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Une députée européenne à Beyrouth et à Damas pour vérifier la progression du Liban vers la souveraineté Un report injustifié du scrutin aura des conséquences sur les relations entre l’UE et le Liban, affirme Véronique de Keyser

Le Parlement européen ne signera pas l’accord d’association paraphé entre l’UE et la Syrie avant que Damas n’applique la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui appelle au retrait total des troupes syriennes du Liban et à la fin des ingérences de Damas dans les affaires internes du Liban. Mme Véronique de Keyser, députée belge et rapporteur (au sein de la commission des Affaires étrangères du PE) de l’accord d’association entre l’Union européenne et la République syrienne, l’a réaffirmé au cours d’une visite d’information qu’elle a effectuée vendredi et samedi avant de se rendre à Damas. « Je suis là pour vérifier l’avancement du Liban vers sa souveraineté. » C’est par ces termes qu’elle a défini l’objectif de sa visite de quarante-huit heures au cours de laquelle elle a eu des entretiens avec Mme Bahia Hariri, MM. Amine Gemayel et Walid Joumblatt, ainsi qu’avec M. Hussein Hajj Hassan, député du Hezbollah, et des responsables du ministère des Affaires étrangères. Mme de Keyser a plaidé en faveur de la tenue des législatives dans les délais et assuré que le désarmement du Hezbollah est une affaire qui concerne les seuls Libanais. Elle a en outre affirmé que le dossier des Libanais détenus en Syrie est à l’ordre du jour de ses entretiens à Damas. « La signature de l’accord d’association entre l’UE et Damas se mêle involontairement à l’agenda libanais, a-t-elle déclaré. En principe, il n’a rien à voir avec le Liban, mais en réalité, il nous est difficile de le signer aussi longtemps que la 1559 n’est pas complètement accomplie, aussi longtemps que nous ne sommes pas sûrs que le Liban peut évoluer en toute souveraineté vers la reprise totale de son autonomie, aussi longtemps que nous ne sommes pas sûrs que les relations entre Beyrouth et Damas se normalisent et restent des relations d’amitié et de bon voisinage », a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse qu’elle a tenue à l’hôtel Le Gabriel en présence du chef de la Délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld. Après avoir indiqué que la signature ne va pas être repoussée aux calendes grecques, Mme de Keyser a affirmé que « le Parlement européen attend la tenue d’élections rapides, de préférence dans les délais légaux parce qu’il en va de la crédibilité du Liban ». « Nous souhaitons que ce scrutin donne au monde le signal d’un Liban qui va vers sa souveraineté avec la plus grande transparence. La tenue de ces élections est aussi importante pour vous que pour nous », a-t-elle ajouté, en soulignant le souci du Parlement européen « d’aider (sur le plan économique) au maximum un Liban souverain ». La députée européenne a en outre plaidé en faveur de la présence d’observateurs aux élections. « Cela ne signifie pas que nous doutons des élections ou de la démocratie libanaise, mais pour un pays qui accepte des observateurs, c’est une sorte de garantie. Nous voulons attester que tout a été régulier, ou plus ou moins régulier », a-t-elle dit. Si elle a expliqué que l’observation des élections s’effectue « avant, durant et après » la consultation populaire, elle a assuré qu’il n’est pas question pour le Parlement européen de s’immiscer au niveau de l’élaboration de la loi électorale. Interrogée au sujet d’un éventuel report des élections, Mme de Keyser a affirmé qu’un ajournement « injustifié aura des conséquences sur les relations entre le Liban et l’Union européenne ». « Cela poserait pour nous un sérieux problème de crédibilité de l’évolution du Liban », a-t-elle insisté. Et d’enchaîner en s’adressant aux Libanais: « C’est dans votre camp que se trouve la possibilité de faire bouger le gouvernement et non pas dans le camp de l’UE. Vous avez montré un vrai sens des responsabilités, un courage extraordinaire, des manifestations venant de bords très divers pour pousser à un changement. Si les élections sont ajournées, c’est à vous que je vais demander pourquoi vous êtes-vous arrêté de pousser et qu’est-ce qui se passe actuellement au Liban. Le monde entier s’interrogera sur cette panne libanaise. » Concernant le désarmement du Hezbollah, Mme de Keyser a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une affaire qui concerne les Libanais seulement. « Je n’ai pas dit que toute la 1559 doit être complétée avant la signature de l’accord d’association. C’est le volet syrien qui nous importe dans la 1559 », a-t-elle dit, confirmant que de fortes pressions américaines ont été exercées sur le Parlement européen pour que le Hezbollah soit inscrit sur la liste des organisations terroristes. Mme de Keyser a en outre souligné qu’elle abordera avec les dirigeants syriens la question des détenus libanais en Syrie, mais sans pouvoir dire pour l’heure si cette affaire, en rapport direct avec le dossier des droits de l’homme auquel l’UE attache une importance particulière, risque de bloquer la signature de l’accord d’association avec Damas. « Les 30 et 31 mars dernier, une audition sur les aspects politiques et sur les droits de l’homme en Syrie a été tenue au PE, a-t-elle déclaré. La question des prisonniers y a été évoquée. Elle sera bien entendu évoquée à Damas. Il est rare que le PE bloque la signature des accords pour une pure question de droits de l’homme, pour autant que l’on sente chez nos futurs associés la volonté ferme de se saisir de ces dossiers pour les faire aboutir », a-t-elle fait valoir. Dans une conférence de presse à Damas, Mme de Keyser a par ailleurs souligné la nécessité pour Damas « de convaincre le Parlement européen que quelque chose est vraiment en train de changer en Syrie », après avoir appelé au nom du Parlement européen, à la libération de deux députés syriens, Riad Seif et Maamoun Homsi, arrêtés en septembre 2001 en compagnie de huit autres opposants et condamnés à cinq ans de prison sous l’accusation d’avoir voulu « changer la Constitution d’une manière illégale », a-t-elle expliqué. Elle a affirmé avoir été « impressionnée par le sens des responsabilités » de ses interlocuteurs libanais, notamment les opposants, soulignant que « toute l’Europe veut un Liban souverain et ami de la Syrie ». « Nous sommes pour la souveraineté libanaise, la tenue d’élections rapides et pour (l’échange) d’ambassadeurs » entre Damas et Beyrouth, a-t-elle conclu.

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