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Actualités - CHRONOLOGIE

Humeur Ensemble pour une culture d’exception

Décidément dans ce pays personne ne comprend rien à rien, à l’exception, peut être, d’une poignée dont l’œil vigilant rivé sur l’horizon de la ligne bleue de la Méditerranée rêve d’un Liban beau, fort et épanoui. Rêve louable, admirable et dont nous partageons démocratiquement l’idéal démocratique. Du coup, le reste de ce pays se trouve remisé dans la classe des redoublants devant subir ipso facto des cours de rattrapage pour enfin reconnaître et admettre ce paradoxe que des événements malvenus qui font mal à tant de monde sont parfois supportés pour le bien de chacun… Le compte à rebours a commencé. Dans une semaine, le Liban entamera une série de manifestations pour commémorer le trentenaire du début de la guerre. Triste célébration. L’appel à participation n’en est que plus appuyé. Les «gens de la culture», comme on les appelle, les artistes de tous bords ne manqueront pas de profiter de cette occasion pour affirmer que « la culture dans ce pays ne doit pas mourir». Et d’y participer avec conscience et assurance. Et contre tout assoupissement esthétique, ils militeront. Ils militeront pour une culture vivace sans tabous, censure ou restrictions budgétaires. Une poétique de l’inconvenance qui sème des turbulences et viole les évidences. Une culture qui pille et vitupère, crache, claque, bande. Bref, une culture qui rassérène. Et pour que vive une culture d’actualité, ouvrons ici même un «gueuloir» nécessaire et salutaire. Nous avons pour l’heure une bonne raison de gueuler et nous allons le faire avec discernement et une détermination irréfragable. Les artistes ne renonceront pas malgré tous les protocoles de la honte et de la mauvaise foi. Ils ne se tairont pas parce qu’ils ne veulent pas de ce silence pesant qui règne dans nos villes. Ces «gens d’en haut» qui mènent la danse et dont le portefeuille des idéaux est tant à découvert veulent-ils étendre ce silence culturel, ce «sans-âme», ce forfait contre l’intelligence et l’imagination ? La culture se tisse de fourmillements, de tâtonnements, de débordements et de remue-ménage. De transgressions, de désirs, de dénonciations, de rêves et de colères. De rires et larmes. Elle s’oppose, par nature, à tout endormissement et abrutissement qui plongent dans un coma profond tel celui dans lequel on risque de s’enfoncer (à nouveau) dans notre ville. Cette acculturation qui risque de s’installer actuellement de façon insidieuse est grave, sinistre, inacceptable. Les artistes s’opposeront avec toute la hargne, l’emportement et la fantaisie dont ils sont capables à ce mouvement de fond qui tend à l’épuisement généralisé de la culture. Leurs moyens sont les leurs et ils sont artistiques; ils continueront à créer; c’est un luxe, celui de leur précarité assumée. Tous ensemble nous allons dire non. Nous allons le crier, le danser, le chanter, le filmer, le chorégraphier, l’écrire, le peindre, le mimer… Tous, nous continuerons à dire non et ferons en sorte que cela siffle de bien de manières aux oreilles d’en haut. D’en bas. D’à côté. Mais au juste, où en sommes-nous? L’état actuel ressemble un peu à ce scénario incongru. Un peu à la manière d’un médecin qui vous assènerait un bon coup de marteau sur la tête pour aussitôt vous proposer une consultation sur l’état de santé de vos orteils. On imagine la pertinence de la prescription qui vous serait alors administrée ! Cela étant, les artistes seront plus que déterminés à poursuivre leurs activités qui ne sombreront pas dans la morosité, bien au contraire. Ils redoubleront d’inventivités mordantes, d’humour intempestif et, armés de notre vigilance poétique, ils chercheront toujours à vous surprendre et en appeler à votre sagacité. Plus que jamais, nous avons besoin de cette présence attentive d’un public solidaire pour que se vive ensemble une culture d’exception. Maya GHANDOUR HERT
Décidément dans ce pays personne ne comprend rien à rien, à l’exception, peut être, d’une poignée dont l’œil vigilant rivé sur l’horizon de la ligne bleue de la Méditerranée rêve d’un Liban beau, fort et épanoui. Rêve louable, admirable et dont nous partageons démocratiquement l’idéal démocratique.
Du coup, le reste de ce pays se trouve remisé dans la classe des...