convoqué les évêques maronites aujourd’hui pour une réunion extraordinaire ; on le dit extrêmement irrité par le climat confessionnel, mais aussi par l’incapacité de l’opposition plurielle à récolter ce qu’elle a semé. Certaines sources, affolées, parlent même d’un appel patriarcal au boycottage par les maronites des législatives 2005, ou alors d’un refus catégorique par Bkerké de la loi 2000 ; elles évoquent un discours très dur à l’encontre de toutes les parties libanaises. En attendant, et parce qu’il a eu la chance de ne pas se retrouver en exil, Walid Joumblatt a voulu – et pu – arpenter et découvrir le dur, l’âpre chemin qui a fait de lui un éclatant leader national – qui, cela fait partie du métier, trébuche de temps en temps, et a peur. « Mes listes sont ouvertes. Le dialogue avance avec les Forces libanaises, et je tends la main au général Aoun », a dit hier le chef du PSP à L’Orient-Le Jour. On parle ainsi de plus en plus sérieusement d’un candidat FL sur la liste Joumblatt au Chouf, et d’un ou de deux sièges pour le CPL à Baabda-Aley, qui compte 5 sièges maronites. L’ancien PM acceptera-t-il la main tendue, sans lever les enchères ? Se laissera-t-il tenter par le chant des sirènes hezbollahies ou arslanistes (celle de Sleimane Frangié ou des Murr) ou se retrouvera-t-il au cœur de ce que le bon sens et la logique stipulent : le rassemblement du Bristol ? Seul Michel Aoun connaît la réponse. Un indice positif déjà : il sera bel et bien présent, assurent des sources proches du CPL, du moins par le truchement de ses représentants, au sein de la réunion élargie de ce Bristol. « Ne juge pas un homme politique sur ses discours ou sur ses actes. Juge-le sur le résultat de ses actes », a dit un jour un député à l’œil très vif. Cela est sans aucun doute valable pour tout le monde. Surtout que la réelle bataille n’est pas les élections 2005 – la loi est nulle. La vraie bataille, c’est après. Lorsque, avec toutes ses composantes, l’opposition plurielle aura la majorité nécessaire et suffisante pour imposer un Premier ministre qui exécutera son cahier des charges. Quel qu’il soit. Ziyad MAKHOUL
Surtout ne pas se tromper de cible(s).
Aujourd’hui, contre qui, contre quoi, devrait impérativement se battre l’opposition plurielle réunie hier de nouveau au grand complet au siège de la Gauche démocratique ? Les « ennemis » sont multiples, polymorphes, à commencer, d’abord et surtout, par les résidus d’un système militaro-sécuritaro-policier qui jouent désormais leur...