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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

J’ai 12 ans... J’ai 12 ans, je suis Franco-libanais par ma mère. J’adore le Liban où je vis depuis 7 mois. J’aime les croissants chauds mais j’aime encore plus le parfum de la galette au thym (manouché), même froide. J’aime la neige de Paris mais j’aime encore plus la chaleur du soleil de Beyrouth. J’aime les filles de Paris qui sont « cool » mais j’aime encore plus les filles de Beyrouth qui sont encore plus «cool». J’aime le « mon chéri » des mamans françaises mais j’aime encore plus le « hayete » des mamans libanaises. J’aime la culture des Français mais j’aime encore plus la culture et l’ouverture d’esprit des Libanais. J’aime le Liban ! Je suis fier d’être à moitié libanais et j’espère que le Liban sera bientôt terre de liberté et des droits de l’homme comme la France. Marwan DECONDE Questions sans réponses Très intéressé mais aussi angoissé par la tournure que prennent les événements dans mon pays d’origine, j’aimerais exprimer mon opinion à travers quelques questions fondamentales et naïves, adressées en particulier à tous ceux qui soutiennent le gouvernement actuel et l’occupation syrienne. Étant jeune, je préfère poser des questions portant sur le passé récent, le présent et le futur proche. À quoi servent les services de renseignements syriens, dont le QG se trouve de manière officielle dans Beyrouth même, s’ils ne sont pas capables de prévenir un attentat de l’ampleur de celui qui a coûté la vie au regretté Rafic Hariri ? À quoi servent les autorités si une famille doit rechercher elle-même son défunt 15 jours après l’attentat ? En quoi la reconduction d’un mandat présidentiel a-t-elle bénéficié au pays ? Est-il vraiment nécessaire pour l’État libanais de permettre au Hezbollah de rester armé et surtout actif au Sud simplement pour libérer les fermes de Chebaa ? Pourquoi la Syrie agite-t-elle le spectre de la paix avec Israël ou de la partition lorsque l’opposition dément catégoriquement de telles velléités ? Stephane ZEBOUNI Le Hariri que j’ai connu C’était mon premier rendez-vous avec lui. L’homme était devant moi mais je ne voyais rien d’autre que son regard. Et ce regard me fascinait. Il m’a fallu de longues minutes avant de m’en détacher. Ce regard ! Si profond, si doux, si dur, si inquisiteur, si fort, si changeant mais toujours si généreux. Il connaissait parfaitement les hommes : leur immense faiblesse, leur incurable vanité, leurs comportements misérables face au pouvoir. Mais son regard ne changeait pas. Il avait tout vu ou presque tout. Il était revenu de tout. Mais de ses blessures, il en avait fait sa force, de ses désillusions et des trahisons, une très grande sagesse. Et sa foi ! Une foi si grande dans son pays qu’il chérissait tant et qui le lui rendait si mal. Et cette paix ! Il la voulait tellement que de ce petit pays il avait fait un grand pays, partout dans le monde. Les barbares qui l’ont tué ne survivront pas. Mais lui restera à jamais dans l’histoire et son sang servira à écrire la plus belle des pages, celle de la liberté recouvrée. Et son regard, inoubliable, restera posé sur nous pour toujours. Christiane STAHL Paris Nous ne sommes pas une minorité Je trouve qu’il est très important de mentionner le fait qu’il y a trois fois plus de Libanais hors du pays et que nous avons tous manifesté, plusieurs fois même, partout au monde, contre l’occupation syrienne. Cela sans parler des dizaines de pétitions qui circulent encore. Vivant à Londres, et ayant beaucoup d’amis et de membres de ma famille à l’étranger, je sais qu’il n’y a personne parmi eux qui a entendu parler d’une manifestation pour la Syrie au Liban. Nous ne sommes sûrement pas la minorité. Antonia ASSEILY Londres La soif d’indépendance De grâce, ne nous laissons pas intimider ! Ils étaient venus des quatre coins du pays ; de quatre drapeaux cousus, ils avaient fait un carré énorme ; et ils disposaient d’estrades et de porte-voix. Pour autant, l’opposition doit-elle baisser les bras ? Organisée sur le thème des remerciements à la Syrie, la manifestation de mardi dernier ressemblait plutôt à un serment de fidélité. Notre richesse, notre force résident dans nos retrouvailles, tous, place des Martyrs, et aussi dans notre foi absolue en notre énorme potentiel de souveraineté. Ne nous laissons pas abattre. Que la manifestation de la place Riad el-Solh nous pousse à nous mobiliser à notre tour, tous les soirs, place des Martyrs, pour hurler notre soif d’indépendance. La vraie. Lina Sinno L’autre tsunami Quand on demande aux Syriens de se retirer après quinze années d’occupation, les prosyriens se montrent étonnés. Deux semaines après le tsunami qui a frappé le sud asiatique, Français et Américains avaient dépêché en Indonésie des unités militaires pour venir en aide aux victimes. Un mois après, le président indonésien, malgré la situation catastrophique, avait préféré demander leur raptriement et leur remplacement par une force internationale. À mon humble avis, aucun tsunami n’a frappé le Liban depuis quinze ans. Milad AYOUB La place de la tolérance Rafic Hairiri, on peut l’avoir aimé ou détesté ; on peut avoir vu en lui un bâtisseur, un businessman… Depuis qu’il a été assassiné, tout le monde l’encense. Le centre-ville, on peut l’aimer ou bien ne pas s’y retrouver ; on a pu lui reprocher de n’avoir ni passé ni âme de n’être qu’un lieu de consommation et non pas un lieu convivial où des Libanais, toutes classes confondues, peuvent se retrouver. Mais il fallait donner le temps au temps avant de condamner. Malheureusement, il a fallu un lâche attentat pour donner sa nouvelle dimension à ce centre-ville. Bravo à la chaîne de télévision qui a regroupé la place des Martyrs et la place Riad el-Solh, toutes deux noires de monde, en un même et unique drapeau, le nôtre. Je voudrais croire en ce Liban et l’offrir à mes enfants. Prions pour qu’un pont soit jeté entre ces deux places afin qu’elles n’en fassent plus qu’une, la place de tous les Libanais, celle de la tolérance et des libertés. Myrna MEZHER HÉLOU Oui, vous nous avez étonnés ! Je salue le courage et l’abnégation de tous ces jeunes qui au lendemain du 14 février, jour de l’amour et de la joie, ont crié au monde l’amour de leur pays. En guise de roses rouges, le sang du président martyr, de ses compagnons d’infortune et de tous ceux que le malheur a frappés ce jour-là, fut offert sur l’autel de l’amour de la patrie, de la fraternité et de la dignité retrouvée. Ces jeunes qui ont pris d’assaut le cœur de Beyrouth, toutes religions et tendances confondues, ont brisé tous les tabous et les carcans qui depuis toujours les emprisonnaient, non pour exhaler leur trop plein face aux mensonges et aux leurres, mais tout simplement pour signifier à leurs geôliers qu’ils sont là, bien vivants et aptes à prendre en main les rênes d’un pays qu’ils veulent à leur image : libre, indépendant, créatif, ouvert à tous les courants. Des slogans ont été criés, des paroles qu’on avait toujours rêvé d’entendre fusaient de tout bord, en toute liberté, avec certes un petit brin d’inconscience, mais est-on conscient quand l’espoir d’abattre des montagnes vous prend et vous donne la sensation sinon le vertige d’écrire une nouvelle fois l’histoire. « Faja’nakoum mou ? » disait un calicot. Effectivement, ces jeunes, par leur obstination, leur gaieté, leur volonté, leur union, leur amour de la liberté, nous ont étonnés, sidérés par leur courage et donné à beaucoup une leçon de civisme et de patriotisme. Dans nos rêves les plus fous, nous n’avions jamais pensé que cela se passerait ainsi, tant nombreuses étaient les barrières et les chicanes élevées entre ces jeunes et contre eux. La route demeure longue et jalonnée d’embûches, mais les faux dieux et leurs idoles ont été abattus ; cette première victoire commune a donné à toute cette jeunesse un goût de liberté que rien je l’espère ne pourra plus endiguer. Oui, vous nous avez étonnés, continuez. Georges TYAN Membre du Conseil municipal de Beyrouth Place aux jeunes Il s’agit, en fait, d’une solution que je propose à l’impasse politique dans laquelle nous pataugeons actuellement. Les slogans que l’on entend sont multiples et variés : entente nationale, table ronde, opposants et loyalistes, neutralité, dialogue, j’en passe et de meilleurs. Il faudrait la baguette d’un magicien pour trouver la solution. Ce magicien, nous l’avons perdu à jamais, et sa baguette est partie en cendres le 14 février. Rappelez-vous les dernières élections municipales de Beyrouth. La baguette magique avait fait son effet : 24 membres d’une liste venant de tous les horizons, de toutes les communautés religieuses, de toutes les tendances politiques (même du Hezbollah) se sont retrouvés autour d’une même table ; 23 hommes et une femme réunis pour une seule et même cause, le développement durable de notre capitale, un gouvernement de Beyrouth dans tous les sens du terme, fait de technocrates travaillant d’arrache-pied et cela sans aucun intérêt ou compensation financière que ce soit. Unique, vous ne croyez pas ! Voilà le vrai Liban, le seul, l’unique, où toutes sa mosaïque est représentée, un vrai havre d’entente nationale. J’aimerai bien que nos débats soient retransmis à l’intention de tous nos hommes politiques pour que cette sérénité dans les propos et les actes leur serve d’exemple et de ligne de conduite. Je vais aller plus loin dans mes propos : il est temps que toute cette classe politique prenne sa retraite anticipée, avec tous nos remerciements, Mesdames et Messieurs, votre temps est révolu. Combien sont-ils, au maximum 300 personnes, qui décident de tout ? N’y a-t-il pas 300 autres prêtes à les remplacer et à reprendre tout à zéro ? Je suis sûr qu’ils sont là, disposés à reprendre le flambeau de la vraie démocratie, celle du peuple. Je lance donc un appel à cette nouvelle génération. Manifestez vous, préparez vos idées et arguments, la place est libre et le peuple libanais a besoin de vous. Dr Rial EL-ALAILI Membre du Conseil municipal de Beyrouth Lorsque le peuple parle « Le meurtre est l’ultime échec de la parole ». (Jean-Michel Bessette – Sociologie du crime) Lorsqu’il parle, le peuple n’emploie pas la sophistication du langage savant, avec ses métaphores et une stylistique élaborée. Il le fait plutôt avec la soif de justice, l’esprit et les codes du langage du cœur et des souffrances endurées. Lorsqu’un peuple parle, c’est qu’il est aux portes de l’enfer et sa parole se transforme en un cri qui effraie même Satan. Car lorsque parle le peuple, il crie la vérité nue, la vérité crue, contre l’oppression, l’injustice et l’aveuglement. Il crie car il a besoin du secours de ceux qui ne veulent pas entendre Démosthène crier : « Quand une seule victime ne peut obtenir justice, chacun doit s’attendre à subir ensuite ses outrages. » Lorsque le peuple crie trop fort et trop longtemps, c’est que ses grondements suivent et que les colonnes du temple tremblent déjà... Que demande-t-il, au fait, ce peuple ? Simplement la justice pour toutes ses composantes sociales. C’est à cet instant précis qu’il n’existe plus de négation. Le peuple sait très bien que l’édifice Liberté regroupe la justice dans son habit de lumière, la Fraternité dans ses vêtements du dimanche, pour fêter et danser la Carmagnole autour de l’Égalité. « La gloire est le soleil des morts » (H. de Balzac). C’est la seule phrase de condoléances, que le peuple prononce sur tous les cerceuils, de tous nos martyrs innocents tombés au champ d’honneur. Écoutez le peuple espérer ! Armand PARASKEVAS Place à la démocratie Soyons beaux joueurs, le nombre de manifestants prosyriens à Beyrouth a dépassé largement ce que l’opposition libanaise plurielle a pu rassembler à ce jour. Cela est bon pour rappeler que d’autres Libanais ont un avis différent, voire opposé à celui que nous défendons. C’est la démocratie. Mais arrêtons-nous sur ce qui nous unit et qui est vital pour le Liban : le Hezbollah, par la voix de son numéro un, a demandé que seul le drapeau libanais soit arboré dans la manifestation ; il a demandé aussi que les accords de Taëf soient respectés, en clair que les troupes syriennes se retirent du Liban. Sur ces points essentiels, notre accord est total. Pour le reste du discours, le Hezbollah a une dette envers la Syrie et il l’honore... Avec des armes iraniennes, mais surtout avec du sang libanais, la résistance, et en premier lieu le Hezbollah, a libéré le Liban-sud de l’occupation israélienne. Ses membres ont versé leur sang pour un Liban libre. Faut-il continuer à verser ce sang libanais pour d’hypothétiques tractations israélo-syriennes ? Si la Syrie veut libérer le Golan, nous l’aiderons par nos moyens. Mais arrêtons de faire semblant ! Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, la Syrie a annoncé sa volonté de négocier sans conditions préalables avec Israël. Voilà sa priorité et cela la regarde. Mais pitié ne nous donnez pas de leçons de patriotisme et ne criez pas à la trahison de l’opposition. Quand la Syrie appliquera l’accord de Taëf et se retirera véritablement du Liban conformément à la résolution 1559 des Nations unies, la vie démocratique, au sein de l’État libanais, trouvera naturellement sa place. Nos institutions trancheront pour faire et défaire majorité et opposition. Ainsi l’alternance revigorera continuellement notre système politique. Dans ce pays, la liberté d’opinion donne le droit à manifester et, dans ce contexte, le nombre de manifestants sera un vrai critère. Joseph et Silvana ISSA Regards sur Beyrouth Je descendais vers la place des Martyrs. La place de la Liberté. À pied. Je n’habite pas très loin. J’ai vu le Liban accroché aux balcons, à l’aide d’un cordage solide. Comme son peuple. J’ai vu beaucoup de jeunes. Les soixante-huitards d’aujourd’hui, ceux d’une génération qui n’a pas connu les affres de la guerre de 1975-1991, mais à qui des parents profondément concernés ont appris le goût de la liberté et le sens du mot patrie. Leur fougue insatiable, leur foi en ce pays, leur idéal suprême, leur a fait oublier le quotidien. Ils ne sont plus élèves ou universitaires, aujourd’hui. Ils sont militants. J’ai rencontré les générations de la guerre du Liban. J’ai vu leur démarche incertaine, triste. Leurs yeux inexpressifs et figés. Leur état dépressif. Et j’ai pris peur. Je sais qu’ils sont fiers de tous ses jeunes, qu’ils soutiennent ardemment en pensée et en paroles leurs actions. Mais le poids de l’incertitude et de l’anxiété dans leurs yeux m’a glacée. J’ai détourné le regard. J’ai vu les gens inquiets. Leur travail arrêté. Leurs commerces vides. Leurs constructions délaissées. Le temps suspendu… J’ai vu les politiques. Les opposants et les loyalistes. J’ai entendu de bons et beaux discours. D’autres, révoltants. Et je me suis demandée si demain, lorsque l’on remettra ces personnes chacune à sa place dans un nouveau contexte politique, leurs belles paroles (paraboles ?) seront vraiment tenues ?... Et j’ai vu Beyrouth. Bouillonnant et grave, passionné et neutre, implacable et triste. Beyrouth-témoin. Beyrouth aux multiples visages. Et j’ai réalisé que multiple il est, multiple il restera. Toujours. Je suis enfin arrivée à la place des Martyrs. Et j’ai compris qu’il faut de tout, chaque jour, pour faire le Liban. May SALHA Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (Rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
J’ai 12 ans...
J’ai 12 ans, je suis Franco-libanais par ma mère.
J’adore le Liban où je vis depuis 7 mois.
J’aime les croissants chauds mais j’aime encore plus le parfum de la galette au thym (manouché), même froide.
J’aime la neige de Paris mais j’aime encore plus la chaleur du soleil de Beyrouth.
J’aime les filles de Paris qui sont « cool » mais j’aime encore plus...