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Actualités - ANALYSE

L’opposition s’en tient à l’option du caza Hariri essaierait, malgré tout, de modifier le découpage de Beyrouth

Dans le duel plutôt féroce qui oppose actuellement les loyalistes et les opposants, le dossier-clé reste la future loi électorale. Et selon des sources dans les deux camps, l’examen de ce projet au Parlement constituera un enjeu vital pour les parties en présence. Les loyalistes considèrent ainsi avoir fait une grande concession en adoptant un projet qui retient le caza comme circonscription électorale. Après s’être toutefois assurés que, quelle que soit la formule adoptée, ils conserveront une majorité sinon confortable, du moins réelle, au Parlement. Mais la bombe à retardement du projet était le découpage de Beyrouth qui ne convient nullement à l’ancien président du Conseil, Rafic Hariri, qui en est d’ailleurs la principale cible. Et malgré la détermination déclarée de ce dernier à se présenter dans la deuxième circonscription de Beyrouth, (« la plus difficile », selon lui), il déploierait, selon les loyalistes, d’énormes efforts pour tenter de modifier ce découpage lors de l’examen du projet par le Parlement. Selon les loyalistes, Hariri aurait réussi, dans un premier temps, à pousser l’opposition plurielle à se rallier à sa position, en critiquant ouvertement le projet du gouvernement, alors que celui-ci avait essentiellement répondu aux revendications de la majorité de l’opposition, au détriment d’alliés importants, comme le président de la Chambre, Nabih Berry. Ces critiques auraient d’ailleurs connu leur apogée lors de la réunion dite du « Bristol 3 », lorsque le leader du PSP, qui se déclare ouvertement l’allié indéfectible de Hariri, a poussé les participants à des positions plus radicales qu’à l’accoutumée. La tension avait atteint un tel degré que le ministre de l’Intérieur, Sleimane Frangié, a dû rappeler que ce projet a été essentiellement conçu pour satisfaire l’opposition, notamment le patriarche maronite. Si l’opposition n’en veut pas, les loyalistes préféreront revenir à un autre découpage, qui leur serait plus favorable. Ce serait d’ailleurs ce qui aurait poussé le patriarche maronite, Mgr Sfeir, à rappeler dans son homélie de dimanche que le caza assure une meilleure représentativité. L’idée était donc de pousser l’opposition à ne pas brader cet acquis et à éviter de se lancer dans une bataille aventureuse dont l’issue pourrait permettre une redistribution des cartes qui ne serait pas à son avantage. Des personnalités de l’opposition auraient d’ailleurs été sensibles à cette argumentation, ne voyant pas la nécessité de s’opposer au découpage électoral proposé par le gouvernement dans le but d’appuyer Hariri, qui ne se déclare même pas ouvertement comme membre de l’opposition. À ce sujet, certaines sources soulignent que Hariri doit tenir compte de données qui dépassent le Liban, en raison de ses connexions régionales. S’il officialisait sa position d’opposant, cela pourrait être interprété comme l’expression d’un appui saoudien à la demande du retrait syrien, voire d’un désaveu saoudien de l’accord de Taëf que le royaume wahhabite avait parrainé. Message reçu Quoi qu’il en soit, l’opposition a parfaitement saisi le message qui lui a été adressé. Et, lors de la séance des commissions parlementaires mardi, il était pratiquement clair que le projet du gouvernement ne faisait plus l’objet de violentes critiques de la part d’une grande partie des opposants, notamment sur le plan du découpage prévu. Toutefois, selon des sources proches du rassemblement de Aïn el-Tiné, Hariri n’aurait pas dit son dernier mot et essaierait encore de modifier le découpage actuel. Selon les mêmes sources, il aurait sollicité le président de la Chambre qui en aurait touché un mot au président de la République lors de leur rencontre hebdomadaire. Mais la réponse aurait été très claire : la balle est désormais dans le camp du Parlement et c’est à lui que reviendra le choix final du découpage électoral. Depuis, tout se jouerait donc dans les coulisses du Parlement. Et, toujours selon les loyalistes, la majorité des députés devrait en définitive adopter le projet du gouvernement sans modifications majeures, au moins sur le plan du découpage. Même si certaines voix opposantes affirment qu’elles continueront à appuyer la demande de Hariri de changer le découpage de Beyrouth. De son côté, le camp « des exclus des listes Hariri » se prépare à la bataille. Le député Bassem Yamout, élu en 2000 sur la liste Hariri, a ainsi annoncé son intention de se présenter dans la « circonscription difficile », celle où Hariri affirme vouloir être candidat. Et le député Adnane Arakji pourrait suivre son exemple. Feront-ils le poids, même avec d’autres alliances, face à Hariri, dont les équipes sont déjà sur le terrain ? Sans doute pas. Mais ces démarches donnent une idée de l’ampleur de la bataille qui s’annonce à Beyrouth. Sur fond de pressions internationales, la France et les États-Unis revenant constamment à la charge pour réclamer des élections équitables et transparentes. La partie est serrée, mais il n’est pas dit que, quelle que soit la partie qui l’emportera, le Liban en sortira grandi. Scarlett HADDAD

Dans le duel plutôt féroce qui oppose actuellement les loyalistes et les opposants, le dossier-clé reste la future loi électorale. Et selon des sources dans les deux camps, l’examen de ce projet au Parlement constituera un enjeu vital pour les parties en présence. Les loyalistes considèrent ainsi avoir fait une grande concession en adoptant un projet qui retient le caza comme...