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Actualités - CHRONOLOGIE

Aïn el-Tiné - Le Rassemblement souhaite l’adoption du mohafazat comme circonscription électorale Les loyalistes demandent à Karamé de tenter de former un « gouvernement pour sauver le pays »...

On nage en plein scénario de l’absurde. En dépit de son désistement annoncé après l’échec de sa tentative de former un gouvernement d’union nationale, Omar Karamé va jouer les prolongations. Officiellement, c’est à la demande du Rassemblement de Aïn el-Tiné, dont les « têtes de file » se sont réunies hier à la résidence du président de la Chambre, que M. Karamé a accepté, après de longues discussions, de tenter à nouveau de former un gouvernement. Selon M. Nabih Berry qui a lu le communiqué final, le Rassemblement affirme rester plus que jamais attaché à la formation d’un gouvernement d’union nationale, mais il laisse à Omar Karamé le choix de décider de la forme du prochain gouvernement et du nombre de ses membres, qui aura pour mission de « sauver le pays ». Retour donc à la case départ avec toutefois une apparente volonté de conciliation de la part du « camp loyaliste », qui accepterait donc un gouvernement d’entente (et non « d’union »), au cas où M. Karamé déciderait d’en former un. La balle est donc dans le camp de ce dernier, qui a quitté la réunion sans faire la moindre déclaration, et qui devra consulter ses alliés et envoyer de nouveaux émissaires dans toutes les directions pour tenter de parvenir à la formation d’un nouveau gouvernement qui, comme l’a dit le chef de l’État, bénéficierait de l’approbation de toutes les parties, à défaut d’être un gouvernement d’union nationale. Une réunion de trois heures Trois heures durant, les personnes réunies à Aïn el-Tiné ont donc débattu de la situation. Malgré la forte concentration de voitures dans le périmètre de sécurité de la résidence du président Nabih Berry, il ne s’agissait en fait que d’une réunion restreinte. Les milieux de l’opposition affirment qu’elle a été qualifiée ainsi pour camoufler les nombreux lâchages dans les rangs du Rassemblement. Mais à Aïn el-Tiné, c’est un tout autre langage qui est tenu. En tout cas, le président de la Chambre, dont l’activité un peu limitée ces derniers temps ainsi que l’annulation de son rendez-vous hebdomadaire avec le président de la République deux semaines de suite avaient soulevé de nombreuses questions sur ses véritables positions, a réussi, hier, à remettre à flots le Rassemblement de Aïn el-Tiné. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si c’est lui qui a lu le communiqué final et répondu aux questions des journalistes. Nabih Berry a ainsi voulu dissiper le doute sur sa position réelle, accusant l’opposition de refuser tout dialogue et d’entraver tout processus d’entente. Berry mais aussi l’ensemble des personnes réunies hier à Aïn el-Tiné, notamment Hassan Nasrallah, le ministre Sleimane Frangié et le vice-président de la Chambre Michel Murr, ainsi que les chefs des partis Kataëb et PSNS, considèrent que l’opposition, qui a obtenu 90 % de ses revendications, devrait être plus ouverte aux thèses des loyalistes. Selon les membres du Rassemblement de Aïn el-Tiné, c’est bien l’opposition qui a réclamé la démission du gouvernement, le départ des Syriens, la formation d’une commission internationale d’enquête et la mise à l’écart des chefs des services de sécurité. Or, toutes ces revendications ont été obtenues ou sont en voie de l’être, selon les propres termes de M. Berry, et dans ce cas, les membres du Rassemblement ne comprennent pas pourquoi l’opposition « continue à faire preuve d’un tel négativisme ». Les participants à la rencontre de Aïn el-Tiné ont jugé étonnante l’attitude de l’opposition « qui en est presque arrivée à réclamer le renflouement de l’actuel gouvernement dont elle réclamait pourtant le départ ». « L’adoption du caza a renforcé le climat confessionnel » Au sujet des élections législatives, Nabih Berry a précisé qu’il restait encore 15 jours avant le début des délais constitutionnels pour la convocation du corps électoral. Si Karamé parvient à former un gouvernement et si celui-ci obtient rapidement la confiance du Parlement, tout sera donc encore possible. Mais – et c’est là une des nouvelles trouvailles de Aïn el-Tiné – le Rassemblement insiste pour l’adoption d’une loi électorale basée sur le mohafazat comme circonscription électorale. Selon M. Nabih Berry, il ne s’agit là « que de l’application de l’accord de Taëf, et l’opposition a elle-même réaffirmé qu’elle se plaçait sous le plafond de cet accord ». M. Berry a laissé entendre que le système du scrutin proportionnel pourrait être adopté, mais cela devrait faire l’objet d’un débat. Il a aussi justifié l’adoption de cette mesure en arguant du fait que la proposition du caza comme circonscription électorale a exacerbé le climat confessionnel dans le pays. « Pas de divergences, mais des sensibilités différentes » Un pas donc en arrière, sur le plan du découpage électoral, au moins pour l’opposition, qui l’interprétera sans doute comme une tentative d’entraver le processus électoral. Mais à Aïn el-Tiné, hier, la tendance était plutôt de faire assumer à l’opposition la responsabilité de la situation actuelle. Selon les présents, c’est l’opposition qui refuserait le dialogue et se placerait, du moins certaines de ses figures, dans la ligne du projet américain visant à remodeler la région et à en finir avec les régimes qui font obstruction à la « pax americana ». Les personnalités présentes à la réunion ont nié toute divergence entre les membres du Rassemblement et avec le président de la République, reconnaissant toutefois l’existence de sensibilités différentes, sans être contradictoires. Selon les personnalités présentes, il y aurait plutôt un partage des rôles entre les divers pôles, mais l’ensemble du « camp loyaliste » serait d’accord pour éviter tout vide constitutionnel, tout en rejetant la balle dans le camp de l’opposition. Pas un mot des éventuels lâchages de certaines personnalités, comme Élias Skaff ou Élie Ferzli, sous prétexte qu’ils n’étaient pas invités à cette réunion, limitée aux chefs de parti et aux membres du comité de suivi du Rassemblement. Accusations et contre-accusations, radicalisation dans les deux camps, la situation ne semble pas évoluer vers une solution. Et, pour reprendre les propos de Nabih Berry, il ne reste plus qu’à s’en remettre à Dieu qui, a-t-il dit, « protège le Liban ». Scarlett HADDAD
On nage en plein scénario de l’absurde. En dépit de son désistement annoncé après l’échec de sa tentative de former un gouvernement d’union nationale, Omar Karamé va jouer les prolongations. Officiellement, c’est à la demande du Rassemblement de Aïn el-Tiné, dont les « têtes de file » se sont réunies hier à la résidence du président de la Chambre, que M. Karamé a...