Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Reportage - Les Irakiens agacés par le retard pris dans la formation du cabinet

«Nous en avons marre d’attendre un nouveau gouvernement », s’exaspère Ammar Hassan, 40 ans, un ingénieur de Baaqouba, alors que les tractations sur la formation du gouvernement irakien tardent à aboutir, douze semaines après la tenue des élections. « Plus de 100 cardinaux à Rome, qui avaient une tâche bien plus ardue, ont réussi en deux jours à élire un nouveau pape. Il n’y a aucune raison pour que (la formation du gouvernement) soit si longue », poursuit-il. Pour beaucoup d’Irakiens, le temps est venu de mettre en place un gouvernement à la tête du pays, qui connaît une flambée de violence : depuis le début de la semaine, au moins sept attentats à la voiture piégée, pour la plupart menés par des kamikazes, ont été commis dans la seule capitale Bagdad. « Comment peut-on espérer une meilleure sécurité quand les politiciens sont incapables de s’entendre », ajoute l’ingénieur de Baaqouba, à 60 kilomètres au nord-est de Bagdad. Les tractations du gouvernement entre les vainqueurs des élections du 30 janvier dernier, boycottées par nombre de sunnites, durent depuis deux semaines, mais aucun résultat tangible n’en est pour l’heure ressorti. Le Premier ministre désigné, le chiite Ibrahim Jaafari, s’est vu confier le 7 avril la formation de ce gouvernement. Il dispose techniquement d’un mois pour pouvoir le faire. Le président Jalal Talabani, un Kurde, a relayé vendredi les exaspérations de la rue, en des termes plus feutrés. « Je suis frustré par le retard pris dans la formation du gouvernement », a-t-il affirmé. « Il y a des différends concernant l’attribution des postes ministériels et je ne peux pas fixer de date pour la formation du gouvernement », a-t-il ajouté, tout en défendant l’idée d’« un gouvernement “d’union nationale”, comme convenu avec la liste irakienne unifiée », soutenue par le clergé chiite et grande gagnante des élections avec 146 élus au Parlement sur 275 sièges. Le Premier ministre sortant Iyad Allaoui a pour sa part appelé samedi, dans un communiqué, « toutes les forces politiques participant aux consultations à accélérer la formation d’un gouvernement pour capitaliser sur les résultats des élections et poursuivre la marche démocratique » du pays. La liste de coalition kurde, arrivée seconde, peut compter de son côté sur 77 députés au Parlement. Preuve des difficultés rencontrées par M. Jaafari, la troisième liste, celle de M. Allaoui, a posé comme condition à son entrée au cabinet l’obtention d’un poste de vice-Premier ministre et de quatre ministères. Des sunnites non représentés au Parlement, réunis autour du vice-président Ghazi al-Yaouar, ont exigé pour leur part 8 postes ministériels, dont celui d’un vice-Premier ministre, et demandé une réunion sous 24 heures regroupant tous les groupes pour trancher la question de la formation d’un cabinet. Si cette étape dans la vie politique de leur pays est franchie avec succès, certains Irakiens craignent que le gouvernement ne soit peu ou prou sous tutelle américaine, au moins tant que la violence perdurera. « Je crois que les Américains contrôlent la situation », souligne Aziz Abbas, 55 ans, un menuisier de Bagdad, doutant que les ministres puissent agir librement. « La principale chose dont nous avons besoin, c’est la sécurité et qu’on stoppe les actions des insurgés. Il nous faut un gouvernement fort », poursuit-il, soulignant qu’il n’y avait pas tant de problèmes sous le président déchu Saddam Hussein. « Nous sommes dans un trou noir à cause de ce retard », insiste quant à lui Saleh Mehdi, un boulanger de 51 ans. ` Ali YOUSSEF (AFP)
«Nous en avons marre d’attendre un nouveau gouvernement », s’exaspère Ammar Hassan, 40 ans, un ingénieur de Baaqouba, alors que les tractations sur la formation du gouvernement irakien tardent à aboutir, douze semaines après la tenue des élections.
« Plus de 100 cardinaux à Rome, qui avaient une tâche bien plus ardue, ont réussi en deux jours à élire un nouveau pape. Il n’y a...