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Le discours du président syrien suivi par 20 000 opposants réunis au centre-ville Place des Martyrs, un mélange de déception, de joie et d’interrogations (Photo)

«Nous avons compris du discours du président syrien que le dénouement est proche, mais qu’il n’en faudra pas moins poursuivre nos sit-in et être nombreux à participer à ces rassemblements ainsi qu’à la manifestation de lundi. » Satisfaits par la déclaration faite par le président syrien Bachar el-Assad concernant le retrait complet des troupes syriennes vers la Békaa et dans un deuxième temps vers la frontière libano-syrienne, les Libanais célèbrent déjà la première étape d’une souveraineté retrouvée. Ils n’en demeurent pas moins sceptiques. Et les questions qu’ils se posent ne sont que très nombreuses : « Quand ce retrait aura-t-il effectivement lieu ? », « Qu’entend le président syrien par frontière libano-syrienne ? », « Qu’en est-il des services de renseignements ? » « Sont-ils concernés par cette décision ? » Fidèles au rendez-vous depuis le 16 février, ils étaient quelque vingt mille hier, place de la Liberté, à porter le blanc, symbole de la démocratie, à arborer les couleurs de l’opposition (rouge et blanc) ainsi que le ruban bleu, symbole de la revendication de la vérité, et à hisser le drapeau libanais. Dès 14h, ils commencent à affluer par petits groupes sur les lieux du rassemblement, scandant des slogans antisyriens, entonnant l’hymne national ainsi que des chansons patriotiques et réclamant le retrait complet des troupes syriennes. Un bouquet de ballons blancs trône au centre de la place, aux pieds de la statue des Martyrs, et des slogans incitant la Syrie à quitter le pays s’affichent partout. Des membres du comité organisateur distribuent aux manifestants des autocollants « Indépendance 05 », un slogan d’ailleurs omniprésent. Au fil des heures, la foule grossit et tous, sans exception, attendent impatiemment 18h pour suivre le discours du président Assad. Selon certains manifestants, ce dernier finira par « se plier à nos revendications » et « nous allons finir par recouvrer notre souveraineté, notre liberté et notre indépendance ». D’autres, plus sceptiques, estiment que M. Assad aura recours à de nombreuses « manœuvres » avant d’ordonner le retrait de ses troupes et qu’il va « essayer de gagner du temps ». Mais une chose est certaine : « Ils finiront par s’en aller. » Dix-huit heures pile, des huées s’élèvent de la foule dont les yeux fixent les écrans géants installés des deux côtés de la place. Un début décevant pour certains qui s’attendent à ce que le président syrien présente ses condoléances au peuple libanais « d’autant plus que l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a toujours défendu la Syrie et entretenait de bonnes relations avec les dirigeants de ce pays ». Et ce n’est que vers la fin du discours, à l’annonce du retrait complet en deux temps des troupes syriennes, que les applaudissements et les vivats retentissent, suivis de l’hymne national entonné par des voix vibrant d’émotion. « Lorsque le peuple désire ardemment sa souveraineté et son indépendance, il finira par les obtenir, confie Nada, une jeune militante, surtout lorsqu’il est uni. » « Nous voulons une date et un retrait complet », insiste le Dr Élie Karamé, chef de l’opposition Kataëb. Précisant que le peuple libanais a démontré au monde entier qu’il est capable de miracles, le Dr Karamé note que « nous nous sommes toujours battus pour une souveraineté nationale libanaise et notre allégeance a toujours été pour le Liban ». « C’est une réalité qui ne ne changera pas », affirme-t-il. Le Dr Fouad Abou Nader, ancien chef des Forces libanaises, indique pour sa part que « le sursaut des Libanais contre l’hégémonie syrienne a été entendu à travers le monde », considérant que « l’armée libanaise est capable d’étendre son autorité sur tout le territoire assurant la sécurité d’une façon égale ». Et de noter que la « révolution du cèdre » va « s’étendre aux pays avoisinants apportant des changements qui ne peuvent être que positifs ». De son côté, Massoud el-Achkar, candidat au siège maronite d’Achrafieh, signale que « le seul point positif » du discours du président syrien demeure « l’aveu qu’il a livré concernant les erreurs commises par la Syrie au Liban ». « Il faut que le commandement syrien ait le courage de se retirer le plus vite possible du Liban, ajoute M. Achkar. Ainsi, il sera possible d’entretenir des relations diplolmatiques entre deux pays indépendants, ce qui n’a jamais existé depuis 1943. » Hier soir, les Libanais ont applaudi un début de souveraineté retrouvée. Mais les sit-in se poursuivront, ainsi que les manifestations, jusqu’à ce que « la vérité », « toute la vérité » sur l’assassinat de Hariri éclate au grand jour. N. M.
«Nous avons compris du discours du président syrien que le dénouement est proche, mais qu’il n’en faudra pas moins poursuivre nos sit-in et être nombreux à participer à ces rassemblements ainsi qu’à la manifestation de lundi. » Satisfaits par la déclaration faite par le président syrien Bachar el-Assad concernant le retrait complet des troupes syriennes vers la Békaa et dans un...