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Actualités - OPINION

Taëf, un prétexte commode, exhumé des cendres...

Tout le monde soutient aujourd’hui qu’il se place sous la coupole de ce Taëf allègrement foulé aux pieds par les tuteurs durant 15 ans. Tous les partis, tous les pôles, toutes les instances religieuses, qui soutiennent en chœur n’avoir aucune intention de toucher aux préceptes de ce document, sauf accord unanime à ce sujet. En oubliant que toutes les parties signataires locales avaient à l’époque précisé que le but essentiel de l’accord était de mettre un terme à la guerre. Par l’adhésion à des principes premiers, comme la coexistence et l’entente. Ajoutant que son apport institutionnel ou politique était manifestement perfectible, et ne satisfaisait en tout cas personne. Dès le départ, qu’on s’en souvienne bien, tout le monde ou presque parlait de révision future, une fois que la paix civile aurait été consolidée. Ce que la mise en pratique de Taëf, tronquée, dénaturée, rend absolument nécessaire. Sans compter que plusieurs articles, repris dans la Constitution, sont mal fagotés, manquent de clarté et provoquent des déséquilibres multiples. Même, et surtout, au niveau des mécanismes du pouvoir. C’est ce que relève un dignitaire religieux. Qui souligne une double évidence : une Constitution, tout en étant source de stabilité, doit pouvoir évoluer, en fonction des changements que le temps charrie. Nulle part, jamais, ce n’est un texte sacré, intangible. Partout, régulièrement, des amendements, d’importance variable, y sont apportés. À plus forte raison quand il s’agit de corriger le tir, après constat de déficiences. Dans un pays composite comme le Liban, ces rectifications doivent se faire par consensus, à l’issue d’un dialogue où la raison nationale doit primer. Loin des tensions et des défis. Taëf a mis un terme à un tableau institutionnel global datant, pour le fond, du mandat français. Il a prétendu transcender le problème de la répartition du pouvoir en le rendant soi-disant collégial. C’est-à-dire en attribuant le pouvoir exécutif au Conseil des ministres réuni. Une pure fiction, si l’on se réfère à la longue expérience dite de la troïka. Le dignitaire religieux cité insiste en rappelant qu’à l’époque, le regretté cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine, président du Conseil supérieur chiite, avait résumé l’impression et la certitude générales en qualifiant Taëf d« accord de pure nécessité ». Temporelle et temporaire. Aujourd’hui, poursuit cette personnalité, force est de convenir qu’à l’aube d’une ère nouvelle, les Libanais doivent se concerter. Pour voir ce qui va et ce qui ne va pas dans Taëf. Ce dialogue doit être activé à son avis, par le gouvernement issu des prochaines législatives. Qui devraient produire une Chambre vraiment représentative, capable de poser les fondements du Liban nouveau. Mais c’est là où le bât blesse. En effet, comme le remarque ce dignitaire religieux, pour qu’un Parlement soit authentifié comme légitime, il doit être le fruit d’une loi électorale valable. Juste, équilibrée. Assurant une vraie représentation de proximité. Or l’égalité que stipule le préambule de la Constitution libanaise, et que le président Lahoud a rappelée dans sa lettre au Parlement, n’est pas du tout assurée dans la loi de l’an 2000. Cependant, cette même source reconnaît qu’il est difficile de concilier représentation de proximité et brassage national, ou consolidation. Le caza assure l’une, mais pas l’autre. Et inversement pour le mohafazat. Émile KHOURY
Tout le monde soutient aujourd’hui qu’il se place sous la coupole de ce Taëf allègrement foulé aux pieds par les tuteurs durant 15 ans. Tous les partis, tous les pôles, toutes les instances religieuses, qui soutiennent en chœur n’avoir aucune intention de toucher aux préceptes de ce document, sauf accord unanime à ce sujet. En oubliant que toutes les parties signataires locales...