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Actualités - CHRONOLOGIE

Nasrallah croit à un retrait israélien prochain du secteur de Chebaa Le Hezbollah annonce la couleur : manifestation demain contre les ingérences étrangères

La couleur a été annoncée dès le départ : à l’entrée du complexe du « patron des martyrs », à Haret Hreik, une rangée de drapeaux libanais étaient alignés en parfait ordre, accueillant les journalistes. Ces derniers sont arrivés peu avant la « réunion extraordinaire » tenue par une trentaine de formations alliées de Damas, dont le Hezbollah et Amal, afin d’examiner les mesures à prendre au lendemain du discours du chef de l’État syrien, Bachar el-Assad. C’est à l’issue de cette réunion que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, s’est adressé à la presse, après une entrée en scène grave et solennelle reflétant l’importance du moment. Le parti de Dieu, qui s’est généralement tenu à l’écart des querelles politiques interlibanaises, semble avoir finalement décidé d’occuper le terrain, en annonçant une mobilisation contre « les ingérences étrangères au Liban et la résolution 1559 ». Ainsi, après avoir été durant les dernières semaines qui ont suivi l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri relativement en retrait, le chef du Hezbollah a appelé à une « manifestation de masse pacifique » demain mardi qui se tiendra, au nom des partis fidèles à Damas, sur la place Riad el-Solh, soit à quelques centaines de mètres de la place des Martyrs où l’opposition rassemble quotidiennement quelques milliers de Libanais depuis le décès de l’ancien chef de gouvernement. « Nous appelons les Libanais de toutes les confessions à manifester d’une manière pacifique pour dénoncer les ingérences étrangères ainsi que la résolution 1559, défendre la résistance (face à Israël), préserver la paix civile et rejeter la signature de tout accord avec Israël », a dit sayyed Nasrallah, en invitant les manifestants à brandir le seul drapeau libanais. La mobilisation est destinée à « affirmer notre attachement à l’accord de Taëf et à son application totale », a indiqué le dirigeant chiite. « Cette résolution d’inspiration israélienne, susceptible de créer la sédition, est une ingérence flagrante dans les affaires intérieures libanaises et un service gratuit accordé à Israël. Les exigences américaines contenues dans cette résolution sont une photocopie des conditions israéliennes », a-t-il ajouté. Le chef du Hezbollah a en outre précisé que cette manifestation, « la première d’une série d’actions à Beyrouth et ailleurs au Liban », n’est en aucun cas « dirigée contre l’opposition », et a appelé cette dernière à se joindre au rassemblement. Il a toutefois ajouté que ce rassemblement sera un témoignage de gratitude envers la Syrie et ses « grandes réalisations » au Liban, un hommage auquel l’opposition n’est pas prête d’adhérer. À plusieurs reprises, le chef du Hezbollah a exprimé son refus de toute manifestation armée qui « sera combattue avec force » et souligné que la « paix civile est une ligne » à ne pas franchir. La mobilisation est destinée à « affirmer notre attachement à l’accord de Taëf et à son application totale », a indiqué le dirigeant chiite. Évoquant la décision du retrait annoncée par M. Assad, le dignitaire chiite a estimé que le repli vers la Békaa « est un pas positif et nous sommes soucieux d’appliquer totalement l’accord de Taëf ». Il a exprimé cependant son refus que la présence syrienne dans la Békaa « soit régie par la résolution 1559 ». « Cette présence doit être régie uniquement par l’accord de Taëf, qui prend en compte la volonté et les intérêts sécuritaires des deux États, et le fait que nous sommes en état de guerre avec Israël ». Et de préciser que la période de la présence des troupes syriennes sera conditionnée par « l’intérêt des deux pays » et pourrait durer « un, deux, cinq ou dix ans renouvelables ». Réitérant sa condamnation des « ingérences des États-Unis, de l’Europe, notamment celle de la France et d’autres pays dans les affaires libanaises », il a affirmé que « le pire » selon lui c’est « l’ingérence israélienne ». Citant des informations parues dans deux quotidiens israéliens, il a affirmé que « certaines figures de l’opposition ont pris contact avec d’anciens amis en Israël ». « C’est une autre ligne rouge à ne pas franchir et je dis à l’opposition, dont les dirigeants principaux sont des patriotes, “assurez-vous que de tels contacts n’aient pas lieu”. » Il a par ailleurs mis en garde l’opposition contre toute tentation de conclure un accord de paix avec Israël. « Attention à un nouveau 17 mai », a-t-il dit. Sayyed Nasrallah, qui a insisté sur « l’attachement à la paix civile et aux institutions de l’État », a affirmé qu’il n’allait pas « permettre à quiconque de faire revenir le pays à la situation d’avant 1990 », date de la réconciliation nationale. Il a enfin insisté sur la nécessité de découvrir rapidement la vérité sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, estimant que « cette question fait l’objet d’un consensus » et sert l’intérêt de la Syrie. À la question de savoir si l’appel au respect des institutions de l’État suppose que « la sécurité nationale et stratégique du Liban » sera assurée par l’armée, sayyed Nasrallah a répondu en affirmant que le Hezbollah « n’a aucune responsabilité sécuritaire intérieure » en soulignant toutefois qu’il refuse le désarmement réclamé par la résolution 1559. « La résistance ne rendra pas ses armes (...) parce que le Liban a besoin d’une résistance pour le défendre », a dit le chef de ce mouvement. Et d’ajouter que la mission de cette dernière ne se confine pas à la libération des fermes de Chebaa : à ce sujet « je suis optimiste. Je crois qu’Israël va se retirer des fermes de Chebaa prochainement, a-t-il dit, en précisant que le rôle du parti chiite est de contribuer aux côtés de l’armée à défendre le pays, tant qu’Israël poursuit ses violations de la souveraineté libanaise ». Il a en outre ajouté que la libération des fermes de Chebaa ne saurait « constituer un alibi juridique pour les Israéliens, les Américains ou les autres, pour désarmer le Hezbollah ». À un journaliste qui lui demandait si l’appel des partis nationaux et du Hezbollah au rassemblement signifie que celui-ci fait désormais partie intégrante du conflit interlibanais, sachant que l’opposition a tenu jusque-là à lui épargner ce rôle, il a répondu en précisant que « l’objectif de cette protestation ne constitue pas un point de litige » entre les deux parties. Répondant à une question sur les différends qui existent entre certains membres de l’opposition et les loyalistes concernant la 1559, sayyed Nasrallah a affirmé que « le Hezbollah n’est pas une milice ». « Nous n’avons pas besoin d’entendre dire de la part des membres de l’opposition que celle-ci assurera la protection du Hezbollah. » « Personnellement, je n’ai besoin de la protection de personne », a conclu le dignitaire chiite. À noter que le chef du mouvement Amal, Nabih Berry, a lancé un appel aux membres de sa formation à prendre part nombreux à la manifestation de mardi. Jeanine JALKH Les formations représentées Ci-dessous la liste des représentants des principales formations alliées à Damas qui ont pris part hier à la réunion extraordinaire tenue à Haret Hreik : 1- Le mouvement Amal : le député Ayyoub Hmayed 2 - Le parti Marada : le ministre Sleimane Frangié 3 - La Jamaa Islamiya : cheikh Fayçal Mawlawi (secrétaire général) 4 - Le Parti syrien national social : Gebran Araygi (président) 5 - Le Parti Kataëb : l’ancien ministre Karim Pakradouni 6 - Le Parti démocrate libanais : le ministre Talal arslane 7 - Le Parti Tadamoun : Émile Rahmé 8 - Le Mouvement de la lutte libano-arabe : le député Fayçal Daoud 9 - Le Rassemblement des comités et des ligues populaires : le député Béchara Merhej 10 - Le Parti Tachnag : Hovig Mokhtarian (président) 11 - Le Parti de l’Ittihad : Le ministre Abdel Rahim Mrad 12 - Le Mouvement Tawhid : cheikh Bilal Chaabane 13 - La Ligue populaire : l’ancien député Zaher Khatib 14 - L’Organisation populaire nassérienne : le député Oussama Saad 15 - L’Association de bienfaisance islamique : l’ancien député Adnane Traboulsi 16 - Le Parti du dialogue national : Fouad Makhzoumi 17 - Le Baas syrien : le ministre Assem Kanso.
La couleur a été annoncée dès le départ : à l’entrée du complexe du « patron des martyrs », à Haret Hreik, une rangée de drapeaux libanais étaient alignés en parfait ordre, accueillant les journalistes. Ces derniers sont arrivés peu avant la « réunion extraordinaire » tenue par une trentaine de formations alliées de Damas, dont le Hezbollah et Amal, afin d’examiner les...