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ÉCLaIRAGE De Moukhtara au Caire, pour défendre la priorité de l’opposition et de Sfeir Les législatives de mai et leurs promesses, nouveau credo joumblattien

Peut-être pressent-il, comme tous les Libanais, que ce sont désormais leurs dernières cartouches que les bâtards de l’ombre sont en train de tirer, à New Jdeidé ou ailleurs. Sans doute connaît-il déjà, comme Bahia Hariri, sinon la teneur du moins le ton du rapport que présentera cette semaine Peter Fitzgerald à Kofi Annan. Très probablement a-t-il tiré des soixante minutes passées hier avec Jeffrey Feltman – ou avant-hier avec Bernard Émié – quelque substantifique et rassurante moëlle, notamment sur le fait que Washington comme Paris ont désormais saisi la délicate imbrication des concepts de liberté-démocratie-souveraineté et d’arabité. Sans doute entend-il, également, d’ici ou d’ailleurs, le chant du cygne fendre désespérément ou criminellement les nuits, chaque jour un peu plus. Pour toutes ces raisons – mais parce qu’il sait, comme tous ses camarades de l’opposition, que là est la clé ; parce qu’il a vu, entendu, touché presque la détermination et la rage du peuple libanais –, Walid Joumblatt a fait comprendre hier que la priorité des priorités, désormais, est l’échéance électorale printanière. « Après ces élections que nous allons gagner, il y aura un nouveau mandat, un nouveau président de la République, un nouveau gouvernement ; tous destinés à poursuivre l’édification de la patrie et l’établissement d’une alliance objective, loin du suivisme, avec la Syrie », a-t-il dit. Des mots qui viennent dynamiter les débris de fantasmes loyalistes et tutélaires qui restent, concernant une éventuelle division de l’opposition ; des mots qui résonnent comme un inextinguible écho à l’infatigable leitmotiv de Walid Joumblatt depuis la réconciliation de la Montagne en 2001 : la nécessaire, l’indispensable entente de tous les instants avec le patriarche Sfeir, pour lequel la démission de l’actuel locataire de Baabda n’est pas souhaitée avant l’élection d’une nouvelle Chambre. Et c’est donc sur cette élection-là, mais surtout sur le véritable printemps qu’elle laisse entrevoir, que Walid Joumblatt concentre désormais son énergie. Du dedans, d’abord : en tendant la perche à un Omar Karamé plus otage lui-même que jamais, et en l’exhortant à lancer le chantier législatif de la manière que l’Effendi le souhaite. Sachant pertinemment que le pouvoir et son tuteur ne pourraient en aucun cas se permettre l’adoption d’une loi électorale autrement que basée sur le caza, ni s’autoriser un refus de l’observation internationale du scrutin de mai. Et au-delà de Omar Karamé, c’est aussi à un président de la Chambre particulièrement silencieux et qui a toujours su sentir le vent tourner que s’adresse le chef du PSP. Mais c’est aussi du dehors que Walid Joumblatt entend œuvrer pour ces législatives. Fait totalement inédit : il sera reçu aujourd’hui par le raïs égyptien, quelques semaines après que Paris, Ryad, Berlin, Bruxelles ou Moscou lui eurent ouvert leurs portes afin qu’il puisse y défendre, entre autres, l’urgence d’élections propres, justes, libres de toute ingérence des services mixtes libano-syriens, et sous observation internationale. La rencontre Moubarak-Joumblatt n’en sera d’ailleurs que triplement plus éclatante, et importante. Un : parce qu’elle intervient à la veille d’un sommet arabe embourbé dans ses problèmes financiers et structurels internes, mais dont les coulisses ont connu ces deux derniers jours une suractivité autour du dossier libanais, selon notre envoyé spécial au Caire Khalil Fleyhane, qui indique que Amr Moussa est prêt à mettre à la disposition des parties concernées à Beyrouth et à Damas ses bons offices. Sauf que le communiqué officiel du 23 mars occultera selon toute vraisemblance la question libano-syrienne, d’autant que Damas souhaite que le sommet manifeste sa solidarité avec elle et avec son gouvernement libanais pupille face aux pressions US. Deux : parce qu’Émile Lahoud ne se rendra pas au Caire, sans doute conscient de l’unanimité que la prorogation de son mandat a entraînée contre lui au sein du monde arabe, emmené par un binôme égypto-saoudien sur l’exacte longueur d’onde des préoccupations occidentales et onusiennes dès qu’il s’agit de la souveraineté du Liban. Trois : parce que Hosni Moubarak, une fois le sommet terminé, sera jeudi à l’Élysée chez Jacques Chirac. Ziyad MAKHOUL
Peut-être pressent-il, comme tous les Libanais, que ce sont désormais leurs dernières cartouches que les bâtards de l’ombre sont en train de tirer, à New Jdeidé ou ailleurs. Sans doute connaît-il déjà, comme Bahia Hariri, sinon la teneur du moins le ton du rapport que présentera cette semaine Peter Fitzgerald à Kofi Annan. Très probablement a-t-il tiré des soixante...