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« Il existe une Providence qui conduit l’histoire », affirme le chef de l’Église maronite Sfeir à Rome pour les funérailles de Jean-Paul II et le conclave(photo)

À la veille de son départ pour Rome, où il participera aux funérailles de Jean-Paul II puis au conclave pour l’élection d’un nouveau pape, le patriarche Sfeir a présidé une messe de requiem en la basilique Notre-Dame du Liban. Il y a notamment souligné que l’Exhortation apostolique confiée par Jean-Paul II aux Libanais, le 10 mai 1997, avait vocation pour être « la Constitution religieuse et morale » du Liban. Le patriarche a insisté par ailleurs sur le volet national de l’Exhortation apostolique qui commande aux chrétiens et musulmans du Liban d’« intensifier leur coopération, dans un esprit d’abnégation, de souci de l’intérêt général et non de celui d’une communauté ou de personnes ». Durant la cérémonie religieuse, le patriarche avait, à ses côtés, les autres patriarches catholiques orientaux qui, eux aussi, prendront l’avion pour Rome aujourd’hui, en prévision des obsèques du pape. En cours de journée, le patriarche avait confié à une chaîne de télévision locale, la LBCI, qu’il voit le doigt de Dieu dans ce qui s’est passé au Liban. « Dieu est providence et veille sur les hommes, a affirmé le chef de l’Église maronite. Ce qui s’est passé au Liban était complètement imprévu. Et pourtant, ce qui s’est passé a eu lieu après 30 ans d’attente. Dieu l’a voulu ainsi. Personne ne croyait que ces Libanais appartenant à des communautés différentes s’uniraient autour d’un même mot d’ordre (…) personne n’espérait que les choses iraient aussi vite et que les grandes puissances se tiendraient aussi fermement aux côtés du Liban, que celui-ci serait libéré de contraintes qui duraient depuis tant d’années. Il existe une Providence qui conduit l’histoire sans que nous en soyons conscients. » Sur la sincérité de l’action américaine au Liban, le patriarche a noté : « Certes, les grandes puissances, tout comme les particuliers, agissent conformément à leurs intérêts. Il y a là une règle. Lorsque ces intérêts concordent avec ceux des autres, les choses prennent un cours favorable. Sinon, ce cours est défavorable », a-t-il ajouté. Le changement de mentalités « L’Exhortation apostolique a eu un grand impact » sur les chrétiens du Liban, a-t-il dit. « Mais comme vous le savez, les mentalités ne changent que lentement et progressivement, Exhortation apostolique ou pas. Du reste, lorsque l’Exhortation apostolique leur a été confiée, les Libanais n’étaient pas libres, même dans leur manière de réfléchir. Des forces faisaient pression sur eux, les obligeant à accepter ce qu’ils haïssaient ou ne voulaient pas. Je ne cherche pas des excuses, mais je dis les choses comme elles sont. » « Avec le retrait de l’armée syrienne et des services de renseignements syriens, nous espérons que les Libanais pourront jouir de leur pleine liberté et du libre exercice de leur volonté, a ajouté le patriarche. Mais ceci est un souhait, et il reste beaucoup d’entraves, d’obstacles et d’égoïsmes » à éliminer, qui continuent d’empêcher les Libanais de faire l’expérience de leur pleine liberté. Le Liban, comme la Pologne Sur un autre plan, le patriarche a affirmé que « le pape a aimé le Liban comme il a aimé la Pologne, car les deux nations ont quelque chose en commun, toutes deux ont des voisins qui convoitent leurs territoires ». Sur la possibilité de se voir élu pape, naïvement avancée par certains journalistes, le patriarche Sfeir a réagi par un mot d’humour : « Ce serait aussi hautement inhabituel qu’impossible, a-t-il dit. À mon âge, et j’en rends grâce à Dieu, un homme doit s’occuper de son âme plutôt qu’assumer une charge aussi lourde. » Les délégations patriarcales seront de retour au Liban, dimanche, mais sans le patriarche Sfeir, qui restera au Vatican pour le conclave, à l’invitation du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pontificale pour la doctrine de la foi. Certes, à 84 ans, le cardinal Sfeir n’a plus le droit de vote au conclave. Cependant, sa présence semble avoir été jugée souhaitable en raison de son expérience pour tout ce qui concerne les relations islamo-chrétiennes, l’une des principales questions auxquelles devra faire face le nouveau pape. On apprenait enfin, de source informée, qu’une délégation de Dar el-Fatwa pourrait se rendre à Rome pour assister aux funérailles de Jean-Paul II et rendre ainsi hommage à son action inlassable en faveur du dialogue des religions et des civilisations.

À la veille de son départ pour Rome, où il participera aux funérailles de Jean-Paul II puis au conclave pour l’élection d’un nouveau pape, le patriarche Sfeir a présidé une messe de requiem en la basilique Notre-Dame du Liban. Il y a notamment souligné que l’Exhortation apostolique confiée par Jean-Paul II aux Libanais, le 10 mai 1997, avait vocation pour être « la Constitution...