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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Conseil des ministres décrète un deuil national de trois jours et défère le dossier de l’attentat devant la Cour de justice Lahoud dénonce « le crime abject » et veut organiser un congrès national (photo)

Un seul sujet était hier à l’ordre du jour de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres, qui s’est tenue au palais de Baabda, pour la première fois depuis l’accession du président Émile Lahoud au pouvoir : l’assassinat de l’ancien chef de gouvernement, Rafic Hariri. Le gouvernement a décidé de déférer le dossier devant la Cour de justice, de décréter un deuil officiel de trois jours et d’organiser des funérailles nationales à l’ancien Premier ministre. Plus important encore, le chef de l’État a décidé d’organiser dans un proche avenir un congrès national et d’entamer sans tarder les contacts nécessaires à cette fin, au moment où l’opposition faisait sans ambages assumer aux autorités la responsabilité de l’odieux attentat qui a coûté la vie à Hariri. Dans la salle qui était réservée aux Conseils des ministres, sous le mandat Hraoui, deux réunions consécutives se sont tenues, sous la présidence du général Lahoud. La première, celle du Conseil supérieur de la défense, a été consacrée à l’examen des mesures urgentes à proposer au Conseil des ministres. Elle s’est déroulée en présence du chef du gouvernement, Omar Karamé, du vice-président du Conseil, Issam Farès, des ministres de la Défense, Abdel Rahim Mrad, des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, des Finances, Élias Saba, de l’Intérieur, Sleimane Frangié, de l’Économie, Adnane Kassar, et du secrétaire général de cet organisme, le général Saïd Eid. Trois quarts d’heure plus tard, le commandant en chef de l’armée, les directeurs de la Sûreté générale, de la sécurité de l’État, des FSI et des services de renseignements de l’armée, les généraux Michel Sleiman, Jamil el-Sayyed, Édouard Mansour, Ali Hajj et Raymond Azar, les ont rejoints. Les résolutions du Conseil supérieur de la défense Les résolutions du Conseil supérieur de la défense ont été annoncées par le général Eid. Elles sont au nombre de trois : – Deuil officiel de trois jours. Fermeture des institutions et administrations, publiques et privées, à l’exception des institutions sécuritaires ou militaires, du 15 au 17 février compris. Deuil et fermeture également durant la journée fixée pour les funérailles, si elle déborde cette période. – Funérailles nationales, organisées par un comité spécial en coordination avec la famille du martyr. – Demander à l’armée, en coordination avec les Forces de sécurité intérieure, la Sûreté générale et la Sûreté de l’État, de prendre toutes les mesures nécessaires pour garder la situation sécuritaire, dans tous ses volets, sous contrôle. Le général Eid a en outre précisé qu’à l’ouverture de la réunion, le chef de l’État a fait part au peuple libanais « avec une extrême douleur, un immense chagrin, de la perte du président martyr Rafic Hariri, assassiné par le crime et par la trahison ». Le président a condamné sévèrement l’attentat, qu’il considère comme une tentative de semer la discorde. Il a estimé que « ce crime abject montre jusqu’où va la rancune qui anime, contre ce pays, les mains du mal. Haine qui ne fait pas de distinction, son unique objectif étant de briser la paix civile et la stabilité ». Il a souligné que l’assassinat du président Hariri « est une marque noire dans notre histoire nationale, sur laquelle le président martyr avait apposé une empreinte toute d’honneur. Contribuant de manière considérable à effacer les traces de la guerre, à susciter une renaissance économique, reconstructrice et de développement, en y faisant participer la communauté internationale ». Le président Lahoud a ajouté que « le président Hariri est un martyr pour la nation entière. Il déployait une présence influente sur la scène internationale comme sur la scène intérieure. Il a joué un rôle d’une importance extrême dans la politique libanaise. Il a participé avec force à la dynamisation de la vie démocratique au Liban, que cela soit à travers son mandat de député membre du Parlement ou à travers ses responsabilités de chef de gouvernement ». Le président Lahoud a ensuite certifié, en substance, que « ce crime n’arrêtera pas la marche de paix que le Liban a décidé de suivre. Ses auteurs rendront compte devant la justice libanaise, à hauteur de la dimension de leur crime ». Il a appelé les Libanais « à davantage d’union et de solidarité face aux complots qui se trament contre eux. Ils doivent prouver, comme ils l’ont fait en des circonstances précédentes, qu’ils ne renoncent pas à leur but de faire du Liban, comme ils le veulent, un havre de paix exempt de mal ». Il a pressé toutes les parties « aux degrés les plus élevés de vigilance, de lucidité, de patience et de discipline, pour déjouer toute tentative d’exploiter cette tragédie qui porterait atteinte à la sécurité comme à la stabilité de la patrie ». Le chef de l’État a conclu en présentant ses condoléances personnelles les plus émues, ainsi qu’au nom du peuple comme de l’État libanais, à la famille du grand disparu, priant le Tout-Puissant de lui accorder sa miséricorde. Les résolutions du Conseil supérieur de la défense ont été toutes entérinées par le Conseil des ministres, qui a en outre décidé de déférer le dossier devant la Cour de justice. Des contacts officiels avec les pôles politiques et religieux Après une minute de silence observée à la mémoire de Rafic Hariri et des personnes qui ont péri avec lui, le gouvernement a passé en revue les informations relatives à l’ignoble attentat, selon les précisions fournies à la presse par le ministre de l’Information, Élie Ferzli. Il a formé une commission ministérielle composée de MM. Issam Farès, Yassine Jaber, Karam Karam, Adnane Kassar et Ibrahim Daher, dont la mission est d’organiser les obsèques en coordination avec le famille du défunt. M. Ferzli a ensuite indiqué qu’au terme des délibérations, « il a été décidé que le chef de l’État effectuera des contacts avec tous les pôles politiques et religieux du pays, toutes tendances confondues, afin de confirmer la solidarité nationale face au complot ourdi contre le pays, dont l’odieux crime (contre l’ancien chef du gouvernement) n’est qu’un aspect. Le ministre a en outre fait état d’une « unanimité gouvernementale autour du principe selon lequel la période actuelle impose aux Libanais de faire preuve d’un maximum de solidarité et d’unité afin de faire échec aux tentatives visant à semer la discorde et à porter un coup aux réalisations nationales, principalement à la stabilité sécuritaire, à la réalisation de laquelle le président martyr avait contribué ». Toujours selon M. Ferzli, le Conseil des ministres a mis en garde contre certains discours avant d’appeler les médias à « se tenir à l’écart de tout ce qui peut contribuer à semer la discorde dans le pays ». Répondant ensuite aux questions de la presse, le ministre de l’Information a indiqué que la vidéocassette dans laquelle un fondamentaliste revendique l’attentat contre l’ancien chef du gouvernement a été remise aux autorités concernées pour qu’elles l’examinent. Il a indirectement rejeté une enquête internationale sur l’assassinat de Hariri, affirmant que le Liban réagira favorablement à toute tentative qui sera menée pour lui fournir des informations susceptibles de l’aider à faire la lumière sur cette affaire. Au terme du Conseil des ministres, la commission ministérielle a tenu une réunion au cours de laquelle des contacts ont été effectués avec la famille de l’ancien chef de gouvernement pour s’entendre avec elle sur les préparatifs des obsèques.
Un seul sujet était hier à l’ordre du jour de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres, qui s’est tenue au palais de Baabda, pour la première fois depuis l’accession du président Émile Lahoud au pouvoir : l’assassinat de l’ancien chef de gouvernement, Rafic Hariri. Le gouvernement a décidé de déférer le dossier devant la Cour de justice, de décréter un deuil...