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Le sous-secrétaire d’État US entame son séjour libanais par un briefing de presse Satterfield : Donner plus de force encore à un message US déjà connu

«Souligner, étoffer, renforcer un message qui vous est désormais familier, à savoir la nécessité absolue d’une mise en application de la résolution 1559 de l’Onu » : tel est l’objet de l’actuel séjour du sous-secrétaire d’État américain David Satterfield, ainsi qu’il l’a défini lui-même hier matin devant une dizaine de représentants de la presse libanaise invités à le rencontrer pour un « briefing » à l’ambassade des États-Unis à Awkar. M. Satterfield, qui a occupé dans le passé les fonctions de conseiller puis d’ambassadeur à Beyrouth, s’est dit pleinement confiant de l’aptitude du peuple libanais à décider de son propre destin, pourvu seulement que lui en soient donnés les moyens et qu’il soit mis fin à toute influence étrangère dans ses affaires. Auquel cas, estime le responsable US, les Libanais seront à même de régler entre eux le problème du désarmement du parti intégriste. Le terme de « c’est assez », formulé avec force, est revenu comme un leitmotiv tout au long de cette rencontre, à laquelle assistait également l’ambassadeur Jeffrey Feltman et qui a comporté une brève partie non destinée à la publication. L’agenda officiel de M. Satterfield, qui séjournera quatre jours dans notre pays, se limite pour le moment à un entretien avec le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud ; il rencontrera toutefois « un vaste éventail » de personnalités libanaises. Ci-dessous sont résumées les principales idées-force développées par M. Satterfield : La résolution 1559 – Les États-Unis sont intraitables sur la nécessité de sa mise en application. Cette visite fait suite à celle effectuée au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri à Beyrouth par le numéro deux du département d’État, qui a exprimé le soutien américain au droit des Libanais de décider pour eux-mêmes. C’est bien là le propos de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui stipule le départ de toutes les forces étrangères, c’est-à-dire syriennes, du pays, et l’arrêt des ingérences dans ses affaires. Ce message est clair, dénué de toute équivoque, il est bien connu désormais et cependant cette visite est loin d’être inutile, puisqu’elle a précisément pour objet de lui conférer plus de force encore. Nous voulons un avenir différent pour le peuple libanais, sans que nul ne prenne les décisions qui lui appartiennent : cela vaut mieux pour les Libanais bien sûr ; pour les Syriens aussi, mais chez eux et sans ingérence dans les affaires de leur voisin. M. Satterfield a évoqué à un moment un « délai » (timeline) pour l’exécution de la résolution 1559, mais s’est refusé à se montrer plus précis ; pressé de questions, et à celle de savoir si une telle période pouvait s’étaler sur deux années comme le veulent certaines rumeurs, il a instantanément répondu : « Oh non, beaucoup moins. » Quant aux accusations d’ingérence portées contre les États-Unis eux-mêmes, elles appellent une seule réponse, a dit M. Satterfield : s’il faut qualifier d’intervention la mise en œuvre d’une résolution internationale, alors oui, il y a bien intervention de Washington. Tous les peuples de la terre ont le droit de se gouverner eux-mêmes, le Liban n’est pas une exception et il mérite encore mieux. Aux yeux de l’Amérique, la résolution 1559 reflète parfaitement, de surcroît, la lettre et l’esprit de l’accord de Taëf. Le dossier libanais- Pourquoi cet intérêt relativement récent pour le Liban, après tant d’années d’acceptation du statu quo, sinon d’indifférence ? « Précisément parce que quinze années se sont écoulées et qu’assez, c’est assez. » « Depuis la vingtaine d’années que je m’occupe du Liban, souligne à ce propos M. Satterfield, des Libanais m’ont souvent fait part de leur crainte d’être victimes de quelque marché régional. » Beaucoup d’erreurs ont été commises, poursuit-il, et une fois de plus c’est assez, nous sommes en 2005 et le Liban et la Syrie doivent changer. Les États-Unis sont fortement engagés déjà, ils ne soutiennent pas des individus libanais ou des groupements d’individus, mais des idées et des principes, et ce sont les peuples eux-mêmes, non l’Amérique, qui doivent assumer leurs responsabilités. Washington est confiant que les Libanais sont mûrs pour cela, et considère avec confiance la perspective d’élections libres. Comment les États-Unis réagiraient-ils à d’éventuelles fraudes électorales et autres abus dont est devenu coutumier l’État libanais ? Se bornant à réitérer l’exigence d’un environnement sain, d’une atmosphère normale autorisant le libre choix, de même que la confiance US dans l’aptitude du peuple libanais à se prendre en charge, M. Satterfield a résolument écarté tout risque d’une reprise des affrontements entre Libanais « lesquels, en effet, en ont déjà trop vu ». Il n’a pas manqué de dénoncer « les intimidations et menaces », les propos « extrêmement destructeurs » proférés à ce sujet, et a pris soin de préciser que « ce jugement vaut aussi pour tous les officiels ». Affirmant que l’Administration US a « les contacts adéquats » avec les autorités libanaises, le sous-secrétaire d’État a indiqué que le programme de ses rencontres avec les officiels se limitait à un entretien avec le ministre des Affaires étrangères. À la question de savoir toutefois si quelque rôle spécifique pouvait encore être joué par le président de la République, il a répondu en soulignant la volonté des États-Unis « de venir en aide à toute institution libanaise en mesure de parvenir à l’objectif souhaité ». À propos des déclarations israéliennes relatives à la résolution 1559 – et qui risquent d’être source d’embarras pour une opposition libanaise déjà en butte aux accusations de « collusion » des prosyriens – M. Satterfield, qui va rencontrer un vaste éventail de personnalités politiques locales, s’est borné à dégager toute responsabilité des États-Unis. Il a toutefois qualifié d’insensée l’idée, attribuée par un journal de Tel-Aviv au chef de la diplomatie israélienne, d’une quelconque paternité israélienne de ladite résolution. L’assassinat de Hariri – L’attentat du 14 février a hâté un processus déjà en marche et Beyrouth doit coopérer pleinement avec les enquêteurs internationaux. L’assassinat de Rafic Hariri tombe sous le coup de la résolution 1556 des Nations unies qui fait obligation à tous les États de coopérer dans la lutte contre le terrorisme, et les États-Unis attendent du Liban et de la Syrie qu’ils s’acquittent de leurs obligations (l’ambassadeur Feltman est intervenu à ce moment pour signaler que sur les 12 conventions internationales que renferme la résolution 1556, deux attendent encore d’être signées par l’État libanais). Le Hezbollah – Les États-Unis exigent l’application intégrale de la résolution 1559 stipulant la dissolution de toutes les milices armées. Washington a des vues très claires sur le terrorisme, qu’il soit exercé sur ou à partir du territoire libanais, ou hors de celui-ci, à partir de Gaza par exemple ou d’autres régions palestiniennes. C’est là un problème qui inquiète non seulement Israël et les États-Unis, mais aussi les chefs palestiniens eux-mêmes. L’Iran et le Hezbollah n’ont pas intérêt à la paix, et les États-Unis ne voient pas en quoi de telles actions peuvent servir les intérêts du Liban, mais aussi de la Syrie. Quant à savoir qui procédera un jour au désarmement du Hezbollah, il a assuré qu’il s’agit là d’une question libanaise, ajoutant : » Nous avons la certitude que si un libre choix, un climat différent leur est offert, les Libanais seront capables d’assumer leurs décisions. » La Syrie et la paix – Damas a abusé de rhétorique, c’est des actions concrètes qu’il faut et la mise en application de la résolution 1559 ne souffre aucun compromis. Toute mesure concrète sur le territoire libanais, tel un repli sur la plaine de la Békaa, serait la bienvenue ; ce serait un pas positif mais non suffisant, puisque la résolution onusienne doit être appliquée dans toutes ses clauses. M. Satterfield a paru minimiser la portée des initiatives déployées notamment par l’Égypte et l’Arabie saoudite, en vue d’apporter une couverture arabe au retrait des forces syriennes : « C’est leur affaire », a-t-il assuré. Il a de même affirmé que les États-Unis ne recherchent pas un changement de régime à Damas, mais un changement de politique et de comportement. À plus d’une reprise, a-t-il dit, le président Bachar el-Assad a exprimé sa quête d’une paix globale au Proche-Orient. Or pour y parvenir, la Syrie ne peut plus continuer de s’impliquer aux côtés de groupes terroristes. Si elle persiste dans son attitude, il ne sera jamais possible pour les États-Unis de l’aider ; et quand des mesures concrètes de désengagement auront été prises, l’assistance US deviendra possible. Les États-Unis sont loin d’avoir oublié la résolution 242 et les autres textes onusiens relatifs au conflit arabo-israélien, mais c’est bien la politique syrienne qui empêche que l’on y vienne. Il existe aujourd’hui une sérieuse chance de paix au Proche-Orient, et beaucoup est en train d’être fait dans le sens d’une application de la résolution 242 datant de 1967. Issa GORAIEB


«Souligner, étoffer, renforcer un message qui vous est désormais familier, à savoir la nécessité absolue d’une mise en application de la résolution 1559 de l’Onu » : tel est l’objet de l’actuel séjour du sous-secrétaire d’État américain David Satterfield, ainsi qu’il l’a défini lui-même hier matin devant une dizaine de représentants de la presse libanaise invités...