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Les députés haririens demandent « l’application complète et immédiate » de Taëf Joumblatt appelle au « calme » et réclame la formation d’un gouvernement neutre

Peu après la démission du Premier ministre, Omar Karamé, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a appelé les Libanais au « calme » et à la « raison », réclamant la formation d’un « gouvernement neutre disposant d’un minimum de crédibilité pour organiser des élections correctes et appliquer Taëf ». Il a également refusé la mise en place d’un gouvernement militaire et demandé la démission des responsables sécuritaires du pays. Dans une série de déclarations aux médias hier soir, M. Joumblatt a nié avoir révisé à la baisse ses objectifs politiques, affirmant que le but principal restera la recherche de la vérité autour de l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. « L’opposition a réussi à renverser le gouvernement et œuvrera maintenant pour un retrait syrien programmé et honorable selon Taëf », a-t-il ajouté. Concernant les derniers propos du président syrien, Bachar el-Assad, qui avait affirmé que le retrait des forces de Damas du Liban devait attendre la paix dans la région, même s’il était techniquement possible avant la fin de l’année, le chef de la Rencontre démocratique a déclaré : « Nous ne pouvons pas attendre que les questions du Golan et de la Palestine soient réglées. Le dossier libanais est distinct de ces affaires-là, et le Liban ne doit pas être pris en otage en attendant que tout ceci se réalise. » « Il y a une divergence dans les points de vue », a-t-il dit. Estimant que la question des délais dans l’élaboration de la loi électorale n’est pas un véritable obstacle, il a appelé à la formation d’un cabinet neutre, composé, entre autres, « de juges honnêtes et de personnalités crédibles ». « Mais nous ne ferons aucun compromis aux dépens du sang de Rafic Hariri », a précisé M. Joumblatt. Quant à la démission du président de la République, Émile Lahoud, il a indiqué que l’opposition avait déjà demandé « le départ du pouvoir », mais qu’il ne pouvait prendre position à ce propos, ainsi qu’en ce qui concerne la participation de l’opposition aux consultations parlementaires pour la formation du nouveau gouvernement, sans consulter ses alliés. « Dans ces instants de victoire, il ne faut pas s’enivrer. Nous ne voulons pas être hostiles à la Syrie. Nous ne voulons pas de ces slogans chauvinistes anti-syriens », a-t-il dit, estimant que le Liban est aujourd’hui devant un carrefour historique, et invitant le Hezbollah à rejoindre le courant de l’indépendance. Il a ensuite remercié l’opposition, le peuple libanais, mais aussi le « monde libre et notamment la France et son président, Jacques Chirac » pour leur contribution à ce qu’il a appelé « la victoire de la volonté libanaise ». En soirée, et devant la foule qui a envahi son palais de Moukhtara, le chef du PSP a encore une fois appelé les gens au calme, leur demandant d’arborer uniquement le drapeau libanais. Il a également rejeté toute forme de « racisme antisyrien ». M. Joumblatt s’était auparavant adressé aux manifestants de la place des Martyrs en déclarant : « Ils l’ont menacé, accusé de traîtrise et assassiné. Que voulons-nous ? Nous voulons un Liban libre, souverain, indépendant (...) et un régime démocratique. Nous ne voulons pas que les services libanais et syriens gèrent le Liban. Nous voulons savoir qui a tué Rafic Hariri et tenté d’assassiner Marwan Hamadé. » « Nous ne voulons pas être les ennemis de la Syrie. Mais nous leur demandons de partir. Partez. Que Taëf soit immédiatement appliqué, comme il aurait dû l’être depuis 1991. Partez. Nous voulons l’amitié du peuple syrien », a-t-il conclu, appelant les députés à ne pas assassiner Hariri une deuxième fois et à rejoindre l’opposition. M. Joumblatt avait également déclaré à la presse étrangère que les Libanais ne peuvent pas attendre l’année 2050 pour que les Syriens se retirent, estimant qu’il fallait « durer face à un régime tyrannique et fasciste qui assassine ». Il a également affirmé que la lutte « n’est pas facile face à un régime stalinien ». Le bloc haririen Les députés haririens ont tenu hier soir une réunion d’urgence, à l’issue de laquelle ils ont déclaré « poursuivre la coordination avec les forces opposantes pour l’application complète et immédiate de l’accord de Taëf, de manière à préserver la liberté du Liban, son système démocratique, son indépendance et sa souveraineté ». « La démission du gouvernement est un premier pas dans l’intifada populaire pacifique en marche depuis l’assassinat du président martyr, Rafic Hariri », et « dans la recherche de la vérité autour de cet assassinat », ont-ils affirmé, indiquant qu’ils « n’accepteront en aucun cas un compromis aux dépens du sang de Hariri, et en échange d’un cabinet ou d’un poste ministériel », puisqu’ils n’ont jamais cherché à « renverser ce gouvernement pour le remplacer ». « Cette démisssion ne doit pas empêcher le pouvoir de révoquer tous les responsables sécuritaires du pays. Nous demandons la démission immédiate du procureur général près la Cour de cassation, le ministre sortant Adnane Addoum, du directeur général de la Sûreté générale, le général Jamil Sayyed, du directeur général de la Sûreté de l’État, le général Édouard Mansour, du directeur général des FSI, le général Ali Hajj, du directeur des renseignements de l’armée libanaise, le général Raymond Azar, du chef de la Brigade républicaine, le général Moustafa Hamdane, du chef du service d’écoute au sein de la direction des SR, le colonel Ghassane Toufaïli », a conclu le communiqué. Le général Aoun De son côté, le général Michel Aoun a estimé hier que la démission du gouvernement Karamé ne constitue qu’une étape, le véritable objectif restant la souveraineté et l’indépendance du Liban, ainsi que le retrait des forces syriennes. « Nous sommes pour la tenue d’élections législatives, mais pas à n’importe quelles conditions. Nous demandons qu’il y ait un retrait syrien avant le scrutin », a-t-il expliqué, appelant le peuple libanais à veiller sur son unité. « Nous poursuivrons la lutte jusqu’à la réalisation de cet objectif principal », a ajouté le général. M. Aoun a également rejeté la possibilité d’un vide sur la scène politique après la démission, estimant qu’une telle idée a été lancée pour effrayer les Libanais. Estimant que la formation d’un gouvernement militaire constituerait une « erreur fondamentale », il a souligné la contradiction au sein du discours officiel syrien après les derniers propos du président Bachar el-Assad. Dans un mot adressé à la foule rassemblée à la place des Martyrs, le général Aoun avait déclaré : « Les criminels pensaient que le crime renforcera le découragement des Libanais, et voilà qu’il constitue un choc qui a réveillé le peuple de la léthargie, de la peur, chassant des esprits la psychologie de la soumission ». Nassib Lahoud Le député du Metn, Nassib Lahoud, a pour sa part estimé que « ce 28 février est un grand jour dans l’histoire du Liban, parce que la chute du gouvernement face à la volonté populaire pourrait permettre d’envisager une solution à la crise actuelle (...) », notamment en ce qui concerne « la vérité sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, le retrait de l’armée syrienne et le recouvrement de la souveraineté, de la démocratie et la fin de la tutelle ». Selon M. Lahoud, cet événement constitue une victoire pour le peuple libanais et l’opposition, et un geste de gratitude envers « l’âme du grand martyr Rafic Hariri ». Il a également demandé la formation d’un gouvernement neutre qui puisse garantir des élections libres et démocratiques, et réclamé la démission des responsables sécuritaires, appelant la Syrie à ouvrir une « nouvelle page avec le Liban ». Samir Frangié Enfin, Samir Frangié, membre de Kornet Chehwane, a réclamé sur Radio-Orient « une déclaration solennelle du chef de l’État syrien disant qu’il donne l’ordre pour un retrait des troupes syriennes du Liban, même par étapes ». Il a également demandé « la formation d’un gouvernement de transition qui assure l’organisation d’élections libres pour un retour à la normale de la vie politique » et annoncé que l’opposition allait « continuer le combat ». M. Frangié a réclamé « la tête des services de renseignements libanais que nous accusons d’incapacité, pour ne pas dire de collusion, dans le crime perpétré contre Rafic Hariri ».

Peu après la démission du Premier ministre, Omar Karamé, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a appelé les Libanais au « calme » et à la « raison », réclamant la formation d’un « gouvernement neutre disposant d’un minimum de crédibilité pour organiser des élections correctes et appliquer Taëf ». Il a également refusé la mise en place d’un gouvernement militaire et demandé...