Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Les entrées de la capitale étaient bloquées par de nombreux barrages, causant un trafic monstre À pied, de Jounieh à Beyrouth, pour participer à la manifestation(photos)

En application de la décision ministérielle d’interdire les manifestations, et en vue de retarder, sinon d’empêcher, les milliers de manifestants qui avaient décidé de rejoindre le centre-ville, de très nombreux barrages ont été installés au niveau de toutes les entrées de Beyrouth durant la nuit du dimanche à lundi, et jusqu’à hier en matinée. Mais on n’arrête pas des foules déterminées. À Nahr el-Kalb, l’interdiction de passage imposée par les forces de l’ordre aux dizaines de bus venus du Nord n’a découragé personne. Plus de moyen de locomotion ? Qu’à cela ne tienne. Des milliers de manifestants n’ont pas hésité à poursuivre à pied, et jusqu’à Beyrouth, la quinzaine de kilomètres qui les séparaient encore de la capitale... Des vieillards aux enfants, ils étaient des milliers à remplir l’autoroute de part en part, dans les deux sens, munis de leurs drapeaux libanais, scandant leurs mêmes slogans « Syrie dehors » et « Tous unis » (ainsi que d’autres textes plus inventifs). Ils venaient de Jounieh, mais aussi de Jbeil, de Batroun, et d’aussi loin que Tripoli. « Il y a des villages entiers de Batroun qui descendent dans la rue », nous raconte un jeune homme. L’ambiance est d’ailleurs conviviale, ce qui tranche avec le lieu, une autoroute. Des piétons aux automobilistes, dont les voitures ont eu droit de passage contrairement aux bus, on se reconnaît, on s’apostrophe, on se lance des blagues. Rien n’entame l’entrain des foules qui vont se joindre, quelques heures plus tard, au sit-in de la place des Martyrs. Fatigués même s’ils sont de bonne humeur, les manifestants ont tenté de se caser dans les voitures, ce que les automobilistes ont accepté de bon cœur. Ceux qui n’ont pas eu cette chance ont grimpé sur des camions, des camionnettes ou des bus, par dizaines quelquefois. Le reste a stoïquement poursuivi la marche. Des jeunes ont entrepris de distribuer de l’eau autour d’eux, dans ce même élan de solidarité qu’on retrouve au sein de tous les mouvements de foule qui se sont déroulés depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Hier matin, il fallait donc trois à quatre heures pour traverser l’autoroute qui sépare Dbayé – emplacement du premier barrage de l’armée – du centre-ville de Beyrouth. D’où le fait que les voitures n’ont eu aucune peine à suivre le rythme des piétons. Des barrages répétés, à Dbayé mais aussi à Antélias, à Jal el-Dib et ailleurs, ont obligé les voitures à se ranger en une seule file, retardant considérablement le trafic. Cependant, au niveau de Bourj Hammoud, les automobilistes ont eu la désagréable surprise de constater que l’autoroute avait été tout simplement coupée par l’armée, et qu’il leur fallait faire demi-tour. Les manifestants ont continué à pied, alors que les chauffeurs ont dû se trouver à la hâte un endroit pour garer leurs voitures, avant de faire de même. Le même scénario s’est répété à l’entrée sud de Beyrouth, où des milliers d’automobilistes ont été bloqués dans leurs véhicules des heures durant, notamment sur l’autoroute de Damour, accusant du retard pour rejoindre les manifestants place des Martyrs, ou tout simplement pour vaquer à leurs occupations. Ils venaient des différentes régions du Sud, du Chouf et de l’Iklim el-Kharroub, répondant à l’appel de l’opposition pour le rassemblement. Plusieurs barrages avaient été installés par l’armée et les forces de l’ordre. Mais les manifestants n’en sont pas moins arrivés à destination, dans d’énormes convois, brandissant des drapeaux libanais. Ils étaient accompagnés de l’épouse du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Nora Joumblatt, et de plusieurs membres du parti. Durant tout le trajet de Jounieh à Bourj Hammoud, nous n’avons remarqué aucun incident entre manifestants et forces de l’ordre. Les soldats témoignaient même de l’amabilité à certains moments, adressant un sourire ou un salut de la tête aux jeunes qui les interpellaient. Certes, il y a eu des protestations au moment de quitter les bus et d’entamer cette longue marche. Un jeune ayant sillonné les rues du Kesrouan la veille, comme beaucoup d’autres, nous a raconté qu’un échange avec les forces de l’ordre a failli mal tourner. Mais dans tous les cas de figure, les manifestants ont opposé aux soldats un seul slogan : « Au Liban, nous ne voulons que l’armée libanaise. » La majeure partie des manifestants des régions du Nord a quitté le Kesrouan vers 8h30. Des centaines s’étaient rassemblés dans un parking en contrebas de l’autoroute de Jounieh, à l’appel du député Nehmetallah Abi Nasr. Celui-ci a déclaré à L’Orient-Le Jour que les manifestants poursuivraient leur chemin quoi qu’il arrive, même si on les empêchait de continuer. Suzanne BAAKLINI

En application de la décision ministérielle d’interdire les manifestations, et en vue de retarder, sinon d’empêcher, les milliers de manifestants qui avaient décidé de rejoindre le centre-ville, de très nombreux barrages ont été installés au niveau de toutes les entrées de Beyrouth durant la nuit du dimanche à lundi, et jusqu’à hier en matinée. Mais on n’arrête pas des...