« Priorité aux réformes politiques, n’en déplaise aux Rustom Ghazalé locaux »

PARIS, d’Élie MASBOUNGI Au cours d’une conférence de presse, probablement la dernière en France avant son départ samedi pour le Liban, le général Michel Aoun a qualifié de rumeurs infondées les informations selon lesquelles les autorités françaises lui auraient conseillé de reporter son retour au pays, ajoutant que ces rumeurs « nous parviennent de Beyrouth et émanent de certains milieux politiques perturbés par mon retour ». Le général, qui s’adressait à une centaine de journalistes réunis au Centre de la presse étrangère à l’invitation du Club de la presse arabe, a déploré l’escamotage du débat sur la loi électorale et l’acceptation de ce fait par des députés se réclamant de l’opposition. Il a estimé que l’unité de l’opposition se trouve de ce fait menacée et que c’est le peuple libanais tout entier qui s’opposera à cette tentative de le marginaliser. « Il y a apparemment des Rustom Ghazalé locaux dans chaque région du Liban qui tentent de contrôler la situation afin de maintenir le statu quo dans le pays, d’entraver toute réforme et de maintenir le peuple libanais en otage par l’entremise de politiciens-domestiques », a dit le général, qui s’est néanmoins déclaré confiant quant à sa capacité de réunir des alliés capables de présenter au peuple un programme de réformes, qui commencerait par un changement au niveau des relations entre les candidats aux prochaines élections et leurs électeurs. Des réformes et un changement ardemment souhaités par le peuple qui veut ainsi renforcer son indépendance et prendre en main son propre destin, selon lui. À une question sur ses priorités au lendemain de son retour, Michel Aoun a répondu qu’il demandera tout d’abord un « audit » et un état des lieux aux niveaux financier, économique, social et politique, affirmant que « si le peuple entier demande aujourd’hui la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri, il exige également la vérité sur la situation actuelle du pays ». Le général Aoun a ensuite évoqué trois thèmes principaux : le rééquilibrage des relations libano-syriennes, en mettant l’accent sur l’importance de revoir les accords bilatéraux conclus durant les 15 dernières années ; la nécessité de faire la lumière sur le sort des détenus libanais en Syrie, dont la liste ne cesse de s’accroître à la lumière des informations recueillies ces derniers jours par les associations concernées ; et le dossier du Hezbollah, avec qui le dialogue sincère doit aboutir à un « adieu aux armes » et à la reconnaissance que la lutte contre Israël doit se poursuivre par le développement, l’économie et les défis éducationnels et technologiques. Dans une ambiance de liesse, 900 personnes avaient répondu vendredi soir à l’invitation du Rassemblement pour le Liban pour une soirée d’adieux au général Michel Aoun, dans les salons Napoléon et l’Aiglon de L’Intercontinental, rue de Rivoli, soirée caractérisée par des discours ovationnés du général et du chef du RPL, Simon Abi Ramia.