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L’opposition dénonce la volonté de proroger le mandat de la Chambre et met en garde contre davantage d’interventions étrangères Karamé aurait donné 24 heures à ses alliés pour qu’ils lui laissent les coudées franches

La crise gouvernementale et les causes et les conséquences de l’échec de la troïka à former un nouveau cabinet ont été hier, naturellement, au cœur de la vie politique libanaise. Le Premier ministre désigné, Omar Karamé, s’est ainsi volontairement exilé en plein cœur du Liban-Nord, à Békaa Sefrine, et une source gouvernementale, interrogée par L’Orient-Le Jour, a fait comprendre que l’Effendi aurait donné « maximum 24 heures à ses alliés de Aïn el-Tiné pour qu’ils fassent leur choix ; et s’ils ne le laissent pas travailler comme il l’entend et former le cabinet comme il le conçoit, Omar Karamé se récusera ». Une source du même genre, interrogée par l’AFP en milieu de journée, avait été plus ou moins dans le même sens, précisant qu’il n’y avait plus de consultations, que « tout est suspendu », et que « toutes les possibilités sont désormais ouvertes ». Quant au ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Sami Minkara, proche de Omar Karamé, il a clairement fait comprendre, interrogé par la LBC, que le PM désigné n’allait pas supporter très longtemps cette situation. Son collègue à l’Environnement, Wi’am Wahhab, a estimé que les obstacles à la formation du nouveau cabinet sont essentiellement liés à l’attribution des portefeuilles, ainsi qu’à « l’égoïsme » des uns et des autres. Un constat nuancé par le ministre démissionnaire de la Défense, Abdel-Rahim Mrad, qui a déclaré que les obstacles ne se limitent pas qu’aux portefeuilles, mais aussi « aux noms », assurant qu’il serait « inadmissible qu’un autre que Omar Karamé forme le gouvernement » à venir. Pour sa part, l’ancien Premier ministre Sélim Hoss, fidèle à la (troisième) voie du « ni l’un ni l’autre » qu’il s’est tracée depuis plusieurs semaines, s’est déchaîné aussi bien contre le pouvoir que contre l’opposition, « qui se jouent du pays et des citoyens en faveur de leurs intérêts personnels ». « Les citoyens, prisonniers d’une crise idiote et destructrice, ont accueilli la nouvelle de l’échec des gouvernants à former un nouveau cabinet, dus aux tiraillements au sujet des portefeuilles, avec colère – plus, avec dégoût. Quant à l’opposition, qui ne voit et ne pense qu’à ses intérêts électoraux, elle appelle à la formation d’un nouveau gouvernement tout en s’en lavant totalement les mains, sous le prétexte qu’elle a réussi à gagner une popularité illusoire », a affirmé l’ex-n° 3 de l’État. De son côté, le député de Saïda Oussama Saad a estimé que l’échec des présidents « est le signe d’une réelle crise qui secoue le pays et le menace de graves dangers, tant sur les plans politique et économique que financier. L’heure n’est pas à la concurrence à propos de portefeuilles ministériels, alors que le Liban est en proie aux vents américains », a-t-il ajouté. Quant à l’opposition, elle s’est manifestée hier par la voix, notamment, de quelques députés beyrouthins du bloc Hariri. Ainsi, outre Ghazi Aridi (lire par ailleurs), Jean Oghassepian a exprimé hier une crainte fondamentale : que les atermoiements dans l’accomplissement et l’aboutissement des échéances constitutionnelles « ne mènent à davantage d’ingérences étrangères visant à internationaliser les législatives en cas de prorogation du mandat de la Chambre... Ce qui entraînerait peut-être une nouvelle résolution onusienne qui imposerait un parrainage international des élections », a-t-il indiqué. Son colistier Atef Majdalani s’est pour sa part déchaîné contre « la farce – intitulée “formation du gouvernement” – jouée au palais de Baabda et dont chaque acte est présenté aux citoyens. L’opinion publique sait désormais ce qui se cache derrière ces annonces officielles à propos de distribution de portefeuilles et de conditions de ministrables : tout cela ne vise qu’à noyer la formation, dynamiter les élections et proroger le mandat de la Chambre », a assuré le député de Beyrouth, qu’a conforté par les mêmes conclusions un autre de ses colistiers, Hagop Kassardjian. Enfin, le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, a lui aussi estimé que les obstacles « posés par les gens du pouvoir visent à saper la formation du gouvernement, à dynamiter les élections et à balancer le Liban dans un cycle de vide et de perdition ». Z. M.

La crise gouvernementale et les causes et les conséquences de l’échec de la troïka à former un nouveau cabinet ont été hier, naturellement, au cœur de la vie politique libanaise.
Le Premier ministre désigné, Omar Karamé, s’est ainsi volontairement exilé en plein cœur du Liban-Nord, à Békaa Sefrine, et une source gouvernementale, interrogée par L’Orient-Le Jour, a fait...