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Actualités - OPINION

Baroud d’honneur ?

Il est sans doute trop tôt pour pouvoir saisir toute l’ampleur du phénomène représenté hier par la mobilisation massive du Hezbollah, place Riad Solh. Un phénomène dont l’importance est moins dans le nombre, certes impressionnant, et délibérément fait pour impressionner (l’exiguïté du lieu choisi et la formidable discipline du parti ont beaucoup fait pour donner cette image de marée humaine), que dans la symbolique politique qu’il recèle. Par-delà l’investissement à grande échelle de la rue, le rassemblement organisé par le Hezbollah vient marquer, d’une certaine manière, la fin d’une époque, en l’occurrence celle de l’hégémonie syrienne sur le pays (même si Damas semble atermoyer pour prolonger une présence vouée à la finitude du fait de la marche de l’histoire). Et ce, même si l’ombre syrienne planait – comme un nuage inéluctablement voué à disparaître de l’horizon libanais ? – sur le mouvement de contestation, et que des centaines, sinon des milliers de citoyens syriens ont pris part au sit-in. Ce que Hassan Nasrallah a fait hier, consciemment ou pas, et l’homme est connu pour sa grande intelligence, c’est sonner le glas de la domination syrienne sur le pays, envers et contre toutes les apparences. Et, partant, d’adresser un message fort aux différentes composantes sur la scène interne, résumées actuellement à l’opposition plurielle sunnite, chrétienne et druze. Frappés par le caractère agressif apparent de la manifestation, beaucoup de Libanais n’auront pas remarqué le coup de force que le sayyed a définitivement opéré au sein de sa communauté (ce qui n’empêche pas certains leaders libéraux et progressistes de continuer à lutter pour donner un autre aspect au chiisme politique), en s’imposant définitivement, au détriment surtout de son rival Amal, comme la seule force capable de survivre politiquement au départ de Damas, en tant que paramètre essentiel de la nouvelle équation libanaise qui se met en place actuellement. Dans ce sens, le rassemblement d’hier n’était rien d’autre qu’un baroud d’honneur, de circonstance et de pure formalité, à une Syrie en partance. Depuis Taëf, la communauté chiite, totalement exclue du pacte national interélites de 1943, était devenue une composante essentielle de la formule politique consensuelle libanaise. La voilà définitivement consacrée comme un interlocuteur, sinon comme l’interlocuteur principal, dans le cadre d’un nouveau contrat social à redéfinir, une fois que la souveraineté aura été retrouvée. Cependant, les pressions internationales se font pressantes, et le Hezbollah est une cible. Conscient au plus haut degré du danger qui pèse sur lui, il devra saisir à court ou moyen terme que le dialogue, pour un nouveau pacte interlibanais, suppose, à part l’élément de la liberté et de l’autodétermination (pour que les parties au dialogue puissent s’engager souverainement), une condition sine qua non : l’égalité. Pour obtenir ce dialogue qu’il a réclamé avec beaucoup d’insistance hier dans le cadre de sa démonstration de force, le Hezbollah devra souscrire nécessairement à une condition préalable : déposer ses armes, discuter d’égal à égal avec les autres composantes libanaises. Et devenir, souverainement, de plein gré, le partenaire effectif qu’il est déjà au sein de la nouvelle formule libanaise. Pour le Hezb, ignorer ce paramètre ne serait rien d’autre qu’un suicide, auquel les Libanais ne pourront qu’assister, impuissants et affligés. Michel HAJJI GEORGIOU
Il est sans doute trop tôt pour pouvoir saisir toute l’ampleur du phénomène représenté hier par la mobilisation massive du Hezbollah, place Riad Solh. Un phénomène dont l’importance est moins dans le nombre, certes impressionnant, et délibérément fait pour impressionner (l’exiguïté du lieu choisi et la formidable discipline du parti ont beaucoup fait pour donner cette image de...