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Actualités - CHRONOLOGIE

Révision, report ou boycottage ? Spéculations sur la forme que prendrait l’escalade initiée par le cri de révolte épiscopal

«Une loi inique, qui aura des conséquences néfastes. » Après cette condamnation sans appel de la 2000, les évêques maronites ont pratiquement sommé les responsables à faire machine arrière. Mais comment peut se développer la contestation épiscopale ? Par un deuxième communiqué recommandant implicitement le boycottage ? En laissant entendre que quiconque se porterait candidat se rendrait complice de l’iniquité, et devrait être considéré comme un paria ? Comment Bkerké peut-il traiter l’avertissement américain réprouvant le langage confessionnalisme ? Un dignitaire religieux souligne que les chrétiens se trouvent marginalisés depuis les élections de 1992. Boycottées à 85 %. Ce qui s’était traduit par des députés désignés par 135 voix, ou même moins. Les éditions de 96 et de l’an 2000 se sont également déroulées à l’ombre de lois déséquilibrées, contraires aux préceptes de Taëf. Les chrétiens y avaient quand même participé, pratiquement contraints et forcés, par de fortes pressions internationales. Ainsi, en 1992, bien que le scrutin eût été aussi tronqué qu’étriqué, l’ambassadeur américain avait tenu à assister à la première séance du nouveau Parlement. Plus tard, même la France de Chirac, l’ami du président-martyr Rafic Hariri alors au pouvoir, avait expressément invité les chrétiens à ne plus boycotter les élections. Le Vatican, se justifiant par la nécessité d’une protection générale des chrétiens d’Orient, n’avait pas été en reste, invitant les Libanais à ne pas se mettre à part. Sans vouloir se rendre compte qu’en réalité, c’est la Syrie qui les écartait du champ. Car il lui importait peu de leur rendre justice, du moment que dans leur majorité ils étaient contre sa présence militaire au Liban. Discriminés, déprimés, ils avaient été mis sur la touche pendant 15 ans. On découpait toujours les circonscriptions de manière à ce qu’ils ne puissent envoyer au Parlement qu’une poignée insignifiante de vrais représentants. Et, bien entendu, ils étaient totalement exclus du gouvernement. Maintenant que cette sombre période appartient au passé, maintenant que ce pays a recouvré sa liberté, maintenant que l’Occident a changé d’avis, les chrétiens ont espéré une normalisation leur redonnant leurs droits. À travers les élections. Donc à travers une loi leur permettant de choisir vraiment leurs députés. Pour ne plus être opprimés, bridés, brimés, comme ils l’ont été durant 15 ans. Ils estiment que le partenaire, l’associé mahométan, qui n’a manifestement pas pu les aider pendant leur longue traversée du désert, devrait faire un effort d’équité, maintenant que la décision redevient nationale. Car c’est dans l’intérêt évident de tous. En effet, chaque fois qu’une partie se sent lésée, le pays se trouve forcément en état de crise. Et subit des secousses qui peuvent aller jusqu’à la guerre intestine. Entente Quand Camille Chamoun avait découpé Beyrouth de manière à faire sauter Saëb Salam et Abdallah Yafi, il y avait eu les événements de 1958. Le premier gouvernement formé sous Chéhab, ne répondant pas aux réalités du terrain, avait dû démissionner. Et l’on avait mis sur pied un cabinet quadripartite représentatif. Pour élaborer cette loi électorale de 1960 qui assurait, en base du caza, une saine représentation parlementaire de proximité pour toutes les composantes du pays. Le principe vital de la coexistence ne peut prendre corps que si toutes les familles spirituelles de ce pays composite sont rassurées. Le Liban, comme le répète le patriarche Sfeir, ne peut prendre son envol qu’avec ses deux ailes, la chrétienne et la mahométane. Ce qui signifie, en pratique, qu’il faut absolument une loi électorale juste, ne discriminant, ne marginalisant ni les uns ni les autres. C’est donc une responsabilité historique que musulmans et chrétiens libanais, qui se retrouvent enfin entre eux, doivent assumer ensemble. Dès lors, il est injuste, il est inadmissible qu’un chef de liste musulman exige d’un postulant chrétien un serment d’allégeance politique totale. Pour lui imposer parfois des décisions, ou des orientations, qui ne conviennent pas à son électorat chrétien. Le minimum démocratique requis serait donc que la liberté des choix politiques ultérieurs soit laissée aux colistiers chrétiens par les têtes de liste musulmanes. Mais, évidemment, il est bien mieux encore qu’un député chrétien ne dépende pas forcément d’un chef de bloc musulman, ni l’inverse d’ailleurs. Dans ce cadre, la petite circonscription réduit évidemment les risques de phagocytose. Ainsi, dans la prochaine étape, il faudra choisir un président de la Chambre, un président du Conseil, désigner un gouvernement et, peut-être, élire un nouveau président de la République. Un leader de bloc n’a pas le droit d’imposer des noms à un député qui, pour se faire élire, ne pouvait faire autrement qu’intégrer sa liste. Il n’a pas le droit de le couper de sa base, de sa propre opinion publique. De l’empêcher d’en défendre les intérêts légitimes comme les droits les plus élémentaires. Pour en revenir à la question du jour, des députés indépendants estiment que, pour faire écho au manifeste des évêques maronites, il faut ou bien réviser en toute vitesse la loi de l’an 2000, ou bien faire assumer une responsabilité déterminée à l’ensemble de l’opposition : nommer les candidats sur les listes dirigées par des mahométans, en exigeant de ces derniers de laisser ensuite leur liberté politique à ces élus. Ou, encore, ajourner les élections pour produire une loi sensée. Ces parlementaires craignent que des réactions négatives, un refus de considérer le manifeste des évêques dans un esprit de bonne volonté, ne provoquent une décision de boycottage. Ce qui entraînerait une césure dangereuse pour le pays. Émile KHOURY
«Une loi inique, qui aura des conséquences néfastes. » Après cette condamnation sans appel de la 2000, les évêques maronites ont pratiquement sommé les responsables à faire machine arrière. Mais comment peut se développer la contestation épiscopale ? Par un deuxième communiqué recommandant implicitement le boycottage ? En laissant entendre que quiconque se porterait candidat se...