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Redéploiement- Le retrait du Metn entamé dans l’après-midi d’hier Le Liban-Nord totalement évacué par l’armée syrienne (photo)

L’armée syrienne a évacué hier la totalité de ses positions au Liban-Nord. Seuls les bureaux des services de renseignements syriens étaient toujours en place. Au Mont-Liban, dans le caza de Aley, sur l’axe de l’autoroute Beyrouth-Damas, les soldats syriens ont quasiment terminé leur repli vers la Békaa. Au Metn, notamment à Dhour el-Choueir, au Bois de Boulogne et à Mrouj, les troupes de Damas ont commencé à plier bagage en milieu d’après-midi. Peu après minuit, des convois militaires syriens ont traversé, sous la neige, le col de Dahr el-Baïdar vers la Békaa. Selon le ministre de la Défense sortant, Abdel Rahim Mrad, quelque 6 000 soldats syriens sont concernés au total par cette phase du repli vers la Békaa et la Syrie, qui englobe le Nord et le Mont-Liban. Cette phase doit durer une semaine à dix jours au maximum, selon lui. M. Mrad a précisé que les troupes syriennes allaient se replier jusqu’à la localité de Jdita, dans la Békaa. Il a ajouté que les services de renseignements syriens, y compris leur commandement à Beyrouth, étaient fins prêts pour se retirer. Hier donc, l’armée syrienne a évacué la totalité de ses positions au Liban-Nord, du pont de Madfoun jusqu’à Arida, en passant par Hamate (Batroun), ainsi que Maarad, el-Mina, et Bahsas, à Tripoli. Le plus important cantonnement syrien dans cette région, installé dans l’aérodrome de Koleïat (Akkar), a été évacué dans la matinée ainsi que l’importante position de Haïkaliyé (Tripoli). Les troupes de Damas qui ont évacué leurs campements et bases dans le Nord ont été rapatriées par convois entiers. Des milliers d’hommes et des centaines de véhicules ont été aperçus franchissant la frontière entre jeudi soir et vendredi à midi. Près de 3 000 militaires syriens étaient déployés dans cette région. Parallèlement, l’armée syrienne a poursuivi son repli du Mont-Liban vers la Békaa. Dans le caza de Aley et sur l’axe routier Beyrouth-Damas, les soldats syriens ont quasiment terminé leur retrait et l’armée libanaise – accueillie avec joie par la population – s’est déjà déployée dans les anciennes positions syriennes à Aley, chef-lieu du caza, Dahr el-Wahch et Dhour el-Abadiyé. Hier en matinée, des soldats syriens stationnés à Aley et ses alentours ont chargé du matériel militaire et leurs affaires personnelles dans des camions venus de Syrie. Des convois formés de camions remorquant des pièces d’artillerie et des chars ont emprunté la route Beyrouth-Damas et se sont dirigés vers la Békaa et la Syrie. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les troupes syriennes ont évacué des positions proches de Dahr el-Baïdar, dans le triangle de Hammana-Mdeirej-Aïn Dara. Au Metn, sur le qui-vive en début de matinée Ce n’est qu’hier en milieu d’après-midi que les soldats syriens stationnés au Metn, notamment à Mrouj, Dhour el-Choueir, Bois de Boulogne, Khonchara, Aïroun et Douar ont commencé à se préparer pour le grand départ. Dans certaines positions, ils avaient déjà bouclé leur bagage et attendaient leur évacuation imminente. Un convoi de 50 camions de transport de troupes, de 30 remorques, et de 20 bus militaires a été vu se dirigeant vers ces dernières positions du Metn, pour les évacuer. Selon les habitants de Mrouj et du Bois de Boulogne, hier en début de soirée, les troupes de Damas ont tiré à plusieurs reprises en l’air pour éloigner de leurs positions journalistes et badauds. Les villages de Mtein et Mchikha, situés dans la même région, ont été abandonnés durant la nuit de jeudi à vendredi. Avant l’arrivée – en milieu d’après-midi – de toutes sortes de véhicules militaires syriens dans les villages de Douar, Aïroun, Dhour el-Choueir, Bois de Boulogne, Khonchara et Mrouj, rien ne présageait tôt dans la matinée d’hier que l’heure du grand départ avant bel et bien sonné. Comme à Hammana le week-end dernier (quelques heures avant que les soldats syriens ne commencent à plier bagage en vue du redéploiement), à Douar, Aïroun, Dhour el-Choueir, Bois de Boulogne, Khonchara et Mrouj, les troupes de Damas étaient hier sur le qui-vive. Casqués et armés, ils montaient la garde devant leurs campements, réduisant au minimum leur déplacement hors de leurs positions. Et il semble que cet état d’alerte durait depuis déjà plusieurs jours. Dans cette zone du Metn, mis à part dans les villages de Douar et de Aïroun, les habitants n’osent évoquer leur amertume ou leur frustration qu’entre personnes de confiance. Les Syriens se sont installés dans les localités de Dhour el-Choueir, Bois de Boulogne, Khonchara, et Mrouj en 1976. En 1978, cette zone, exclusivement chrétienne, était déjà coupée du reste de ce qui allait devenir durant la guerre du Liban les régions est. La présence de partisans du PSNS dans ces localités aidant, les Syriens ont réussi avec leur importante permanence de services de renseignements, située à la villa Jabre, à Dhour el-Choueir, à bien installer leur pouvoir… Et ceux qui étaient contre la présence syrienne mais qui étaient restés tout le long de l’année dans leurs villages ont choisi de se taire pour se protéger. Une boucherie au Bois de Boulogne. Quatre hommes jouent tranquillement aux cartes. À la question de savoir si les troupes de Damas ont commencé à se préparer pour le redéploiement, l’un d’eux met la main sur la bouche comme pour dire qu’il ne veut pas en parler. Seul Georges décide d’intervenir, alors que les autres hochent la tête en signe d’approbation. « On attend ce moment depuis 1976. En 1990, avec la paix, nous avons pensé qu’ils allaient partir. Mais dans nos villages, il n’y a pas eu de différence entre la guerre et la paix », dit-il. Tony raconte qu’il a déjà été « enlevé » à plusieurs reprises par les soldats syriens. « C’était durant la guerre », dit-il se souvenant qu’en « 1978, j’ai été arrêté, en pleine nuit, au barrage de Dhour el-Choueir. Les militaires m’ont donné une torche électrique et m’ont ordonné de me diriger, en allumant la torche par intermittence, vers une position de l’armée libanaise, située de l’autre côté de la ligne de démarcation ». « Ils voulaient que je quitte définitivement le village. Mais me voici, je vis toujours au Bois de Boulogne », martèle-t-il. À Dhour el-Choueir, beaucoup d’habitants évoquent avec amertume les saisons d’estivage d’avant-guerre. Dans cette région, l’armée syrienne a investi villas, hôtels et forêts de pins. Certains racontent que depuis 1976, des pièces sculptées – comme deux lions en pierres jaunes – ainsi que des arcades entières ont été démontées de leur socle pour disparaître des résidences qui abritent les troupes de Damas… Hier matin, alors que rien ne présageait encore le départ des soldats syriens, certains habitants étaient très optimistes. Et même s’ils pensent déjà à la prospérité à venir à Dhour el-Choueir et au Bois de Boulogne (qui devraient récupérer leur place d’importants centres d’estivage), ils n’ont pas oublié la guerre et « la patience, dont il fallait s’armer » pour franchir le point de passage séparant leur village de « la zone est ». « On y passait parfois toute la matinée », indique l’un d’eux, qui se présente comme « un citoyen libre », et qui énumère les hôtels et les villas investis par l’armée syrienne. « J’aimerais voir le propriétaire de l’hôtel Kassouf récupérer la bâtisse, même si elle est délabrée », ajoute-t-il. À l’instar de toutes les somptueuses résidences secondaires, construites entre les années cinquante et soixante dans la zone et investies durant les années soixante-dix par les troupes de Damas, l’imposant hôtel Kassouf est complètement saccagé. Et seules ses belles pierres blanches rappellent la gloire du passé… Des positions investies en 1990 Aïroun. Durant la guerre, une partie de ce village constituait un front. Le reste était contrôlé par les troupes de Damas. Georges, qui a accroché à sa voiture le foulard rouge et blanc de l’opposition plurielle, indique : « Des années durant j’ai habité Beyrouth. Ma maison était située sur la ligne de démarcation. Vous savez, ils étaient plus nombreux à Aïroun avant octobre 1990. Avec la capitulation du général Aoun, les soldats syriens ont pris possession d’autres points plus stratégiques de la zone, c’est le cas de Tallet Tamraz, à Douar. » Hier matin, l’accès à la magnifique colline de pin, baptisée Tallet Tamraz, qui abrite une dizaine de villas et – selon les habitants – quelque 700 soldats des forces spéciales de l’armée syrienne était toujours bloqué. Cette position stratégique, donnant sur le Mont-Liban et l’aéroport de Beyrouth, était tenue par l’armée libanaise tout le long de la guerre. Les choses avaient changé après le départ du général Michel Aoun. Rabih, qui tient une station d’essence, raconte : « Il y a quelques mois, des personnes ont voulu construire un bâtiment non loin de la position syrienne de Douar. Quand les soldats ont vu les voitures arriver et l’architecte déplier ses plans, les troupes de Damas sont intervenues… Le propriétaire du terrain a décidé d’ajourner ses projets. » Il ajoute avec ironie : « Depuis des années, ils ont pris possession des plus belles villas et des plus belles forêts de pin de la région ; maintenant qu’ils vont partir, je me demande comment ils supporteront la vie chez eux. » Patricia KHODER
L’armée syrienne a évacué hier la totalité de ses positions au Liban-Nord. Seuls les bureaux des services de renseignements syriens étaient toujours en place. Au Mont-Liban, dans le caza de Aley, sur l’axe de l’autoroute Beyrouth-Damas, les soldats syriens ont quasiment terminé leur repli vers la Békaa. Au Metn, notamment à Dhour el-Choueir, au Bois de Boulogne et à Mrouj, les...