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MUSIQUE - L’Orchestre symphonique libanais à l’église Saint-Joseph (USJ) Un concert placé sous le signe de la paix (PHOTO)

Une église illuminée, les mélomanes sont au rendez-vous mais guère aussi nombreux que d’habitude. Circonstances obligent. Au pupitre, Dr Walid Gholmieh propose une minute de silence, debout, en souvenir de Sa Sainteté Jean-Paul II, « l’homme de la paix ». Recueillement absolu de l’auditoire. Les bancs crissent quand le public reprend sa place pour écouter l’Orchestre symphonique national libanais au grand complet placé sous la houlette du maestro Wojcieh Czepiel. Au menu, concis mais dense, trois œuvres de Richard Wagner, Abdallah Hani el-Masri et Ludwig van Beethoven. Mélange d’atmosphère et d’inspiration. Premières mesures majestueuses de l’Ouverture des maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner. Une ouverture aux accents majestueux mais où ne manquent ni une certaine joie ni une certaine fraîcheur sous le couvert de phrases aux orgues retentissantes. Un matin radieux est bien le sous-titre de ce passage qui sied parfaitement au moment. Un finale grandiose dans son apothéose après un généreux développement d’un thème adroitement mené. Changement de ton et de registre avec la Symphonie n° 2 de Abdallah Hani el-Masri qui prolonge la liste de compositeurs libanais que l’Orchestre symphonique national libanais se fait un devoir et un plaisir de faire découvrir à l’auditoire. Symphonie connue aussi par Symphonie de chambre tant l’orchestre est réduit pour donner la réplique au soliste de violoncellle : ici l’archet est cédé à Olga Miziuk qui s’en tire très bien d’affaire. Orientalité du propos avec une influence russse évidente tant les dissonances et les stridences sont stravinskiennes. Une œuvre habitée d’un lyrisme moderne qui reflète aussi des préoccupations passionnelles où angoisse, colère et une tendresse à peine révélée s’harmonisent en tonalités heurtées mais maîtrisées. Présence chaleureuse des percussions qui donnent aux notes une dimension de rêve et d’évasion vers des horizons lumineux. Petit entracte et place à l’une des plus belles symphonies du maître de Bonn qui a abordé tous les genres avec un égal bonheur. On écoute ici la 7e symphonnie en la majeur, qualifiée par Wagner d’apothéose de la danse, à cause des rythmes impétueux qui apparaissent dès le premier mouvement. Un vivace d’une insolente vitalité! Quatre mouvements (poco sostenuto-vivace, allegretto, presto et allegro con brio) pour dire toute la passion beethovenienne dans sa fougue indomptable et son éclat incendié. Romantisme lâché à bride abattue dans cette œuvre qui change de couleurs comme une forêt prise dans le collimateur des saisons... On rattache cette symphonie à une tranche d’histoire mais ni Wellington ni les blessés de Napoléon à Hanau n’en sont aujourd’hui la gageure ni les véritables échos... Par-delà l’écran du temps, la musique parle pour elle-même et on retrouve, péremptoire, la voix de Beethoven. Une voix tonnante et véhémente jusqu’au tutti final qui, à travers une coda éclatante de joie, met un magnifique point d’orgue à toutes les nuances qui n’ont cessé de se déployer tout au long d’une narration d’une richesse sonore inouïe. Les dernières notes éteintes, salve d’applaudissements d’un public enthousiaste et comblé. La musique a toujours eu le don de parler à l’âme. Surtout aux moments de grande détresse et de grand désarroi. Musique indispensable et consolatrice... Edgar DAVIDIAN

Une église illuminée, les mélomanes sont au rendez-vous mais guère aussi nombreux que d’habitude. Circonstances obligent. Au pupitre, Dr Walid Gholmieh propose une minute de silence, debout, en souvenir de Sa Sainteté Jean-Paul II, « l’homme de la paix ». Recueillement absolu de l’auditoire. Les bancs crissent quand le public reprend sa place pour écouter l’Orchestre...