Rechercher
Rechercher

Actualités

La sortie du ghetto

Nous savons maintenant de quoi est mort le régime. D’asphyxie, du manque de liberté. L’extraordinaire déballage auquel se livrent, depuis la mort de Rafic Hariri, certains de nos hommes politiques les plus courageux a mis à nu les mécanismes de notre asservissement programmé. Par le fait même, il a amorcé le démantèlement du « régime sécuritaire » qu’on cherchait à mettre définitivement en place, et que l’on avait copié dans les manuels des « politburo » des années trente. Et ce qui est non moins extraordinaire, c’est que la plupart de ce qu’on appelle aujourd’hui, au Liban, des « partis nationaux», sont copiés sur le modèle des formations totalitaires de l’entre-deux-guerres. Et que c’est avec ces partis qu’on nous invite à dialoguer sur l’avenir du Liban. Le sursaut de l’indépendance, la déferlante du 14 mars devraient normalement balayer, à terme, toutes ces structures avec leur idéologie figée, leur langue de bois et leurs méthodes d’un autre âge, pour faire place nette, place au vent frais et à la liberté. Mais les « vieux » partis ne sont pas les seuls à devoir se renouveler et s’en aller. Il sera bientôt temps que ceux qui se présentent aujourd’hui comme des courants (Courant du futur, Courant patriotique libre, Mouvement du Renouveau démocratique, courant Forces libanaises, etc.), se transforment en partis véritables. Aujourd’hui, un évêque, Mgr Youssef Béchara, est l’agent fédérateur d’un regroupement de personnalités dont la cohésion est cimentée par leur opposition au régime sécuritaire. Demain, toutes ces forces et personnalités vont nécessairement se différencier pour devenir forces de changement, facteur d’ordre et de cohésion nationale. Le patriarche Sfeir a parlé, aux États-Unis, de la capacité de la démocratie libanaise à se renouveler. Aux forces politiques agissantes de prouver qu’il en sera bien ainsi, que l’avenir ne sera pas sur le modèle du passé, que ce que le droit constitutionnel désigne comme des partis de personnalités s’effacera pour céder la place à des formations plus modernes, plus pensées, plus démocratiques. Mais en même temps que le sang neuf devra donner vie à des structures nouvelles, il faudra aussi brasser de nouveau toutes les composantes d’une société libanaise trop longtemps cloisonnée. On s’aperçoit aujourd’hui, un peu stupéfaits, que nous vivions, depuis un quart de siècle, et c’est long, dans des ghettos, sinon géographiques, du moins sociaux et psychologiques. Que les lignes de démarcation tracées par la guerre avaient subsisté dans les esprits malgré le démantèlement des barrages. C’est le moment aujourd’hui de les franchir, pour aller à la rencontre les uns des autres. L’arrivée, dans le centre-ville, d’une procession du Hezbollah venue se recueillir sur la tombe de Rafic Hariri est hautement symbolique de cette sortie du ghetto qui doit devenir le mot d’ordre de la phase à venir. Mais cette découverte les uns des autres devra nécessairement prendre, aussi, la forme d’une réconciliation. Le 14 mars, dans l’immense désir d’indépendance et l’ivresse de l’identité retrouvée, nous nous sommes côtoyés. Nous devons encore nous réconcilier et, pour le faire, nous connaître, nous pardonner mutuellement, apprendre à être différents ensemble et vivre l’aventure de l’Indépendance retrouvée. Une indépendance dont l’emblème est un arbre, le plus beau, le plus lent à croître, le mieux enraciné, le plus haut, le plus éternel. Fady NOUN

Nous savons maintenant de quoi est mort le régime. D’asphyxie, du manque de liberté. L’extraordinaire déballage auquel se livrent, depuis la mort de Rafic Hariri, certains de nos hommes politiques les plus courageux a mis à nu les mécanismes de notre asservissement programmé. Par le fait même, il a amorcé le démantèlement du « régime sécuritaire » qu’on cherchait à mettre...