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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Mieux que l’Ukraine Bravo, bravo, bravo ! Bravo à la jeunesse libanaise qui s’est réveillée dans un élan unique dans notre histoire. Le Liban n’est pas l’Ukraine, le Liban sera mieux que l’Ukraine. Il ne faut pas s’arrêter au milieu du gué. À tous mes compatriotes, ayez du souffle et de l’endurance, vous vivez des moments historiques et magiques. Vous pouvez être le ciment d’un nouveau Liban, rajeuni et plus moderne. Que les clichés tombent et qu’une nation naisse. Ne laissons pas l’héritage de nos martyrs sans héritier, ils ont donné leur vie pour que leur œuvre continue. Que nos enfants et nos petits-enfants aient enfin un avenir dans notre pays. Jean-Louis ASSOUAD Dax, France L’impensable J’ai beau chercher des mots pour décrire les candale que représente la mort de MM. Ghalayini et Abou Rjeili, je n’en ai trouvé aucun qui puisse exprimer mes sentiments. Est-ce le choc ? Le choc de constater que la vie des citoyens dans mon pays n’a aucune valeur ? Le dégoût ? Le dégoût face à ce long silence des autorités ? La honte? La honte de voir la dignité humaine bafouée dans toute sa dimension ? La colère ? La colère face à ce manque de responsabilité ? Je m’adresse aux responsables dans l’espoir qu’il s’en trouve un qui aura le courage de rompre ce silence pesant, humiliant. Je suis sûre que la Défense civile est dotée de moyens lui permettant de mener son travail sans toucher aux preuves matérielles et à la scène du crime. Dans mon pays, hélas, les citoyens meurent doublement. Carole AKIKI Abou Dhabi À deux «ladies» Que Rafic Hariri soit un grand homme, nul n’en doute plus. Mais, comme dit le proverbe : « Derrière chaque grand homme, il y a une femme. » Il avait la chance, lui, d’en avoir deux : Bahia et Nazek, qui ont été, de par leur attitude, un exemple de dignité, de respect de soi et d’autrui, et qui ont donné une belle image du degré d’évolution et de civilisation de la femme libanaise. Un exemple que toutes les femmes du monde doivent nous envier. Tout notre respect à ces deux « ladies » dont nous sommes fiers. Marie-Claude RAHMÉ De grâce, continuez! Depuis trois mois en France, j’ai décidé finalement et après toutes ces années de guerre (vécues et subies) de vivre et d’essayer de reconstruire ma vie ailleurs, trouvant plus ma place dans mon pays pourtant tellement riche de tout et de ses doux petits riens... Puis, le 14 février 2005, j’apprends l’horrible drame qui me replonge brusquement dans toutes ces horreurs vécues passivement, comme tant d’autres Libanais. Suivi de ce très beau rêve, enfin accessible : l’unité des Libanais et le retrait des Syriens, deux principes pour lesquels j’ai milité silencieusement et farouchement pendant si longtemps. Pour tous les moments tus et non révélés, pour cette magnifique résurrection, juste un mot : enfin ensemble dans ces belles rues qui ont tellement vu et qui se muent. C’est fabuleux ! De grâce, continuez. Hamdi H. France Non aux ingérences Place des Martyrs, Beyrouth. Rien que des couleurs libanaises ! Tous unis, le chrétien et le musulman, le Kataëb et le gauchiste. Des citoyens, venus de Beyrouth-est et de Beyrouth-ouest, sont là pour prouver que ce n’est qu’aujourd’hui, après trente ans d’occupation syrienne, dont quinze ans de guerre provoquée par ces derniers et quinze de paix apparente, que Beyrouth, capitale du « Grand Liban », a retrouvé son unité… Beyrouth réclame l’indépendance. Elle résiste en blanc et rouge, et réclame en bleu la vérité. Ces résistants, et j’ai l’honneur d’être l’un d’eux, ne réclament que d’excellentes relations avec la Syrie, comme celles qui lient aujourd’hui la France à l’Allemagne, bien que cette dernière ait occupé Paris auparavant. Nous disons à ceux qui ont des oreilles pour entendre : nous en avons eu assez des ingérences. Nous réclamons la paix. Camille MOURANI Étudiant à l’USJ Une précision du PC français Je vous remercie d’avoir bien voulu publier un extrait de la déclaration du Parti communiste français concernant la situation au Liban. J’observe cependant que vous avez passé sous silence un aspect essentiel de cette déclaration : notre parti appelle au retrait des troupes syriennes et au respect de la souveraineté et de l’indépendance du Liban. C’est une position de principe qui n’est pas nouvelle pour le PCF. Nous apprécierions que vous complétiez l’information pour vos lecteurs, certainement sensibles, comme tous les Libanais, à l’ensemble des prises de position dans le monde, et notamment en France, sur cette question qui fait la une de l’actualité dans votre pays et ailleurs. Je vous en remercie sincèrement d’avance. Jacques FATH Secrétaire de la Commission des relations internationales du PCF Les aînés aussi Je suis de la génération de la guerre. En 1976, je suis rentrée au Liban, j’ai fondé une famille, j’ai travaillé, j’ai élevé mes enfants dans l’esprit civique, le respect de l’autre et le sens de la patrie. Dans l’après-guerre, j’ai continué à croire et à œuvrer pour un Liban patrie des droits de l’homme et de la liberté. Depuis trois semaines, je suis à la mosquée pour participer au deuil qui a électrifié mon pays ; à la place des Martyrs pour revendiquer notre indépendance ; en grève pour protester contre le deni de justice et de droits civiques; à pied dès 7h du matin pour rejoindre mes compatriotes et exprimer le refus inconditionnel de la terreur et de la violence. Comment se fait-il que l’on ne reconnaisse que le courage et la détermination des jeunes? Comme si la population libanaise, fière, avide de liberté et de fraternité, patriote et démocratique, n’était faite que de jeunes ; comme s’il y avait eu création d’un Liban de novo par génération spontanée. Notre génération a fait la guerre (pour certains), mais elle a aussi fait que nos jeunes ont aujourd’hui une patrie pour laquelle se battre. Et nous, la génération de la guerre, malgré toutes nos épreuves passées, notre lassitude et nos déceptions, nous sommes descendus tous les soirs et tous les jours, de nouveau porteurs de rêves et d’espoirs, encore une fois determinés et résolus à participer à la renaissance du phénix libanais. Dr Josyan MADI-SKAFF Manifester partout Les places publiques ne sont pas les seuls lieux où l’on peut manifester bruyamment sa liberté. Vos balcons (et Dieu sait si vos maisons en sont riches !) sont bien assez larges pour accueillir tous ceux qui veulent afficher leur désapprobation par les mots et par les banderoles accrochées aux fenêtres. Si cela ne fait pas assez de bruit, la cuisine n’étant pas loin, les casseroles font de formidables caisses de résonance. Votre pays n’est pas en guerre. Chez vous, personne ne peut venir vous déloger. Autant y aller de toutes vos forces. Bon courage ! On pense à vous. Jacqueline PETMEZAKIS France Liban libre, ma signature Puisque l’heure est de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, je vais crier mon dégoût – même si l’heure est à l’allégresse. Et puisque l’heure est aux règlements de comptes, je vais me lâcher, parce que aujourd’hui, rien ne peut plus m’arrêter. Hier, en bonne chrétienne d’Achrafieh, j’ai pleuré Bachir quand il est mort, et j’ai campé à Baabda au nom des idées du général Aoun. J’ai aussi applaudi à la libération du Sud par le Hezbollah parce qu’il faut reconnaître qu’en matière de résistance, chapeau! Tout récemment, en bonne Libanaise d’Achrafieh, j’ai pleuré Rafic Hariri comme la quasi-totalité des Libanais, toutes religions, classes sociales et appartenances politiques confondues. Enfin aujourd’hui, en bonne Libanaise tout court – ce que je suis devenue après un funeste et tragique 14 février –, j’ai vu ce que tout le monde a vu, inlassablement répété et écrit. J’ai vu la croix côtoyer le Coran, j’ai entendu le muezzin flirter avec les cloches des églises, j’ai vu la « Gucci Revolution » se mêler aux clameurs du peuple et les ennemis d’hier fraterniser sous la même tente, faisant fi des clichés les plus éculés. J’ai appris l’hymne libanais jusqu’à en retenir tous les couplets. J’ai entendu les accusations de l’opposition, pleuré avec Saad et Bahaa, vibré avec Marwan Hamadé. J’ai vu mes amis les plus flegmatiques se mobiliser sur une place, coudre des drapeaux et distribuer des sandwiches. J’ai vu l’armée libanaise – consentante et complice – ouvrir les voies de la liberté. J’ai vu enfin un gouvernement tomber par la force d’une vérité qui ne finit pas de l’éclabousser… Deux semaines plus tard, je pleure toujours Rafic Hariri, mais je pleure encore plus sur ce que je ne veux pas voir. Parce que je vois malheureusement nos opposants faire la surenchère à coups de slogans racoleurs et se disputer les gradins de la tribune pour la postérité d’un soir – quand ils ne sont pas en train de lorgner vers d’autres cieux. Parce que je revois les seigneurs de la guerre, ces chefs de clan d’un autre temps, et j’ai soudain comme un arrière-goût de guerre. Parce que je vois les fils de… et je me dis que leurs pères, ce n’était pas mieux, mais que eux sont bien pires. Parce que je vois un parti de Dieu qui récolte ce que les autres ont semé, alors que ces mêmes autres croient toujours que la moisson est leur. Mais parce que je ne veux plus voir ce que je vois, je continuerai de scander liberté, indépendance, souveraineté, et ce jusqu’à l’épuisement, en espérant enfin que les chemins – tous les chemins – incluant ceux des sceptiques comme moi passent et repassent par la place des Martyrs superbement rebaptisée place de la Liberté. Liban libre… après tout, peut-être deviendra-t-on un jour une réalité. Liban libre. C’est mon nom désormais. Et ma signature. Nada ABISALEH Retour au pays Il y a trente ans, jeune adolescente, j’effectuais ma première et dernière visite à la famille de mon père, Libanais de souche et dont les parents avaient émigré en Bolivie, d’où lui-même était parti pour se battre dans les Forces françaises libres du général de Gaulle puis finir sa vie en France. Je suis fière de mon père et de sa vie mise au service de la liberté des peuples. Aujourd’hui, mon sang libanais est fier de vous tous, enfin unis pour la résistance et la réintégration multiconfessionnelle, dans la paix, d’un peuple avant tout libanais. Je suis émue car, de fait, nous passerons avec ma famille notre 1er mai avec vous, au Liban, trente ans après. Bravo et merci ! Catherine, fille de Santiago IBAGNEZ-ASSAF Redevenir libanais Tu m’as dit ta fierté de savoir que nous avions fait notre part, ici, loin de vous, au Canada. Tu m’as dit que tu étais descendu de ta montagne et que tu avais déposé des fleurs à la mémoire du disparu à la place des Martyrs, pas loin du lieu où tu avais grandi... Tu m’as dit que tu avais aussi allumé un cierge, tu m’as raconté comment tu avais sillonné les routes de la montagne un drapeau à la main... Tu m’as dit qu’il faisait beau ces jours-ci au Liban... Tu m’as raconté ta douleur de n’avoir pas pu avoir à tes côtés ton frère et ton meilleur ami, Paul. Tu m’as dit que tu l’avais fait pour tes enfants, pour nous, tes neveux et tes nièces, pour tes frères disparus, pour tes sœurs, et tu pleurais. Tu m’as dit que ça sentait l’encens et la cendre à Beyrouth. Tu m’as dit : à partir d’aujourd’hui tu n’auras plus honte, et tu as ajouté : « Les révolutions se font dans le sang et dans la rue. Le sang a trop coulé, place à la rue. » Et moi j’ai pleuré, j’ai sangloté parce que, à ta façon, avec la dignité de tes 83 ans, tu voulais me dire : il est temps, ne te cache plus, tu peux t’afficher, je voulais seulement te redonner ton pays. Tu peux redevenir libanais. Merci, cher oncle. Jean-Claude DELIFER Montréal – Canada Un État incompétent Comment peut-on encore lire dans vos pages les malheurs de ces familles qui retrouvent le corps de leur proche après 10 et 16 jours de retard. Vu de France, ce drame humain paraît illustrer et souligner une nouvelle fois la nécessité de réformer un État gangrené par l’incompétence. Depuis plusieurs jours, je lis avec assiduité votre quotidien, car, comme bon nombre de jeunes, j’ai quitté le pays pour chercher à l’étranger une perspective d’emploi que ma terre ne m’offrait pas. Votre quotidien au ton juste et libre me réconcilie avec ma terre et me montre l’intérêt d’une presse indépendante, digne d’une démocratie. Grâce à vous, pas une journée ne passe sans que mes pensées se joignent à la foule rassemblée au centre-ville, et je dois avouer ma frustration de ne pas être parmi vous à brandir notre beau drapeau. J’ai décidé de vous écrire pour vous faire part de mon écœurement concernant le tragique dénouement pour ces deux familles retrouvant le corps de leur proche avec autant de retard. Je comprends aujourd’hui la profonde nécessité d’une réforme de l’État que ce drame national a commencé à initier. J’ai hâte de participer sur place à la reconstruction du pays, avec une administration indépendante, impartiale et digne de ce nom. Taniel DONIGUIAN Paris Tous ces lundis... Le Liban fête son indépendance tous les 22 novembre. C’est plus précisément le lundi 22 novembre 1943 que tout s’est joué. Mais c’est véritablement en 1944 que le Liban ouvre une nouvelle page de son histoire avec son nouveau drapeau et ses 10 452 kilomètres carrés. C’est également en 1944 que naît, à Saida, Rafic Hariri. Ce jour-là, était-ce un lundi ? Depuis cette année, le Liban a connu ses heures de gloire et ses heures sombres … Le dimanche 13 avril 1975, le Liban est secoué par un infâme attentat qui déstabilisera le pays en le conduisant dans le cercle infernal de la guerre civile dès le lendemain, lundi 14 avril 1975. Après la paix retrouvée, c’est encore un lundi que tout bascule. Ce lundi 14 février 2005, soit près de trente ans après la guerre civile, Rafic Hariri perd la vie avec 18 victimes. Une semaine plus tard, le lundi 21 février 2005, a lieu une manifestation sans précédent au Liban. Puis, le lundi 28 février 2005, le Liban connaît son heure de gloire grâce à la ferveur de tous les Libanais armés du drapeau national qui ont pacifiquement réussi à braver les obstacles et à maintenir la pression afin de faire chuter le gouvernement. Lundi, liberté, Liban… Camille M. TARAZI Merci pour quoi? Dans sa déclaration du dimanche 6 février, sayyed Hassan Nasrallah a adressé des remerciements chaleureux à la Syrie pour les réalisations qu’elle a accomplies au Liban. La veille, le président Lahoud avait également remercié Damas pour avoir rétabli la paix civile au Liban. Que la Syrie ait aidé le Hazbollah à lutter contre Israël, cela ne fait guère de doute. Encore qu’elle ne l’ait pas fait par altruisme, mais pour détenir une carte précieuse dans ses négociations avec l’État hébreu. Mais devons-nous remercier la Syrie pour avoir libéré Damour de ses habitants en 1976, bombardé Achrafieh au phosphore en 1978, assiégé et pilonné Zahlé puis Beyrouth-est en 1981 ? Faut-il lui témoigner une reconnaissance éternelle pour avoir tenu ses soldats à l’écart lors de l’invasion israélienne en 1982, pour avoir transformé Beyrouth en plaque tournante du terrorisme international dans les années 80, pour avoir combattu l’autorité légale libanaise durant les années 80 et pilonné les régions est aux obus de 240 mm ? Sayyed Nasrallah peut, à juste titre, se satisfaire de n’avoir jamais déploré d’assassinats de personnalités politiques au sein de la communauté chiite. Tant mieux ! Le président Lahoud peut se satisfaire d’avoir prorogé son mandat. Mais pour les remerciements, de grâce… Edmond CHIDIAC Montréal
Mieux que l’Ukraine
Bravo, bravo, bravo !
Bravo à la jeunesse libanaise qui s’est réveillée dans un élan unique dans notre histoire.
Le Liban n’est pas l’Ukraine, le Liban sera mieux que l’Ukraine. Il ne faut pas s’arrêter au milieu du gué. À tous mes compatriotes, ayez du souffle et de l’endurance, vous vivez des moments historiques et magiques. Vous pouvez être le...