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Actualités - CHRONOLOGIE

Kornet Chehwane, Boutros Harb et Bassem Sabeh réagissent aux derniers événements Les ministres chargés de la sécurité et de la justice désormais au banc des accusés, affirme l’opposition

Ce serait un euphémisme de dire que l’opposition plurielle n’a pas chômé durant les trois derniers jours, entre les cérémonies pour le quarantième de Rafic Hariri, l’attentat de Sid el-Bauchrieh, les retombées du rapport Fitzgerald, la gestion de la crise politique et la poursuite de l’intifada de l’indépendance, place des Martyrs. L’occasion pour l’opposition de prendre certaines positions en flèche par rapport aux derniers événements. Réuni à l’archevêché maronite, le Rassemblement de Kornet Chehwane a publié un communiqué particulièrement virulent, dans lequel il a estimé que le rapport Fitzgerald constitue « une condamnation systématique du régime sécuritaire libano-syrien en place depuis 1990 et de ses annexes politiques ». Kornet Chehwane a renouvelé sa demande d’une commission d’enquête internationale possédant toutes les prérogatives nécessaires, estimant toutefois que cette commission ne pourra mener à bien sa mission qu’« après le départ des chefs des services de sécurité et du procureur général près la Cour de cassation ». « Le Rassemblement juge par ailleurs qu’à la suite de la publication du rapport, les membres du gouvernement démissionnaire, et tout particulièrement les ministres qui sont chargés des affaires sécuritaires et judiciaires, sont désormais au banc des accusés en raison de leur responsabilité politique directe dans l’affaire. Partant, ils doivent se mettre à la disposition de la commission d’enquête internationale, dont nous réclamons la formation, et mettre fin à ces manœuvres auxquelles se livrent certains d’entre eux dans le cadre d’une campagne désespérée pour se défendre », a poursuivi le rassemblement d’opposition. Les permis de port d’armes Kornet Chehwane a en outre appelé le ministre de la Défense à annuler tous les permis de port d’armes, estimant que ce dernier « assumera personnellement la responsabilité directe de tout crime qui aura été commis au moyen de ces armes ». Le Rassemblement a également prôné la formation d’un cabinet de transition formé de personnalités dignes de confiance pour préparer des législatives intègres et transparentes dans les délais constitutionnels, faisant d’ores et déjà assumer au pouvoir la responsabilité de toute tentative de report des élections. Selon Kornet Chehwane, c’est au gouvernement démissionnaire d’appeler les instances électorales dans les délais légaux dans le sens où il assume la responsabilité de la continuité des institutions. Au cas où il porte atteinte à ce principe, « le cabinet risque des sanctions conformément aux principes constitutionnels », a noté le communiqué du Rassemblement. Dans le même état d’esprit, le député Boutros Harb a estimé hier que si le pouvoir insiste pour que l’opposition participe au gouvernement, elle nommera alors pour le cabinet ses représentants non candidats aux élections législatives, c’est-à-dire en l’occurrence des personnalités qui sont considérées comme les « sages » de la vie politique libanaise. S’en prenant lui aussi aux propos tenus par les ministres Addoum, Hammoud, Frangié et Mrad, M. Harb, qui s’exprimait dans le cadre d’un entretien à la LBCI, a noté que chacun des responsables affirme que ses propos n’engagent que lui et ne représentent pas la position officielle. « Les quatre ministres ont reçu des directives de parties qui ne sont pas libanaises, parce que le rapport n’a pas condamné seulement les services libanais, mais aussi les services et le régime syriens. Ce qui fait que les deux régimes syrien et libanais sont tous les deux au banc des accusés et ressentent la nécessité de se défendre », a-t-il indiqué. Sabeh : Un vote de défiance international Même son de cloche du côté du député Bassem Sabeh, qui a estimé que le rapport Fitzgerald constitue « un acte d’accusation contre le pouvoir et son appareil sécuritaire », ainsi qu’« un vote de défiance international contre le régime sécuritaire », et « un appel à une réforme politique, sécuritaire et judiciaire au plan national ». M. Sabeh, qui a tenu samedi une conférence de presse à quelques mètres de la sépulture de Rafic Hariri, a qualifié de « scandale politique et sécuritaire énorme » les propos du ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié, sur l’incapacité des services de sécurité à faire face à ce genre de crime. « Le problème, c’est que les services ne remplissent pas leur rôle. Ils veulent faire de la politique, entrer au Parlement et au Conseil des ministres, et leurs responsables aspirent à devenir députés et ministres », a-t-il indiqué, appelant M. Frangié à « renvoyer chez lui tout l’appareil de travail » qu’il avait installé à son arrivée au ministère de l’Intérieur. Bassem Sabeh s’est par ailleurs demandé quel cabinet d’union nationale il était possible de former, « alors que Rafic Hariri est dans la tombe à quelques mètres d’ici, que Michel Aoun est en exil et que Samir Geagea est en prison ». Il a enfin estimé qu’il existe une volonté délibérée de retarder les législatives parce que le pouvoir sait pertinemment qu’il a entre les mains « la meilleure Assemblée loyaliste qui puisse être ». Le député Abdallah Farhat a lui aussi appelé à la libération de Samir Geagea et au retour de Michel Aoun, seul moyen d’aboutir à une véritable réconciliation nationale. M. Farhat, qui a reçu à Hammana le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, et les représentants du Courant patriotique libre, des Forces libanaises et du Rassemblement national pour la souveraineté, a également estimé que le rapport Fitzgerald condamne le Liban officiel et l’appareil sécuritaire. « Le Liban est désormais poursuivi sur le plan international pour un crime énorme, celui qui a coûté la vie à Rafic Hariri », a-t-il ajouté. De son côté, M. Eddé a mis en exergue « l’extraordinaire joie » que ressentiront les Libanais lorsque le dernier soldat syrien aura quitté le pays.

Ce serait un euphémisme de dire que l’opposition plurielle n’a pas chômé durant les trois derniers jours, entre les cérémonies pour le quarantième de Rafic Hariri, l’attentat de Sid el-Bauchrieh, les retombées du rapport Fitzgerald, la gestion de la crise politique et la poursuite de l’intifada de l’indépendance, place des Martyrs. L’occasion pour l’opposition de prendre...