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Chirac et Aoun présentent leurs condoléances à Nazek Hariri, avenue d’Iéna, à paris La france réclame une enquête internationale et rend hommage à celui qui « incarnait la volonté d’indépendance »

PARIS, d’Élie MASBOUNGI À peine la nouvelle de l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri était-elle connue à Paris que le président Jacques Chirac s’est rendu avenue d’Iéna pour présenter ses condoléances à Nazek Hariri, épouse de l’ancien Premier ministre. Le chef de l’État français, qui était accompagné de Mme Bernadette Chirac, a pu, après les condoléances d’usage, avoir un bref tête-à-tête avec la veuve de l’ex-chef de gouvernement. Le couple présidentiel a croisé en quittant les lieux le général Michel Aoun qui avait lui aussi tenu à présenter personnellement ses condoléances à Nazek Hariri avant qu’elle ne s’embarque pour Beyrouth à bord de son avion qui l’attendait à l’aéroport du Bourget. Commentant l’attentat, le palais de l’Élysée a rendu public un communiqué demandant « qu’une enquête internationale soit conduite sans délai pour déterminer les circonstances et les responsabilités de cette tragédie, afin d’en punir les coupables. » « La France, poursuit le communiqué, comme la communauté internationale, en suivra le déroulement avec vigilance. L’attentat qui a coûté la vie à l’ancien président du Conseil des ministres, M. Rafic Hariri, suscite l’horreur et la réprobation. La France condamne ce crime avec la plus grande fermeté. Le président de la République exprime ses très sincères condoléances à la famille de M. Hariri, à son épouse, à ses enfants dans cette terrible épreuve. La France rend hommage à celui qui incarnait la volonté indéfectible d’indépendance, de liberté et de démocratie du Liban. » De son côté, M. Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères, a déclaré à 16h30, à l’issue d’un entretien qu’il a eu avec son homologue israélien M. Sylvan Shalom : « J’exprime mon indignation et mon horreur devant cet attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri qui était un homme très important pour le Liban. » Après avoir présenté ses condoléances à la famille de M. Hariri, le chef de la diplomatie française a repris le thème du communiqué de l’Élysée, insistant notamment sur la nécessité d’ouvrir une enquête internationale pour déterminer les responsabilités de cette tragédie, affirmant que la France et la communauté internationale suivront le déroulement de cette enquête avec vigilance. « Ce qui est visé, a notamment déclaré M. Barnier, c’est probablement le processus politique et démocratique dans ce pays. » De son côté, le ministre israélien des AE a déclaré : « Ceux qui s’opposent (à l’avènement de la démocratie au Liban) ont réussi aujourd’hui à assassiner l’un des leaders les plus importants au Liban. » Parlant de terrorisme, M. Shalom a qualifié l’assassinat « d’exemple choquant ». Depuis lundi midi, la plupart des chaînes de télévision et des radios françaises ont transmis en direct par l’image et le son le déroulement des événements concernant l’attentat, diffusant de nombreux commentaires de personnalités françaises et étrangères ainsi que des commentaires émanant de spécialistes des affaires libanaises. L’attentat de Beyrouth était bien entendu durant toute la journée à la une des chaînes françaises, européennes et internationales. Les réactions Au plan des réactions politiques, le général Michel Aoun a retenu, dans une déclaration à la presse, « la responsabilité directe et indirecte de l’État libanais et de ses maîtres syriens ». Dans un communiqué de presse, le général Aoun rappelle que plus de dix attentats de ce même genre ont eu lieu au Liban sans que l’on en connaisse jusqu’ici les responsables. « De deux choses l’une, souligne le communiqué, ou bien on connaît les coupables et l’État a passé tout cela sous silence ou l’État et ses maîtres à Damas sont complices de ces crimes. L’État poursuit les universitaires et les étudiants pacifiques alors que les criminels courent toujours et s’en donnent à cœur joie. Ceux qui prétendent maintenir l’ordre sont ceux-là mêmes qui attisent le feu. » Et le général Aoun d’ajouter : « Il est regrettable que la Syrie, qui depuis trente ans prétend aider le Liban, maintienne notre pays au point zéro, comme le jour où elle a prétexté vouloir maintenir l’ordre au Liban. La Syrie œuvre en vue de rester au Liban, mais il est aujourd’hui inévitable que les résolutions internationales soient appliquées et que les troupes syriennes quittent le Liban conformément à ces résolutions et aux demandes des Libanais. Je rends hommage aux martyrs qui sont tombés aujourd’hui à Beyrouth payant de leur vie la défense du Liban libre, souverain et indépendant. » Par ailleurs, dans une déclaration à l’AFP, le général Aoun a déclaré : « Ils (les Syriens) sont responsables. Ce sont eux qui tiennent la sécurité et les services de renseignements (à Beyrouth). Nous nous sommes habitués depuis près de 30 ans, pendant l’époque syrienne, à une série de crimes dont aucun n’a été dévoilé », a ajouté Michel Aoun en citant pêle-mêle les attentats contre Kamal Joumblatt, cheikh Hassan Khaled, l’ancien ambassadeur de France Louis Delamare et les anciens présidents Béchir Gemayel et René Moawad. Le général Aoun a indiqué qu’il soutenait la démarche de la France qui a demandé une enquête internationale. « Cela, a-t-il dit, pourrait nous aider à éviter que le Liban devienne un abattoir d’hommes politiques. » Le général a affirmé qu’il avait toujours l’intention de revenir, « avant la mi-avril », dans son pays, ajoutant que « le crime d’aujourd’hui pourrait accélérer mon retour ». « Nous n’avons pas la possibilité, dans les circonstances actuelles, de faire des élections », a-t-il dit, en espérant que l’attentat de lundi « accélère le départ des Syriens. S’ils sont capables d’éliminer des responsables politiques, ils sont capables d’influencer les résultats des élections. Les Syriens doivent être tenus en laisse ». Au plan français, Hervé de Charette, ancien ministre des Affaires étrangères, secrétaire national aux Affaires internationales de l’UMP, a affirmé que « la France perd un ami et le Liban un chef d’État ». « Nous souhaitons que toute la transparence soit faite sur les circonstances de ce drame », a dit dans un communiqué M. de Charette, qui ajoute que l’UMP « soutient sans réserve » la demande d’enquête internationale faite par l’Élysée. Le sénateur Adrien Gouteyron, président du groupe interparlementaire France-Liban, a exprimé « sa très vive émotion » et « sa profonde indignation, ainsi que celle de l’ensemble des membres du groupe interparlementaire ». « Cet attentat odieux intervient dans un contexte libanais particulièrement délicat à la veille des prochaines élections législatives », souligne le sénateur UMP de la Haute-Loire dans un communiqué. Le Parti communiste (PCF) a condamné « avec la plus grande énergie ce crime, ses auteurs et leurs motivations cyniques. Ils visent manifestement à déstabiliser davantage une région où le niveau de tension et de confrontations est déjà particulièrement élevé ». « Plus que jamais le Liban a besoin de sécurité, de souveraineté et de coopération pour sa reconstruction », ajoute le PCF dans son communiqué. Le PS : Priver le Liban de toute autonomie Le Parti socialiste s’est alarmé de son côté de la « stratégie de la tension » dont témoigne, selon lui, l’attentat. Dans un communiqué, le secrétariat international du PS, dirigé par l’ex-ministre des Affaires européennes, Pierre Moscovici, « tient à exprimer à la fois sa profonde indignation et sa plus vive inquiétude face à l’attentat ». « Venant après la prolongation imposée du mandat du président de la République (Émile Lahoud), et l’attentat contre l’ancien ministre Marwan Hamadé, ce crime s’inscrit dans une stratégie de la tension, visant à priver le Liban de toute autonomie politique et à faire taire les voix, sans cesse plus nombreuses, qui réclament pour leur pays une indépendance effective », déclare le PS. « Les inspirateurs de cette politique sanglante et suicidaire doivent être dénoncés par l’ensemble de la communauté internationale », ajoute le PS, qui « assure plus que jamais de sa solidarité tous les Libanais qui luttent pour la démocratie dans leur pays ».
PARIS, d’Élie MASBOUNGI

À peine la nouvelle de l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri était-elle connue à Paris que le président Jacques Chirac s’est rendu avenue d’Iéna pour présenter ses condoléances à Nazek Hariri, épouse de l’ancien Premier ministre. Le chef de l’État français, qui était accompagné de Mme Bernadette Chirac, a pu, après les condoléances...