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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Hezbollah invite l’opposition à dévoiler toutes ses cartes Fneich : « Nous sommes prêts à assurer la sécurité stratégique de Damas en cas de retrait de ses troupes »

Face à la crise qui met face à face le camp de l’opposition et la Syrie, le Hezbollah, allié privilégié de Damas, apparaît comme le médiateur incontournable entre les différents protagonistes dans la recherche d’une issue honorable. Si le parti chiite se dit prêt à négocier, il attend toutefois de voir jusqu’où compte aller l’opposition dans ses revendications qui, jusque-là, sont considérées comme « rédhibitoires ». Interrogé par L’Orient-Le Jour, le député du parti chiite, Mohammed Fneich, fixe à son tour « le plafond » qui serait acceptable par son parti, à savoir l’accord de Taëf qui prévoit un repositionnement de l’armée syrienne dans la Békaa, et certaines positions militaires qui assureraient la sécurité stratégique de la Syrie. Le député fait également allusion au rôle qu’entend jouer l’opposition sur l’échiquier régional, notamment par rapport au conflit qui oppose les États-Unis à la Syrie, la 1559 étant pour le parti de Dieu une ligne rouge. Par la bouche de son député, le Hezbollah se dit toutefois prêt à assurer la « sécurité stratégique de la Syrie » et par extension, « du Liban », en cas de retrait des troupes de Damas. Mais avant, « il faudra que l’opposition joue cartes sur table » et dévoile ses intentions à venir, par rapport au statut futur du parti et de son rôle politique à l’avenir. Pour le député, contrairement à l’avis de nombreux observateurs, le front de refus constitué par l’opposition et le rassemblement populaire qui a suivi « n’est pas représentatif de tous les Libanais », surtout qu’il « s’est fait l’écho de positions politiques qui dépassent » la question de la recherche de la vérité sur l’attentat de l’ancien Premier ministre. Selon M. Fneich, la question de la « légitimité populaire », dont s’est prévalue l’opposition, repose une fois de plus sur celle de la majorité numérique. « Le fait de s’en remettre (à la rue) pour résoudre les questions conflictuelles au Liban revient à dire qu’à l’arbitrage des institutions, sera substitué celui de la population. Il y a quelque temps, on avait considéré que cette proposition allait à l’encontre de la coexistence. Certains ont même été jusqu’à tenir des propos racistes en parlant d’une “équation qualitative” », rappelle le député qui estime que la solution ne passe pas par la rue, encore moins par le défi. « L’attitude de l’opposition a consisté jusque-là à imposer des conditions et des revendications qui sont, pour nous, rédhibitoires », dit-il en relevant que celle-ci avance « des propositions partielles dans le but de réaliser des gains politiques durant les élections et cela avant même qu’elle ne dévoile sa position pour ce qui est du gouvernement postélectoral ». « Nous allons d’abord écouter ce que l’opposition a à dire et examiner son projet global. À ce stade, il n’ y a plus de possibilité de rapprocher les points de vue de manière partielle. » Selon M. Fneich, l’une des pierres d’achoppement entre les deux parties est « la question du retrait total de la Syrie. Cela nous emmène à reposer la question des accords de Taëf et nous renvoie à la 1559 ». Et le député de préciser que la résolution onusienne n’est que le reflet du conflit qui oppose les États-Unis et, plus récemment, la France à la Syrie. « La question est de savoir où se place le Liban par rapport à ce conflit. En dehors des accords de Taëf, toute autre position nous entraîne à devenir partie prenante de ce conflit », dit-il. « En tant que Hezbollah, nous ne pouvons que renforcer l’immunité de la Syrie, surtout que cela est en rapport direct avec notre conflit avec Israël. Nous ne pouvons donc pas habiliter les États-Unis à régler leurs comptes à travers le Liban », précise le parlementaire, soulignant que l’attitude de l’opposition en général n’est pas favorable au dialogue. Elle prélude plutôt à « une escalade qui entraînera inévitablement une contre-escalade, laquelle nous éloignera des élections parlementaires ». Commentant la rencontre entre le député Ghazi Aridi et le secrétaire général sayyed Hassan Nasrallah, il affirme que ce n’est que « le début d’un dialogue ». « Nous sommes prêts à jouer n’importe quel rôle à condition de savoir exactement quel est le projet à venir. N’oublions pas que le parti a ses convictions et son poids », insiste le député. À la question de savoir quelle serait l’attitude du Hezbollah si l’enquête prouvait l’implication de la Syrie, le député assure que « quel qu’en soit l’auteur, il tombera au Liban, même s’il s’agit d’un (pays ) ami. S’il s’agit de l’ennemi, l’hostilité du Liban envers lui augmentera », affirme le député. Que la Syrie soit ou non derrière l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri, le message de l’opposition et d’une partie des Libanais qui se considèrent « apolitiques » est pourtant clair pour ce qui est du retrait des troupes de Damas. Qu’en pense le Hezbollah ? « Notre réponse à cela est l’application de Taëf », insiste M. Fneich qui affirme toutefois que « si les Syriens décident en accord avec le gouvernement libanais d’aller plus loin », c’est-à-dire de se retirer, le Hezbollah pourra éventuellement assurer, pour une certaine période, la sécurité stratégique de la Syrie. Le député précise : « Taëf légalise, sans en définir le timing, la présence syrienne dans la Békaa, à partir de Mdeirej, et dans d’autres points militaires de la localité. » « Cela suppose que cette présence est liée à une nécessité qu’impose le conflit avec Israël. À partir de là, nous pouvons trouver un accord entre Libanais et Syriens, et serons prêts à assumer ce rôle en cas de retrait pour assurer la sécurité de Damas », ajoute le député. Ce dernier précise toutefois que « le débat aujourd’hui ne porte plus sur la question du redéploiement – car la période de deux ans est déjà révolue. La question est désormais la définition de la présence militaire syrienne dans la Békaa et dans d’autres points militaires. Si cette proposition est acceptée, nous irons parler avec les Syriens pour déterminer ce point ». Mais cela n’est précisément pas accepté par une partie des citoyens ? « C’est là où réside le problème. Il y a également une grande partie des Libanais qui n’est pas d’accord avec les autres. La question est de savoir si le Liban veut être partie prenante de ce grand conflit régional ou devenir l’allié de ceux qui remettent en question le rôle de la Syrie. L’expérience nous a prouvé que cela n’est pas dans son intérêt », conclut le député. Jeanine JALKH
Face à la crise qui met face à face le camp de l’opposition et la Syrie, le Hezbollah, allié privilégié de Damas, apparaît comme le médiateur incontournable entre les différents protagonistes dans la recherche d’une issue honorable. Si le parti chiite se dit prêt à négocier, il attend toutefois de voir jusqu’où compte aller l’opposition dans ses revendications qui, jusque-là,...