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Actualités - OPINION

Un aller simple

Finie la « sinistrose », terminées les lamentations, les jérémiades, enfouies la peur, la panique, l’angoisse de lendemains incertains. Le Liban renaît, ressuscite, et toutes les « bombinettes », toutes les menaces, tous les attentats de nuits sans lune n’y feront rien. Le Liban renaît avec force, avec jubilation, il ressuscite avec frénésie, et son cœur bat désormais au rythme de l’espoir, de l’unité retrouvée. Place des Martyrs, place de la Liberté, les Libanais redisent, clament, depuis samedi, d’une même voix : « Plus jamais la guerre », « Plus jamais les divisions ». Le Liban nouveau, né du martyre de Rafic Hariri, ne veut plus renouer avec un passé fait de mensonges, de corruption, de veulerie. Walid Joumblatt a raison : « l’intifada de l’indépendance » était surtout le fait des jeunes, d’une génération longtemps ostracisée. Et cette génération est bien résolue à se faire entendre et à empêcher de nouvelles dérives. Elle ne veut surtout pas qu’on lui vole « ses » victoires, celles qui ont conduit à l’émergence d’une flamboyante conscience politique débarrassée, épurée des carcans d’un passé honni, celles qui ont contribué, permis d’aboutir à l’essentiel : la souveraineté. Ne l’oublions pas, c’est un bouleversement : dans quelques longues heures, dans quelques jours tout au plus, ce qui était inconcevable il n’y a pas si longtemps se produira. Quelques longues heures encore, quelques jours tout au plus, et notre « mur de Berlin » s’effondrera. Irrémédiablement, sans rémission. Les forces syriennes quittent avec armes et bagages, ils quittent, emportant avec eux leurs espions, leurs sbires, piteux exécutants de douteuses besognes. Un aller simple et non plus un aller-retour. Une page de notre histoire qui s’ouvre et que n’arriveront pas à noircir ni les « petits terroristes » de l’ombre, tueurs à gages payés à l’heure, guettés par le chômage, ni les politiciens d’un autre âge qui s’accrochent à des privilèges surannés et qui ne veulent toujours pas comprendre que les temps ont changé. Les jeunes et moins jeunes, réunis place des Martyrs, les milliers de Libanais qui ont retrouvé, samedi soir, « leur » place de l’Étoile, les magnifiques marathoniens du dimanche ne permettront pas que « leur » fête, « leur » liberté soient prises en otages, confisquées, dénaturées. Déjà il y a cinq ans, la grande fête de la libération, celle du Liban-Sud, avait été altérée par le « colis piégé » des fermes de Chebaa. Et ce qui aurait dû être une formidable réjouissance s’est vite transformé en déconvenue. Déception alimentée, entretenue par la Syrie. Un véritable gâchis que les féaux de Damas tentent de rééditer en torpillant ou, à tout le moins, en pipant les prochaines législatives. Mais c’est oublier que ce qui était possible hier ne l’est plus aujourd’hui, et que le Liban est sous étroite surveillance internationale. De la 1559 à la 1595 en passant par le rapport Fitzgerald, le chemin emprunté par le pouvoir est parsemé de clignotants rouges. Clignotants destinés également à la Syrie qui pourrait, demain, avoir d’autres chats à fouetter que de s’occuper des états d’âme de messieurs Karamé, Berry, Kandil et consorts. Ce sont là des évidences que nul ne songerait à contester, en premier lieu l’opposition appelée à définir au plus vite un programme d’action unifié. Walid Joumblatt, encore lui, a remis hier les pendules à l’heure, anticipant la victoire électorale à venir. À trop attendre, en ne levant pas les ambiguïtés, les fruits de cette victoire annoncée auront été rongés par le ver. Place des Martyrs, place de la Liberté, tonne depuis des semaines, depuis l’assassinat de Rafic Hariri, la voix de la conscience. Elle ne connaît ni intérêts personnels ni considérations politiques. C’est elle qu’il faut écouter. C’est celle de l’avenir. Nagib AOUN

Finie la « sinistrose », terminées les lamentations, les jérémiades, enfouies la peur, la panique, l’angoisse de lendemains incertains.
Le Liban renaît, ressuscite, et toutes les « bombinettes », toutes les menaces, tous les attentats de nuits sans lune n’y feront rien.
Le Liban renaît avec force, avec jubilation, il ressuscite avec frénésie, et son cœur bat désormais au...