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ÉCLaIRAGE - Un timing étonnant pour l’envoi du drone au-dessus des localités du nord d’Israël Le Hezbollah adresse des messages aux Israéliens, à l’Onu et aux acteurs libanais

Lorsqu’en novembre dernier, le Hezbollah avait envoyé Mersad 1 dans le ciel israélien, il laissait déjà entendre qu’il y aurait un second survol. C’est désormais chose faite. Dans l’après-midi de lundi, Mersad 1 (ou 2, c’est au choix) a de nouveau survolé les localités au nord d’Israël et il a pu rentrer, comme la première fois, indemne au Liban. L’événement, car c’en est un – tant la possession par le Hezbollah de drones (avions sans pilotes) en mesure de survoler les localités israéliennes et de déjouer l’impressionnant système de surveillance établi par l’armée israélienne le long de la frontière libanaise bouleverse les données militaires –, mérite qu’on s’y arrête. Surtout que le Hezbollah est tout sauf un parti impulsif qui agit sur un coup de tête. Si le commandement de la formation a donc choisi ce timing pour réaliser cette opération spectaculaire, c’est qu’il avait sans doute de nombreux messages à adresser par ce biais. Selon une source proche du Hezbollah, l’objectif principal de ce survol est de rappeler aux Israéliens que malgré ce qui se passe sur la scène intérieure libanaise, ils ne sont toujours pas en mesure de modifier les règles du jeu au sud du pays. La source précise que pour le Hezbollah, depuis le retrait de ses troupes en 2000, Israël n’a cessé de tenter d’imposer de nouveau sa politique d’hégémonie au sud, d’abord pour effacer l’impact négatif de ce retrait sur les Israéliens eux-mêmes, et ensuite pour imposer au Hezbollah sa supériorité technologique et militaire. De plus, ces derniers mois, les Israéliens ont intensifié leurs violations de l’espace aérien libanais, tentant ainsi de créer une sorte de fait accompli sur le terrain, en rendant ces violations quasi naturelles au point que plus personne ne songe à les relever. Une force de dissuasion Or c’est justement cette réalité que conteste le Hezbollah, qui, en envoyant son drone au-dessus des localités du nord d’Israël, a essentiellement voulu réaffirmer son rôle de force de dissuasion au Sud. Pour lui, il ne serait pas question de modifier en faveur d’Israël l’équation existant à la frontière, ni de profiter des bouleversements sur la scène libanaise pour gagner des acquis au Sud. Et si, en plus, le survol du drone du Hezbollah coïncide avec la rencontre entre le président américain George W. Bush et le Premier ministre israélien au Texas, c’est tant mieux aux yeux du Hezbollah, le message n’en sera que plus clair et plus percutant. Car si le principal objectif du Hezbollah est de s’adresser aux Israéliens, il souhaite aussi envoyer des messages aux Américains et à l’Onu en général. Officiellement, il s’agit de réaffirmer à la communauté internationale, et plus particulièrement aux Nations unies et à leur secrétaire général, que la résolution 425, relative au retrait total israélien du Liban, n’a pas encore été appliquée, contrairement aux affirmations de M. Kofi Annan et de ses émissaires. Les Israéliens continuant de violer l’espace aérien libanais, le Hezbollah s’estime autorisé à riposter de la même manière. C’est l’équation que le Hezb veut imposer et, même s’il refuse de commenter officiellement les réactions des responsables israéliens, il ne peut s’empêcher de trouver « étonnantes » les déclarations israéliennes, selon lesquelles le survol du drone du Hezbollah constitue une atteinte à la souveraineté de l’État hébreu. Selon la formation, le contentieux libano-israélien est loin d’être réglé, et par conséquent avant de songer à appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité, dans son article relatif au désarmement du Hezbollah, il faudrait commencer par appliquer la 425 dans sa totalité. Il ne s’agit plus seulement du problème que constitue le secteur des fermes de Chebaa, que l’Onu refuse d’intégrer à la résolution 425, considérant qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé par les Israéliens pendant la guerre de 1967, mais de toute une série de griefs, dont la violation de l’espace aérien libanais n’est pas le moindre. Ne pas « oublier l’essentiel » Enfin, à l’heure où la communauté internationale réclame à cor et à cri l’application de la résolution 1559, tout en acceptant de considérer le thème du désarmement du Hezbollah comme un sujet interne libanais, le Hezbollah réaffirme que la résistance reste une nécessité et que ce qui se passe à l’intérieur n’affecte en rien sa capacité à riposter aux agressions israéliennes, ni sa vigilance, et encore moins son rôle. Mais en envoyant lundi Mersad 1 au-dessus des localités au nord d’Israël, le Hezbollah a voulu aussi adresser un message à l’intérieur aussi bien aux loyalistes qu’aux opposants. C’est un peu comme s’il souhaite rappeler à tous les acteurs libanais que le Sud continue à vivre une période de tension avec Israël et qu’il ne faut jamais oublier cette évidence. Pour le Hezbollah, les bouleversements internes ne doivent pas faire perdre de vue le facteur de déstabilisation israélien. L’essentiel, pour lui, reste là et la lutte entre opposants et loyalistes ne doit pas détourner l’attention du conflit initial et faire oublier qui sont les véritables ennemis du Liban. Face à un tel enjeu, les interminables conflits, suivis de bouderies sur la répartition des portefeuilles ministériels, paraissent un peu dérisoires pour le Hezbollah (et pour de nombreux Libanais d’ailleurs). Mais pour s’en rendre compte, les responsables concernés devraient avoir une vision un peu moins étroite des intérêts du pays... Scarlett HADDAD
Lorsqu’en novembre dernier, le Hezbollah avait envoyé Mersad 1 dans le ciel israélien, il laissait déjà entendre qu’il y aurait un second survol. C’est désormais chose faite. Dans l’après-midi de lundi, Mersad 1 (ou 2, c’est au choix) a de nouveau survolé les localités au nord d’Israël et il a pu rentrer, comme la première fois, indemne au Liban. L’événement, car c’en...