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Actualités - ANALYSE

Eclairage La Syrie et le pouvoir voulaient la compensation politique, c’est désormais l’impasse(photo)

Comment compenser un retrait militaire (et, tout le monde le souhaite, de SR en tous genres, naturalisés ou pas) désormais inéluctable autrement que par une espèce d’annexion politique ? Comment assurer une relative pérennité d’une tutelle interventionniste autrement qu’en assurant une majorité parlementaire prosyrienne ? Comment garantir cette mainmise sur la place de l’Étoile autrement que par un retour de Omar Karamé à la tête d’un gouvernement, à l’ombre de la survie d’un pouvoir sécuritaro-sécuritaire et d’un régime illégitime et impopulaire ? Comment assurer la reconduction d’un effendi chassé déjà par deux fois du Sérail autrement qu’en donnant l’ordre aux députés prosyriens de proposer son nom au cours de consultations parlementaires certes obligatoires mais désespérement formelles ? C’est ce que la Syrie et son pupille libanais ont fait hier. 71 députés qui nomment un Omar Karamé totalement décrédibilisé ne peuvent pas le faire, tous, par conviction. Le monde se moque, les médias planétaires se moquent, les Libanais se moquent, mais peu importe. Beyrouth et Damas ont décidé de pousser la logique du bras de fer jusqu’au bout, espérant, mais sans trop y croire, que l’opposition allait céder, reculer, tourner sept fois sa langue dans sa bouche au lendemain de la très organisée et très prévisible manifestation de Riad el-Solh. Mais Beyrouth et Damas savaient bien que cette opposition arc-en-ciel ne veut ni ne peut faire marche arrière ; alors le tuteur et son pupille ont pensé se débarrasser des ministres démissionnaires dont le retour équivaudrait à une déclaration de guerre ; ils s’en sont allés sonner, depuis deux jours, parfois brutalement, aux portes de ces hommes et femmes au-dessus de tout soupçon, intègres, proches des différentes parties, crédibles, eux, au sein de la population, pour les convaincre de prendre en charge les portefeuilles-clés du Karamé III. Avaient-ils seulement prévu que la totalité de ces gens-là allaient refuser de se transformer en véritables faux témoins, refuser de se faire manipuler, refuser de servir de cache-sexe à un gouvernement made in Damascus, refuser de s’exiler pour longtemps de la très grande majorité de leurs compatriotes ? La situation, hier soir, ressemblait sensiblement à cette veille du 3 septembre. Incapables de s’opposer à l’ensemble de la communauté internationale qui ne les lâche pas d’un quart de semelle, Beyrouth et Damas se retrouvent, pour l’instant, dans une impasse misérablement étriquée et n’ont plus que deux choix, l’un par trop encombrant, l’autre simplement historique. Un : former un gouvernement avec qui veut, avec les premiers arrivés, un gouvernement comme « ils » l’aiment, absolument monochrome ; un gouvernement qui les enferrera encore davantage dans l’oeil du cyclone arabo-occidentalo-onusien, d’une communauté internationale désormais déterminée à faire prévaloir la liberté au sein de cette « grande nation » qu’a toujours été le Liban. Deux : comprendre que les demandes de l’opposition n’ont rien d’irréel, ni d’impossible, que c’est son droit, mais surtout son devoir que de n’avoir de cesse de les exiger et s’employer à les mettre en œuvre. « Nous allons utiliser tous les moyens démocratiques pour nous opposer à cette normalisation de facto de la vie politique au Liban depuis l’assassinat de Rafic Hariri. En face, ils ont vu que ni la loi électorale, ni la chute de Omar Karamé, ni l’étalage de force du Hezbollah ne nous ont fait reculer ; le pouvoir est désormais à court de moyens, sauf si... » Interrogé par L’Orient-Le Jour, Farès Souhaid a résumé la situation actuelle avec ses certitudes, avec ses appréhensions. Omar Karamé pourrait prendre plusieurs jours pour essayer de former un cabinet d’union nationale ; ses proches disent qu’il renoncera au Sérail s’il n’y arrive pas. Sage décision : inutile de continuer à perdre (ou gagner, c’est selon...) du temps ; inutile de s’échiner, la mission est quasi impossible. Que l’effendi explique plutôt au pouvoir et à son tuteur que seul un gouvernement neutre chargé de l’ordre de mission des 44 de Moukhtara pourrait avorter une crise énorme. « Qu’on me dise qui sont ces neutres », ironisait Nabih Berry hier à Baabda. Il y en a plein, heureusement. Neutres et irréprochables. Ziyad MAKHOUL

Comment compenser un retrait militaire (et, tout le monde le souhaite, de SR en tous genres, naturalisés ou pas) désormais inéluctable autrement que par une espèce d’annexion politique ? Comment assurer une relative pérennité d’une tutelle interventionniste autrement qu’en assurant une majorité parlementaire prosyrienne ? Comment garantir cette mainmise sur la place de l’Étoile...