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Actualités - CHRONOLOGIE

La nomination d’un successeur à Jamil Sayyed se heurte à l’écueil confessionnel Bête noire de l’opposition, Adnane Addoum est remplacé par Saïd Mirza (Photo)

Un nouveau symbole de « l’ancien régime » est tombé. À la demande du ministre de la Justice Khaled Kabbani, le procureur général Adnane Addoum, bête noire de l’opposition, a été remplacé à partir d’hier par le juge Saïd Mirza, qui était jusqu’à présent président de la chambre criminelle de la cour d’appel du Mont-Liban, a annoncé le ministre de l’Information, Charles Rizk, qui rendait compte de la première réunion du gouvernement de M. Nagib Mikati. L’opposition réclamait la tête de M. Addoum, accusé par certains de ses membres d’avoir tenté de « leurrer les enquêteurs » dans le meurtre de Rafic Hariri, en accréditant avec un peu trop de complaisance et de célérité des pistes islamistes. M. Addoum représentait, pour ainsi dire, la couverture juridique du régime sécuritaire au démantèlement duquel le gouvernement s’est engagé. Il était le symbole d’une justice sélective qui a notamment « couvert » des décisions fortement contestées comme la fermeture de la MTV ou l’incarcération de Toufic Hindi. Par ailleurs, le gouvernement, réuni sous la présidence du chef de l’État, le général Émile Lahoud, a limogé hier trois chefs de services de sécurité dont la tête était réclamée par l’opposition depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri le 14 février. Toutefois, le gouvernement se serait heurté, dans le cours de ses débats, à l’éceuil confessionnel, et n’a pu pour cette raison procéder à la nomination d’un nouveau directeur de la Sûreté générale, ni par voie de conséquence à celle d’un nouveau directeur de la Sûreté de l’État, en remplacement du général Édouard Mansour. Le ministre de l’Information, Charles Rizk, a indiqué à la presse que le Conseil des ministres avait accepté la démission du chef de la Sûreté générale, le général Jamil Sayyed, présentée lundi, et que son remplaçant serait désigné ultérieurement. En attendant, son intérim sera assuré par le général Assaad Takch. Selon une source gouvernementale, le président Émile Lahoud a demandé que le remplaçant du général Sayyed, un musulman chiite, revienne à un maronite ou à un grec-orthodoxe comme ce fut le cas depuis l’indépendance en 1943 jusqu’en 1998. Mais le Hezbollah, par la voix du ministre Trad Hamadé, a réclamé que le poste de patron de la Sûreté générale soit confié à un chiite, a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat. Dans son compte rendu, le ministre de l’Information a nié en bloc, contre toute évidence, ces considérations. Il a affirmé que le retard dans la nomination d’un remplaçant au général Sayyed est d’ordre purement technique. On apprenait toutefois qu’il n’en est rien, et que cet éceuil est apparu dès le tête-à-tête qu’ont tenu, avant la réunion du Conseil des ministres, le chef de l’État et le Premier ministre. La discussion avait traîné en longueur, retardant d’autant le Conseil des ministres. Selon des sources sûres, le vice-président du Conseil et ministre de la Défense, Élias Murr, et le ministre du Travail, Trad Hamadé, ont participé aux conciliabules. Les choses s’échauffant, M. Hamadé a même appelé au téléphone le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui s’est montré intraitable sur la question. De toute évidene, la séance du Conseil des ministres devait s’en ressentir. Mikati et les autres D’ailleurs, les propos de M. Mikati, au sortir du Conseil des ministres, étaient forts éloquents. Malgré des acrobaties verbales au cours desquelles il a affirmé que les décisions s’inspirent de motivations purement « nationales », M. Mikati a finalement admis qu’il « refuse que l’on touche aux équilibres nationaux » – de nature confessionnelle – et qu’il insistait pour que l’on cherche à nommer « la personne qu’il faut au poste qu’il faut » à l’intérieur de la communauté à qui revient le poste. « Il en sera ainsi tant que nous serons en charge », a-t-il insisté. « Les débats qui se sont déroulés en Conseil des ministres ont répondu à des critères nationaux », a-t-il encore dit, ajoutant que « le gouvernement serait menacé si les choses, sur ce plan, venaient à changer ». Pour sa part, le ministre de la Défense, Élias Murr, a menacé de « prendre position » à ce sujet, au prochain Conseil des ministres, s’il n’obtient pas satisfaction. Les ministres Hassan Sabeh et Trad Hamadé devaient affirmer qu’un fonctionnaire chiite devait être remplacé par un chiite et que « ce n’est pas le moment de procéder à des changements sur ce plan, telle n’étant pas la tâche du gouvernement en place ». Les services de sécurité Sur un autre plan, M. Rizk a indiqué qu’à la demande du ministre de la Défense Élias Murr, le général Georges Khoury a été nommé à la place du général Raymond Azar à la tête des services de renseignements militaires. Il a ajouté que le chef de la Sûreté de l’État, le général Édouard Mansour, a été mis à la disposition du gouvernement et que son successeur serait nommé ultérieurement. L’intérim sera assuré par le général Hassan Fawaz. M. Rizk a enfin indiqué qu’à la demande du ministre de l’Intérieur Hassan Sabeh, le général Achraf Rifi remplace à la direction des Forces de sécurité intérieures (FSI) le général Ali Hajj. On rappelle que M. Mikati, dont le gouvernement a été formé le 19 avril, s’était engagé à mettre à l’écart les six chefs de services de sécurité et le procureur général. Le général Ali Hajj, le général Azar et M. Addoum étaient très proches de l’ancien patron des renseignements militaires syriens, le général Rustom Ghazalé, qui a quitté mardi le pays dans le sillage des troupes syriennes qui y étaient basées depuis 29 ans. La révocation de M. Addoum et le limogeage des chefs des services de sécurité ont été également décidés pour faciliter l’enquête de l’Onu sur l’assassinat de Rafic Hariri. La commission, qui doit incessamment entamer son travail, est arrivée hier à Beyrouth. Elle est présidée par Mark Quaterman. Par la résolution 1595, adoptée le 7 avril, le Conseil de sécurité de l’Onu avait ordonné une enquête internationale indépendante et la création d’une commission d’enquête ad hoc, basée au Liban, pour faire toute la lumière sur cette affaire. Le Conseil de sécurité s’était basé sur le rapport d’une commission d’enquête présidée par Peter Fitzgerlad, qui a enquêté en mars au Liban et rencontré, outre les responsables de la sécurité, des officiels et des membres de l’opposition.
Un nouveau symbole de « l’ancien régime » est tombé. À la demande du ministre de la Justice Khaled Kabbani, le procureur général Adnane Addoum, bête noire de l’opposition, a été remplacé à partir d’hier par le juge Saïd Mirza, qui était jusqu’à présent président de la chambre criminelle de la cour d’appel du Mont-Liban, a annoncé le ministre de l’Information, Charles...