Pour l’Autorité palestinienne, le comportement du parti de Dieu risque de « torpiller la trêve » Un émissaire de Abbas demanderait au Hezbollah de ne plus financer les attaques anti-israéliennes

Selon des sources politiques et sécuritaires palestiniennes à Ramallah, citées par l’AFP, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a dépêché lundi soir un émissaire au Liban pour demander aux responsables du Hezbollah d’arrêter de financer les attaques contre Israël. Cet émissaire, Abdel-Fattah Hmayel, avait été reçu mardi par le chef de l’État, Émile Lahoud, à qui il a remis un message du président Abbas. Il a été aussi reçu par le Premier ministre, Omar Karamé. « Le président Abbas a dépêché au Liban (l’ancien ministre) Abdel-Fattah Hmayel pour presser le Hezbollah d’arrêter le financement des groupes armés palestiniens afin de donner une chance à l’application du cessez-le-feu », ont indiqué ces sources, en faisant référence à la fin des violences proclamée solennellement mardi à Charm el-Cheikh à l’issue d’un sommet israélo-palestinien. Soulignant que le président palestinien « essaie de résoudre tous les problèmes par le dialogue », ces sources indiquent qu’Abou Mazen « essayera de convaincre (les responsables du Hezbollah) que ce qu’ils font n’est pas bénéfique » et il leur demandera « d’arrêter pour voir ce qui va se passer ». Signalons qu’un autre dirigeant palestinien, Abbas Zaki, membre du comité central du Fateh, est attendu la semaine prochaine au Liban. « Le Hezbollah essaie d’augmenter les attaques par le biais de tous les groupes, non seulement islamistes, mais aussi (les Brigades des martyrs d’)al-Aqsa et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), dans le but de torpiller la trêve », a précisé en outre une source sécuritaire palestinienne sous le couvert de l’anonymat. Un représentant de ces Brigades, Abou Kassaï, a démenti quant à lui tout lien organique avec le parti de Dieu : « Nous respectons le Hezbollah, mais la résistance palestinienne est capable de mener seule sa lutte et de se soutenir elle-même. » En tout état de cause, le parti de Dieu a affirmé hier ne pas être au courant de l’envoi d’un émissaire palestinien chargé de rencontrer ses dirigeants afin de leur demander de mettre un terme au financement des attaques contre Israël. « Nous n’avons aucune information sur des contacts entre la direction du Hezbollah et un responsable de l’Autorité palestinienne », a indiqué dans un communiqué le responsable de l’information du mouvement, Mohammed Afif. Une affirmation corroborée par un responsable palestinien cité par l’AFP sous le couvert de l’anonymat : « À moins d’un changement de programme de dernière minute, nous ne pensons pas que l’ancien ministre Hmayel entend rencontrer des dirigeants du Hezbollah durant sa visite de quatre ou cinq jours », a-t-il dit. Quant à Israël, il a, à de nombreuses reprises, accusé le Hezbollah de financer les attaques anti-israéliennes. « Je peux vous dire que le Hezbollah est très actif dans ce domaine, nous savons qu’ils ont doublé le prix qu’ils payent pour une attaque en Israël », avait affirmé mardi sur CNN le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner. Un responsable palestinien cité par Reuters a fait état, pour sa part, de transactions bancaires et de e-mails interceptés prouvant que le Hezbollah offrait des sommes croissantes aux activistes palestiniens pour commettre des attentats-suicide. « Désormais, ils sont prêts à payer 100 000 dollars pour l’ensemble d’une opération, alors qu’avant ils payaient 20 000, puis 50 000 dollars », a-t-il précisé. Et selon les dirigeants palestiniens, l’argent du Hezbollah parvient à ses destinataires dans les territoires occupés via des parents et proches des bénéficiaires vivant dans les camps de réfugiés au Liban.