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Le chef du PSP a décrédibilisé la Ligue arabe et la « tactique » syrienne Joumblatt confirme la nécessité d’une contribution internationale

Walid Joumblatt étant l’un des pôles les plus fédérateurs de l’opposition plurielle, le fait qu’il ait clairement refusé hier, par le truchement de deux organes de presse français, d’accorder le moindre crédit à la Ligue arabe ou à la « tactique connue » des Syriens, n’en devient que plus lourd de sens ; à l’aune, surtout, de ses craintes de voir la libération du Liban « prendre des années ». Le message est double et doublement clair. Le chef du PSP, devenu comme l’ensemble de ses camarades de l’opposition nationale un véritable porte-voix de la rue libanaise, fait comprendre d’abord à Bachar el-Assad que son engagement devant Amr Moussa – fortement revu à la baisse d’ailleurs par l’inénarrable Mehdi Dakhlallah – n’a convaincu personne. Qu’il va falloir que Damas revoie impérativement sa copie, si tant est que la Syrie ait l’intention de montrer aux Libanais et à la communauté internationale qu’elle a compris qu’une page de l’histoire du Liban a été définitivement tournée depuis le 14 février. Ensuite, en décrédibilisant sans équivoque la tentative d’arabisation du contentieux libano-syrien et en mettant en garde l’opinion mondiale en général et française en particulier sur les dangers sans nom d’un renvoi aux calendes grecques de la libération du Liban, Walid Joumblatt met le doigt sur le caractère indispensable d’une internationalisation du dossier libanais, nécessaire troisième et dernier maillon de l’intifada pour l’indépendance. L’équation est simple. Un : la mobilisation pacifique et démocratique de la population libanaise doit impérativement gagner en intensité et en volume. Deux : une organisation en bonne et due forme et un réel soutien aux citoyens doivent être totalement assurés pour que la flamme ne s’éteigne pas. Trois : un véritable investissement politico-diplomatique – « Nous ne réclamons pas les flottes françaises et américaines », a insisté le chef du PSP – de la communauté internationale doit faire pression sur la Syrie. « Nous ne pouvons obtenir seuls un Liban libre. Y a-t-il vraiment pression ? Je n’en suis pas sûr », a regretté hier le député du Chouf, huit jours après qu’il eut exprimé cette même insatisfaction dans L’Orient-Le Jour. Par le truchement de son pilier Joumblatt, l’opposition nationale a officialisé hier son appel à la solidarité de la communauté internationale. Les interviews au « Monde » et à « 20 minutes » Walid Joumblatt a affirmé qu’il n’avait pas confiance dans la Ligue arabe et qu’il doutait des assurances fournies par Amr Moussa quant à un éventuel retrait syrien du Liban. « Je regrette de dire que je n’ai pas confiance dans la Ligue arabe et je connais un peu la tactique syrienne. Si le président syrien voulait gagner du temps, il a surtout réussi à se mettre à dos presque toute la population libanaise, en couvrant un gouvernement quelque part responsable de l’assassinat de Rafic Hariri et de la tentative d’assassinat contre Marwan Hamadé. Quand on parle de gouvernement libanais, c’est d’un cabinet simplement géré par le gauleiter syrien à partir de la Békaa », a déclaré Walid Joumblatt hier au Monde. Et concernant le dialogue, le leader druze s’est simplement demandé avec qui. « Avec une bande de criminels qui ont hier assassiné Hariri ? Avec un pouvoir fantoche à la solde des SR syriens ? Il n’en est pas question. Il nous faut des assurances quant au retrait immédiat des Syriens », a-t-il exigé. Quelles assurances ? « Il faut d’abord des élections, mais des élections libres, pas à l’ombre des baïonnettes syriennes. Il faut en deuxième lieu le départ de ce régime laquais, Émile Lahoud, Omar Karamé et compagnie... En troisième lieu, il faut définir un calendrier très précis concernant le retrait syrien du Liban », a répondu le chef du PSP. Walid Joumblatt s’est en outre félicité de la nomination de l’Irlandais Peter Fitzgerald à la tête de la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri. Cependant, a-t-il souligné, « il faut qu’il puisse interpeller les plus hauts responsables syriens et libanais, et les hommes politiques. Faute de quoi, l’enquête se soldera par un échec », a-t-il prévenu. Et dans une autre interview publiée hier par le quotidien gratuit parisien 20 minutes, le chef du PSP a souligné qu’après l’assassinat de l’ancien Premier ministre et les manifestations antisyriennes qui ont suvi, « il nous reste à conduire la lutte pour un Liban libre ». Mais « nous ne pouvons l’obtenir seuls », a-t-il reconnu, se demandant si pour l’instant, la communauté internationale « fait vraiment pression » sur la Syrie. « Je n’en suis pas sûr », a-t-il dit, exprimant sa crainte de voir la libération du Liban « prendre des années ». Ziyad MAKHOUL

Walid Joumblatt étant l’un des pôles les plus fédérateurs de l’opposition plurielle, le fait qu’il ait clairement refusé hier, par le truchement de deux organes de presse français, d’accorder le moindre crédit à la Ligue arabe ou à la « tactique connue » des Syriens, n’en devient que plus lourd de sens ; à l’aune, surtout, de ses craintes de voir la libération du Liban...