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Mémorandum du comité de suivi du Bristol adressé au sommet arabe d’Alger : le pouvoir ploie sous la tutelle syrienne L’opposition plurielle rejette « toute participation au gouvernement à l’ombre de ce régime »

«Nous ne participerons à aucun gouvernement à l’ombre de ce régime. » C’est par ces termes lapidaires que le député Marwan Hamadé a, au nom de l’opposition plurielle, rejeté toute possibilité de participation à un cabinet avant le retrait syrien total, une enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri et des législatives libres en présence d’observateurs internationaux. Réunis au siège de la Gauche démocratique (GD) à Mazraa, les représentants des courants de l’opposition nationale plurielle ont adressé, par ailleurs, un mémorandum aux chefs d’État et souverains arabes qui participent actuellement au sommet d’Alger. L’opposition a mis l’accent, dans son mémorandum, sur le fait que la seule issue à la crise qui secoue actuellement le Liban et la Syrie passe par le retrait total des forces et des services de renseignements syriens du Liban avant les prochaines législatives. L’opposition a également repris les têtes de chapitres du cahier de charges qu’elle avait remis au Premier ministre Omar Karamé durant les consultations, à savoir la formation d’un cabinet de transition dont le rôle serait de mettre fin au régime de tutelle et de régénérer les pouvoirs constitutionnels sur les bases du consensus interlibanais de Taëf. Elle a enfin fait assumer au pouvoir « asservi depuis des années à l’hégémonie syrienne » une grande responsabilité dans l’assassinat de Rafic Hariri. À l’issue de sa réunion – qui a regroupé les députés Fouad el-Saad, Antoine Ghanem, Marwan Hamadé, Farès Souhaid, Mansour el-Bone, Atef Majdalani, Michel Pharaon, Mohammed Kabbani et MM. Samir Frangié, Samir Abdel Malak, Assem Salam, Antoine Haddad, Nadim Lteif, Eddie Abillamaa, Élias Atallah, Hikmat el-Eid, Nadim Abdel Samad, Ziyad Majed, Waël Bou Faour, Antoine Richa, Sassine Sassine et Élie Marouni –, le comité de suivi de l’opposition a tenu une conférence de presse. C’est Marwan Hamadé qui a rendu public le mémorandum. « Le Liban, membre fondateur de la Ligue arabe, a toujours été à l’avant-garde des causes arabes, à commencer par la cause palestinienne et par le conflit israélo-arabe, pour lesquels les Libanais ont consenti des sacrifices durant de nombreuses années. Des sacrifices qui ont été couronnés par la libération de l’occupation israélienne, grâce aux efforts déployés par le peuple libanais et la Résistance libanaise à ses différentes étapes », a indiqué M. Hamadé. L’opposition a dénoncé une nouvelle fois « les ingérences syriennes continues dans les affaires internes, qui ont conduit à la mise en place, par la force, d’un régime sécuritaire anticonstitutionnel, un régime qui a imposé sa poigne sur tous les aspects de la vie publique et privée au Liban jusqu’à proroger pour trois ans le mandat du président de la République en septembre dernier, de manière anticonstitutionnelle ». Malgré cela, et « alors que le peuple libanais se préparait à tenir des élections législatives au printemps, une série d’actions criminelles ont visé les symboles de l’opposition à ce régime sécuritaire », a souligné Marwan Hamadé, évoquant notamment le « miracle » qui lui a permis d’échapper à l’attentat qui l’a visé et qui a coûté la vie à son compagnon Ghazi Bou Karroum, puis l’assassinat de Rafic Hariri, de ses compagnons et d’un grand nombre de citoyens, alors que Bassel Fleyhane était atteint de blessures graves. « Le pouvoir libanais, qui ploie sous le poids de la tutelle syrienne depuis des années, est en grande partie responsable de l’assassinat de Rafic Hariri – par le biais des campagnes d’accusation de trahison et de provocation qu’il a initiées contre l’opposition en général et contre le président-martyr en particulier à la veille de l’attentat – et des tentatives soutenues visant à semer des embûches devant l’enquête », a poursuivi M. Hamadé. L’opposition a ensuite repris sa revendication primordiale de former une commission d’enquête internationale sur l’assassinat, une commission qui soit dotée de toutes les prérogatives nécessaires et qui puisse déterminer les responsabilités de chacun dans cette affaire, « d’autant que la série de scandales liés aux investigations se poursuit », a ajouté le député de Baakline. Relevant que l’accord de Taëf avait bénéficié en 1989 d’une couverture et d’une légitimation arabe, l’opposition a rappelé que c’est pour cette raison qu’elle avait décidé de remettre ce mémorandum au sommet arabe pour expliquer les causes de la crise libanaise dans sa double dimension locale et internationale et pour proposer des solutions préservant la souveraineté, l’indépendance et la libre décision du pays. « Damas assume la responsabilité de la crise endémique entre la Syrie et le Liban (...). La seule issue réside dans le retrait total des troupes et des services de renseignements syriens du Liban avant la tenue des élections législatives. Le peuple libanais tout entier est d’accord sur le fait d’assurer un retrait honorable des forces syriennes et promet à la Syrie qu’un Liban indépendant (...) établira avec elle les meilleures relations de fraternité, d’amitié et de coordination et continuera à soutenir et à protéger ses intérêts légitimes », a poursuivi le mémorandum. L’opposition a réclamé, « pour recouvrer le régime démocratique, et faire la lumière sur l’assassinat et lever tous les obstacles qui entravent l’enquête », la « démission immédiate » des chefs des services de sécurité et du procureur général, et « l’épuration des services de toutes les personnes responsables qui ont porté atteinte à la dignité et à la liberté des Libanais ». « Elle réclame également l’application de toutes les dispositions constitutionnelles visant à empêcher toute ingérence des services dans la vie publique pour couper court, dès à présent, à toute régénération de ce pouvoir sécuritaire anticonstitutionnelle et antidémocratique », a souligné Marwan Hamadé. « Attachée au caractère pacifique, démocratique et constitutionnel de son action, l’opposition libanaise met l’accent sur le fait que la réalisation de ces revendications constitue le point de départ pour sortir le Liban du tunnel dans lequel le pouvoir l’a engouffré », a-t-il poursuivi. « L’opposition rappelle qu’elle est en faveur de la formation d’un gouvernement transitoire qui s’attelle à liquider le régime de tutelle et de servitude et produise un pouvoir national à travers des élections législatives libres rendant au peuple libanais sa souveraineté nationale et son droit à générer ses institutions constitutionnelles sur base du consensus de Taëf », a enfin ajouté M. Hamadé. L’opposition a précisé que certains de ses membres se sont rendus à Alger pour remettre le mémorandum aux délégations arabes participant au sommet. Par ailleurs, des délégations de l’opposition ont visité les ambassades d’Algérie, d’Égypte et d’Arabie saoudite pour leur remettre ce mémorandum. Répondant aux questions des journalistes, Marwan Hamadé a mis en garde contre les atermoiements du pouvoir à former un nouveau cabinet, dans le but de reporter les législatives et de proroger le mandat de la Chambre « pour perpétuer l’état de tutelle et le régime sécuritaire ». « Nous tenons à ce que les élections se déroulent à la date prévue, c’est-à-dire avant la fin du mois d’avril, et après le retrait du dernier soldat et du dernier membre des SR syriens du Liban », a-t-il indiqué. « Formez le cabinet que vous voulez, mais nous ne participerons pas », a-t-il souligné à l’adresse du pouvoir, estimant que « tout retard aggrave la crise à laquelle ils font face », que « les rapports se succéderont » et que l’affaire Hariri « pourrait bien finir devant les tribunaux internationaux ». « Le pouvoir sécuritaire libano-syrien accumulera les erreurs au fil des jours, et à chaque fois que nous ferons un pas supplémentaire en avant, ils seront de plus en plus confus et paniqués », a-t-il ajouté.
«Nous ne participerons à aucun gouvernement à l’ombre de ce régime. » C’est par ces termes lapidaires que le député Marwan Hamadé a, au nom de l’opposition plurielle, rejeté toute possibilité de participation à un cabinet avant le retrait syrien total, une enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri et des législatives libres en présence d’observateurs...