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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Sécurité et manifestation Les manifestations et les rassemblements de ces derniers jours marqueront sans doute l’histoire du Liban. Pour la première fois dans un pays arabe, la rue aura été la motrice d’un changement politique sans effusion de sang. Aucune friction et aucun incident entre les manifestants et les forces de l’ordre n’ont été signalés, ce qui rehausse l’image du pays auprès du monde entier. Qu’il en soit rendu justice aux manifestants. Karim TORBEY Loin des yeux seulement Manifestant hier soir à Paris, comment ne pas être fière de ce peuple, oui du peuple libanais, qui s’unit pour retrouver sa souveraineté ? Je suis franco-libanaise et très fière de voir mon pays se réveiller. Merci à toute l’équipe pour vos reportages quotidiens qui nous permettent d’être informés, nous qui sommes loin des yeux, mais pas loin du cœur. Vive le Liban ! Vive la France ! Violaine BOUKHALIL France Fier de mon peuple Les Libanais se sont retrouvés. La liberté aura été le force motrice de leurs retrouvaillles. Nous les Libanais respirons la liberté. En tant que Libanais vivant hors de mon pays, je me sens aujourd’hui plus que jamais fier de mon identité, de mon appartenance et surtout de mon peuple. Le Libanais qui a longtemps souffert était et restera un symbole de l’homme libre, l’homme qui, depuis cet alphabet qu’il a inventé, est le fondateur de l’idée de la liberté d’expression qui se concrétise par le refus de l’oppression. Que le sang de nos martyrs qui abreuve notre terre nourisse notre liberté, notre souveraineté et notre indépendance. D. HUSSEIN France La haine, devoir national Grâce au séisme Hariri, épicentre des secousses de nos léthargies et de nos errances, le vent des libertés a submergé les discrédités du vocabulaire de l’illusion. Mais il faut que le combat se poursuive et qu’un programme politique émerge pour que l’espoir se concrétise. La providentielle conjonction des facteurs locaux, régionaux et internationaux ne se renouvellera pas. Les générations de demain ne nous pardonneront jamais de manquer ce salutaire rendez-vous avec l’histoire. À toute inculture démocratique, à toutes les casuistiques frileuses et compromissoires, opposons nos inébranlables certitudes et notre foi en un Liban-message – remplaçant un Liban-otage – convivial, souverain et inviolable. Le 10 janvier 1945, Florimond Bonte écrivait dans le journal L’Humanité : « La haine est un devoir national. » Oui. On ne peut pas faire la guerre des libertés sans la haine de la tyrannie, sans la haine des fanatismes et des idéologies surannées, sans la haine de la bêtise et de l’arrogance, sans la haine des complices de la barbarie et du crime organisé. Et sans la purification libératoire de notre conscience collective. Paul Ph. EDDÉ Gare au vide politique Pour la première fois depuis bien longtemps, nous pouvons, à raison, afficher au Liban notre optimisme en nous projetant vers l’avenir. La démission du gouvernement libanais représente le premier point marqué par la rue qui n’a pas désempli depuis14 jours. Et nous, ici à Paris par un froid polaire, nous sommes allés, une fois de plus, soutenir cette formidable opposition libanaise en scandant ses slogans sous les fenêtres de l’ambassade de Syrie. La rue ne désemplira pas, au contraire, ce premier épisode lui donne des ailes. Nous volons ainsi de plus en plus confiants vers notre prochaine victoire : le retrait des troupes syriennes. La machine est lancée, il sera très dur à quiconque de l’arrêter à présent. Cela ne peut être autrement ; la rue continuera à prendre le dessus. Cependant, ne tombons pas dans le piège du vide politique : le départ du Premier ministre et de son équipe doit vite être comblé pour éviter de fragiliser encore plus le pays. À la jeune génération d’aujourd’hui, épaulée par les députés de l’opposition, de former un pouvoir de transition pour préparer des élections libres. Robert MALEK Paris Leçons du passé La révolution du 28 février avec le soutien spontané des forces armées a enfin réussi. Une nouvelle indépendance est née. Et si nous revenons aux mémoires de Sami el-Solh publiés en exclusivité dans l’almanach de L’Orient-Le Jour de 1974, il reste à nos responsables d’en tirer les leçons. Le pouvoir du président Béchara el-Khoury était fier d’avoir une majorité écrasante à la Chambre – 55 députés sur 77 l’appuyaient. Et pourtant, c’est une minorité de l’opposition parlementaire, appuyée par la population, qui réussira, en décrétant la grève durant quatre jours, à obtenir son départ. L’histoire se répète aujord’hui. Antoine SABBAGHA Beyrouth Beyrouth ! qui a bercé notre tendre enfance, Qui a témoigné de nos joies et nos espérances, Nous l’avons mené à la guerre sans conscience, Et observé son combat plein de résistance, Face à une monstruosité intense. Des martyrs, pour elle, sont morts dans la souffrance, Des familles de soldats ont pleuré leur absence, Une génération d’orphelins en a été la semence. Dans les rues de Beyrouth, on entendait le silence, Qui suivait le bruit des obus en cadence, Attendant la riposte de l’ennemi, sa vengeance. De 75 à 90 régnait en permanence, Dans les rues de Beyrouth, une amertume immense. Aujourd’hui encore la paix ne vient qu’en vacances, Dans cette ville sous étrangère dominance, Où l’on élimine toujours avec violence Tous ceux qui réclament leur indépendance. Mais en la nouvelle génération, ayez confiance ! Elle luttera contre l’hégémonie avec vigilance Et l’espoir un jour reprendra naissance, Dans le Beyrouth de notre enfance. Alors, nous te promettrons de garder à distance, Beyrouth ! toute lueur de malfaisance, Mais renonce envers nous à ta méfiance, Car nous méritons une deuxième chance. Jessica EL-KEHDY L’éloquence du vrai Dire le vrai, céder enfin à cette latente exigence de sortir du fond de sa gorge tout ce qu’il a fallu tant et tant de fois étouffer, tout ce qui s’y est accumulé de colères et de dégoûts refoulés, tel est l’exorcisme auquel s’est livré Marwan Hamadé dans le superbe discours-réquisitoire qu’il a prononcé lundi à la Chambre. C’est comme si les blessures que ses tueurs voulaient mortelles avaient conféré à cet être d’élite, sauvé par miracle, une sorte d’état de grâce lui permettant de planer au-dessus de ses semblables en même temps qu’une autorité désormais d’autant plus invincible que son corps meurtri est devenu fragile. Plus rien ne peut freiner ce qui fut si longtemps contenu. Si l’intérêt de la nation imposait naguère encore un silence averti, voilà que déborde la coupe et que la vérité tombe en cascade, claire comme de l’eau de roche, tumultueuse et glacée. Après les paroles de Marwan, plus personne ne pourra entendre, sans en rire, les vociférations des thuriféraires qui ne nous ont que trop assourdi de leur crétinisme aigu, aggravé d’arrogance. Le temps est venu des cœurs affranchis. Puisse-t-il durer jusqu’à l’aurore d’une indépendance nouvelle. Michel EL-KHOURY J’accuse Veuillez m’excuser de plagier Émile Zola de la sorte, mais je n’utiliserai que le titre de son fameux éditorial paru dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898. J’accuse notre conscience collective de n’avoir pas su tirer les leçons du passé et de continuer d’assassiner notre patrie. J’accuse une partie de nos hommes politiques de nous entraîner vers un gouffre inconnu. Notre pays est en danger, messieurs, n’y a-t-il plus en vous un seul atome de bonne volonté ? Réagissez, descendez de vos monts dorés, regardez ce pauvre peuple affamé et hagard. J’accuse tous ceux qui ne savent même plus ce que démocratie veut dire, et leur rappelle qu’il s’agit de la souveraineté du peuple, ce peuple qu’ils pensent entraîner dans leurs desseins, comme des agneaux. J’accuse ce système politique féodal qui, depuis presqu’un siècle, régit notre vie et nos ambitions. J’accuse tous ces profiteurs, tous ces hommes mesquins, tous ces petits de ruiner notre avenir et notre soif d’avancer vers le meilleur. J’accuse tous les accusateurs de tout bord qui s’accusent mutuellement. Vos mensonges et calomnies ne nous importent plus, vous vous êtes découverts vous-mêmes, vous devriez avoir honte, plus personne ne vous prend au sérieux. J’accuse, mais qui dois-je encore accuser, peut-être moi-même, d’avoir cru en ce pays, en cette nation, en moi-même. Je ne sais plus qui croire, quoi croire, comment réfléchir, que dire à mes enfants, à mes amis, dois-je repartir vers d’autres cieux ? Pour conclure, je tiens à dire à tous ceux que j’ai accusés que je ne les connais pas et que je ne veux pas les connaître. Je ne demande que le bonheur pour mes concitoyens, ils y ont droit et ils y aspirent comme tout autre peuple libre. C’est un cri du cœur, au nom de ce qui reste d’humanité dans ce monde, alors, je vous en supplie, entendez ce cri. Et je conclus comme Zola : j’attends. Dr Riad EL-ALAILI Membre du conseil municipal de Beyrouth Le bout du tunnel ? Jusqu’au 14 février dernier, j’étais indifférente. « On » avait beau reconduire des mandats, assassiner untel, tenter d’en assassiner un autre, « on » avait beau hausser le ton, nous appeler à œuvrer pour l’opposition, rien n’y faisait. J’étais, comme beaucoup de Libanais, anesthésiée. Depuis les années 90-91, l’État a en effet tout fait pour anéantir toute velléité en nous, toute envie de protester. Même le changement radical de ton de Walid Joumblat n’arrivait pas à ranimer une étincelle d’espoir en moi. Trop d’espoirs déçus, trop d’injustices, trop d’incohérences de la part d’un simulacre de gouvernement, qui faisait semblant de gouverner alors qu’il n’était chargé que d’expédier les affaires courantes... bien avant sa démission. Mais il n’y avait pas que cela. Il y avait aussi le revers de la médaille, le côté qui brille. « On » a su nous appâter, en effet, calmer nos ardeurs patriotiques en nous « permettant » de reconstruire le pays, à l’image des pays européens que nous enviions autrefois. Vous voulez des cafés, des restaurants, des boîtes de nuit, des magasins de mode, une infrastructure décente, un mode de vie que vous envient tous vos voisins arabes, à commencer par les chers voisins syriens ? Soit. Vous les aurez. Mais ne vous aventurez plus à parler de politique, à réclamer des choses... Vivez, tout simplement, faites la sourde oreille face à l’hégémonie syrienne qui s’engage à se faire discrète dans la vie de tous les jours.. Tel était le contrat. Nous y avons pour la plupart adhéré sans nous soucier du reste. Je plaide moi-même coupable. Mais voilà. Il y a eu le 14 février 2005. L’horreur. Les images, insoutenables. L’effet d’un tsunami à l’échelle nationale. Car il ne s’agissait pas « que » de tuer une personne, il s’agissait avant tout de semer la terreur. D’ébranler le moral des Libanais, de leur rappeler cruellement leur destin d’otages. Ce 14 février-là, j’ai bel et bien pleuré un Rafic Hariri que je ne connaissais pas et dont je n’étais pourtant pas une fan. J’ai surtout pleuré pour le Liban, je me suis même réconciliée avec mon pays. Je me suis excusée auprès de lui d’avoir été si longtemps indifférente à son sort. La mort de Rafic Hariri a eu l’effet d’un électrochoc sur de nombreux Libanais, qui sont enfin sortis de leur longue léthargie. L’élan est beau et grand. L’espoir renaît enfin. Aujourd’hui, je n’ai qu’une prière à adresser à tous les Libanais : de grâce, gérons convenablement l’après. Sur les rouleaux blancs étalés place des Martyrs, j’ai écrit trois mots : plus jamais ça ! Joumana NAHAS Avocat au barreau de Beyrouth Je retiens mes larmes Je suis tes nouvelles par tous les moyens technologiques à disposition et je n’ose espérer. Est-il possible qu’enfin, après une trentaine d’années, l’occupation prenne fin ? J’y avais cru il y a quinze ans et je suis depuis expatriée. Mon Liban vas-tu enfin te libérer ? Après tout, en Ukraine ils y sont arrivés. Alors, je suis tes nouvelles et je retiens mes larmes : seront- elles d’émotion ou d’amertume ?… Marie MOARBÈS paris La troisième force Le président Sélim Hoss et quelques autres ont trouvé la voie : la troisième force. Mais comment un ancien Premier ministre qui baigne depuis longtemps dans la politique peut-il commettre une telle erreur ? Le pays est divisé aujourd’hui entre opposants et loyalistes. Cette coupure est nette, surtout après l’assassinat de Rafic Hariri. Force est donc de constater que la troisième force est mort-née et que pour certains, la retraite semble inévitable. Joseph FOURNIER Solidarité sans réserve Mes sincères condoléances et mon soutien au peuple libanais dans sa diversité, source de richesse et de complémentarité. Ma solidarité sans réserve en ce jour historique à tous les confrères des barreaux de Beyrouth et de Tripoli et particulièrement aux bâtonniers Antoine Akl et Sélim Osta. Oui, chers messieurs et confrères, « les morts ne sont pas morts ». Pour moi, leur sang irrigue la terre du pays du Cèdre afin que, selon la logique de Zola dans Germinal, naissent et poussent de milliers de bâtisseurs arborant sur leurs fières poitrines les sceptres des Hariri, Joumblatt... Bon courage! Me Michel VOUKENG Michel, Avocat au barreau du Cameroun, Douala Toute la nuit devant la télé Merci, merci et encore merci pour agir pour le bien et la souveraineté de notre cher pays, le Liban! Nous sommes avec tous les partisans de la liberté, de la démocratie et de la solidarité de notre peuple. Nous avons passé toute la nuit devant le petit écran à regarder avec admiration, fierté, émerveillement et enthousiasme les manifestations des Libanais en colère, criant de toutes leurs forces leur rage contre l’occupation syrienne. Nous appuyons de toutes nos forces et jusqu’au bout la résistance libanaise et son combat de libération. Vive le Liban uni, souverain et indépendant ! Les familles libanaises résidant en Californie : Traboulsi, Nader, Sayegh, Karam, Saliba et Younès Un peu de repos Le courage, la volonté, la ténacité ont eu raison des politiques, et Rafic Hariri reposera en paix de voir ainsi le flambeau passé. À présent et puisque pour voyager loin, il faut ménager sa monture, accordez-vous un peu de repos et de temps pour accomplir une tâche de plus longue haleine encore : conserver votre magnifique unité pour installer enfin un gouvernement libre et laïc, soucieux des intérêts de chaque individu (et non pas de chaque confession, caste, famille, etc). Autrement dit, le plus dur reste faire car il va falloir lutter contre les mauvais réflexes du passé, installés justement pour vous diviser. Je vous souhaite la vigilance, la clairvoyance, la patience et la force de tenir à distance toute velléité d’ingérence politique de qui que ce soit. Il faut parfois du temps pour y voir bien clair, essayez de vous l’accorder ; nous sommes toujours avec vous tous. Jacqueline PETMEZAKIS Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (Rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Sécurité et manifestation
Les manifestations et les rassemblements de ces derniers jours marqueront sans doute l’histoire du Liban. Pour la première fois dans un pays arabe, la rue aura été la motrice d’un changement politique sans effusion de sang. Aucune friction et aucun incident entre les manifestants et les forces de l’ordre n’ont été signalés, ce qui rehausse l’image du...