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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Autrice, éditrice et directrice de la Bibliothèque nationale d’Espagne Rosa Regas: «La lecture est la gymnastique des méninges» (Photo)

Elle s’est réveillée le jour de ses cinquante ans avec une pensée obsédante en tête: «J’ai eu beaucoup d’enfants, j’ai planté beaucoup d’arbres mais, à ce rythme-là, je vais mourir sans avoir écrit un livre». C’était en 1983. Six ans plus tard, Rosa Regas publiait son premier roman. En 1994, elle reçoit le prix Nadal pour son second roman, intitulé Azul. En 2001, elle obtient le Premio Planeta, la récompense littéraire la plus prestigieuse en Espagne pour La Cancion de Dorotea. Lors de la remise du prix (un demi-million d’euros), elle a avoué dans son discours qu’il lui était difficile de traduire ses émotions en paroles mais qu’elle était ravie, car avec cette récompense elle aura un plus grand lectorat et lui permettra surtout d’acquérir une chose tant convoitée: le temps. Aujourd’hui, elle consacre une grande partie de ce temps à donner un coup de jeune à la Bibliothèque nationale d’Espagne, dont elle est la directrice depuis mai 2004. Loin de se reposer sur ses lauriers, Rosa Regas entreprend diverses activités en parallèle. Rencontre avec une femme à l’énergie tellement débordante, aux activités multiples, que les êtres normalement constitués paraissent en comparaison comme des fainéants d’un sultan des Mille et une Nuits. À Beyrouth pour deux jours, à l’invitation de l’Instituto Cervantes, elle a donné hier une conférence sur les bienfaits de la lecture. Cheveux tout feu tout flamme; regard (derrière les verres bleus) déterminé et poignée de main ferme. Sur le revers de son veston, un pin’s portant l’inscription «No Guerra». «Oui, je suis contre la guerre de monsieur Bush.» Pourquoi? «Parce que je le déteste.» C’est personnel alors? Elle rigole. Puis reprend, avec sérieux cette fois: «Il base ses actions sur le mensonge. Je ne crois pas en sa démocratie. De plus, je suis contre les guerres préventives, elles sont injustes… Elles génèrent des morts et de la désolation inutiles. Sauf à enrichir les empires qui les mènent. C’est une honte pour le peuple américain d’avoir un président comme lui.» Elle prône la diplomatie et la morale. Et elle milite. «Militer n’est peut-être pas le mot, objecte-elle. Il y a beaucoup de choses auxquelles je suis intéressée. Le compromis politique et social, le compromis littéraire, le compromis familial et même le compromis du bonheur. Je ne milite pas. J’essaie de convaincre les gens de choses auxquelles je crois et que je défends. Que la guerre n’est pas la solution; que la lecture est une des choses les plus belles qui soient données à l’homme parce qu’à travers elle, on peut devenir créateur. En recréant le monde que l’auteur, le lecteur développe ses facultés mentales comme la mémoire, la fantaisie, l’imagination.» Cette gymnastique des méninges renforce le mental et l’intelligence. Avec cinq enfants, quatorze petits-enfants et une arrière-petite-fille, plusieurs ouvrages et un bon nombre d’articles à son actif, une carrière dans l’édition et une autre dans la traduction aux Nations unies, ancienne directrice d’un centre culturel à Madrid et aujourd’hui à la tête d’une institution prestigieuse, Rosa Regas peut enfin se réveiller, à l’aube de ses 72 ans, avec le sentiment réconfortant d’avoir accompli quelque chose. Maya GHANDOUR HERT
Elle s’est réveillée le jour de ses cinquante ans avec une pensée obsédante en tête: «J’ai eu beaucoup d’enfants, j’ai planté beaucoup d’arbres mais, à ce rythme-là, je vais mourir sans avoir écrit un livre». C’était en 1983. Six ans plus tard, Rosa Regas publiait son premier roman. En 1994, elle reçoit le prix Nadal pour son second roman, intitulé Azul. En 2001, elle...